Faut-il courir le Vendée Globe pour se rendre compte que l'on est amoureux ?

Alan Roura sur la Fabrique © Alan Roura

Alan Roura est le plus jeune candidat de ce 8e Vendée Globe et cette course autour du monde est l'occasion de pas mal de remises en question. Isolés de tout, les marins pensent à leur vie et Alan Roura pense à celle qui fait vibrer son coeur... Une magnifique déclaration d'amour qui réchauffe les coeurs sur cette course autour du monde "virile" et tellement difficile...

Le Vendée Globe n'est pas qu'une histoire de course, de compétition, de vitesse, d'avaries ou de tempêtes... Car pendant de longues semaines, les skippers se retrouvent seuls, livrés à eux-mêmes et avec tout le temps nécessaire pour laisser leur esprit divaguer... C'est d'ailleurs le cas du jeune Alan Roura, qui a 23 ans s'est lancé dans son premier Vendée Globe à bord de son monocoque IMOCA La Fabrique.

Ce 13 décembre 2016, il en a profité pour livrer un message du bord pas comme les autres... Un message d'amour et de promesses à celle qui fait vibrer son cœur depuis maintenant 3 ans... Car, il est vrai, le quotidien d'un skipper professionnel n'est pas de tout repos pour sa famille, mais ces moments de solitudes sont aussi des moments d'importantes remises en question. Des instants où l'isolation permet de se rendre compte des valeurs qui sont chères à chacun, mais aussi de "changer", de devenir "un homme, un vrai." Dans le cas d'Alan Roura, la "chose" la plus importante dans sa vie c'est "elle" et il tient à le lui dire !

Et puisqu'un peu de douceur sur cet océan déchainé ne fait pas de mal, voici une belle déclaration d'amour d'un marin à sa femme restée à terre...

Message du bord du 13 décembre d'Alan Roura, à bord de La Fabrique

"Nous sommes le 13 décembre, une date comme une autre pour vous, mais pas pour moi. Je vais laisser parler mon cœur aujourd'hui et parler peut-être moins de l'état de la mer et de la dépression qui nous arrive dessus.

À cette même date, il y a trois ans, je venais d'arriver à Pointe-à-Pitre, après avoir franchi la ligne d'arrivée de la Mini Transat 2013. Et j'y débutais une histoire d'amour. Je sais que beaucoup de gens lisent mes mots du bord et suivent mon parcours avec beaucoup d'intérêt.
Sur l'eau, on est seul, loin du monde, on a le temps de se poser les bonnes questions. Sur nos envies, sur notre vie, la manière de mener sa barque. Et surtout, avec qui on a envie de partager tout ça.

Je n'ai pas toujours été le meilleur avec elle, je n'ai pas été le plus attentif ni le plus respectueux. Je n'ai pas toujours su être un homme, dans beaucoup de situations. Mais depuis mon départ, comme chaque jour depuis 3 ans maintenant, elle est dans ma tête, j'en suis amoureux, comme au premier jour où je l'ai rencontrée. Elle a été là dans les bons comme dans les mauvais moments, a su me supporter dans mes projets, mais aussi dans mes échecs. Si je suis ici aujourd'hui, dans le grand Sud, prêt à affronter une sacrée belle tempête, c'est en grande partie grâce à ce petit bout de femme qui a su gérer un tel projet. Et me gérer moi. En sachant faire la part des choses entre le travail et notre relation.

Il n'y a pas une journée où je ne pense pas à elle, ça me motive pour aller plus vite, pour naviguer le plus proprement possible, et vite rentrer la retrouver. J'aimerais que l'on se construise ensemble, que chaque jour ensemble soit une nouvelle aventure. Il y a une phrase qui dit : "Derrière chaque grand homme se trouve une femme". Je ne suis pas un grand homme, j'apprends à en être un, mais ce qui est sûr, c'est que sans elle, je ne serai pas celui que je suis aujourd'hui.

Je voulais vous parler de cette personne, car un marin solitaire pense beaucoup, se met dans des situations compliquées par moments et on en vient souvent à se poser des questions sur la suite de notre vie. Alors je ne sais pas si la course au large continuera pour moi, ça ne tiendra pas qu'à moi, mais ce qui est sûr et longuement réfléchi, c'est que je ne vois pas un jour de ma vie sans elle, je veux tout avec elle. Et je veux que le monde entier le sache.

Je suis triste de ne pas être près d'elle aujourd'hui, mais ma place est ici. Elle m'a connu sur l'eau avec une barbe, déjà, alors que je venais de réaliser un premier rêve et me voilà aujourd'hui avec le plus gros des défis ! Faire un Vendée Globe, ce n'est pas qu'une course au large, c'est chaque jour plus dur moralement : tu es plus fatigué, éloigné des gens que tu aimes, avec le froid, ton corps qui commence à te faire comprendre que tu le maltraites chaque jour davantage. Mais je sais que j'ai changé ici et qu'à mon retour, je ne serai plus le même. Je serai un homme, un vrai et j'ai trouvé beaucoup de réponses ici. Que je n'aurais peut-être jamais trouvé à terre.

Je sais que ça ne ressemble pas à un message de bord normal, mais j'avais besoin de dire ce que j'avais sur le cœur, besoin de dire au monde que cette fille je l'aime et ne laisserai plus rien nous séparer. Et si j'ai beau changer ici, je reste moi-même et aujourd'hui j'avais envie de vous parler d'amour. Réaliser un rêve c'est absolument magique, mais ça l'est encore plus quand on a quelqu'un avec qui le partager.

Si j'écris tout ça, c'est pour que vous compreniez mieux mon histoire et que le Vendée n'est pas qu'une course, c'est aussi une école de la vie. Qui nous fait grandir à grands pas !"

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