Femme à bord, une vieille superstition toujours actuelle ?

Chez Bateaux.com, on n'est pas supersticieux © Bateaux.com

Les marins ont eu de nombreuses superstitions, parmi lesquelles, celle de la femme à bord qui porte malheur. Alors pourquoi autant de véhémences auprès du sexe féminin ? Est-ce toujours d'actualité ? Analyse…

À l'époque, les navires ne permettaient pas des traversées aussi rapides qu'aujourd'hui. Ce qui obligeait les marins à passer de longs mois en mer, dans un espace confiné et restreint, loin des leurs, et notamment de leurs femmes. Pour éviter toutes frustration physique et sentimentale et autres tensions, les femmes étaient donc interdites à bord, sous prétexte de porter malheur. Elles attisaient les convoitises, les jalousies, les passions et les tentatives de viol, tout en semant la zizanie entre les membres d'équipage.

S'il venait à arriver qu'une femme puisse se trouver à bord – uniquement en tant que passagère — alors celle-ci était responsable de tous les malheurs qui se passaient à bord et pouvait être malmenée.

Pour pallier à tous ces désagréments, on laissa penser que les femmes à bord portaient malheur. Ainsi, on ne cherchait plus à embarquer de passagères. La superstition a d'ailleurs tenu bon jusqu'au XVIIIe siècle.

Des femmes navigatrices

Pourtant, il s'avère que selon le site pirates-corsaires.com, certaines femmes furent capitaines de navire. Même s'il fut difficile pour elles de se faire accepter, certaines ont néanmoins marqué l'histoire par leurs actes héroïques et violents, comme Anne Bonny (née Cormac), et Mary Read, les deux plus connues.

Anne Bonny et Jeannea Barret

De la même manière, Jeanne Barret, fut la première femme à faire le tour du monde, déguisé en matelot et empruntant le nom de "Jean Baré". Compagne du botaniste Philibert Commerson, elle se fait passer pour son valet et embarque pour une expédition dirigée par Louis-Antoine de Bougainville en 1766.

Une situation en évolution

Désormais, la situation n'est plus d'actualité et d'ailleurs, la marine compte de plus en plus de femmes à bord. On trouve d'ailleurs de nombreuses femmes qui naviguent, notamment dans le milieu professionnel de la course au large. Néanmoins, dans certains milieux professionnels comme la pêche, certains équipages refusent encore d'avoir une femme à bord.

Florence Arthaud sur la Route du Rhum

Le monde de la course au large

Dans le monde de la course au large, on trouve des femmes qui ont marqué l'histoire par leurs exploits. Ainsi, tout le monde connait Florence Arthaud, Ellen Mc Arthur, Anne Caseneuve ou encore Samantha Davies.

Pour autant, même si elles font leurs preuves en solitaire ou sur des équipages féminins, elles ont encore du mal à trouver leurs places dans un équipage mixte. Un article du monde daté de 2012 met en lumière les disparités entre hommes et femmes. "Pouvoir vivre à bord d'un bateau, pendant quinze jours, trois semaines ou un mois dans un petit espace, ça peut être plus compliqué pour un équipage mixte, en raison de la promiscuité", explique Armel Le Cléac'h (Banque Populaire). Des propos corrélés par Franck Cammas, qui n'a fait équipe qu'avec des hommes sur la Volvo Ocean Race "parce que les femmes manquent de force physique. C'est comme si on demandait pourquoi il n'y a pas de femme en équipe de France de rugby. C'est une évidence. On recherche des gabarits puissants".

Toujours dans le quotidien, la navigatrice sur le Figaro Banque Populaire Jeanne Grégoire explique qu'elle a dû renoncer à la course en équipage lorsqu'elle a débuté dans le métier. "À mes débuts, je me suis dit que naviguer en solitaire, c'était le seul moyen pour moi de m'assurer une place à bord... ou alors il fallait faire de l'équipage féminin. Et cela n'a pas changé. Heureusement, j'ai rencontré des équipages masculins plus accueillants, mais il en existe très peu. Les raisons sont toujours les mêmes : le poids, à niveau égal un homme apporte forcément un avantage physique, la vie en promiscuité lors d'une course au large... Mais si vous demandez à tous les skippers connus si ça les embêterait d'embarquer une fille, ils vous diront que non... Mais le feront-ils ?"

Même si les femmes ne portent plus malheur aujourd'hui, elles sont encore rares dans le petit monde du nautisme. Une nouvelle règle de la Volvo Ocean Race vise d'ailleurs à féminiser les équipages en imposant des quotas…

Alors qu'en pensez-vous ? Les femmes à bord sont-elles les bienvenues ? Qu'apportent-elles ? N'hésitez pas à nous faire partager votre avis.

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Laurent Lavallet
Laurent Lavallet
Et vive les superstitions en tout genre. Pour la petite histoire, Georges Meffre a débuté son premier tour du monde avec le lapin de sa fille à bord. Quand on connait son palmarès, ça laisse à réfléchir.
Anne Roux-colonne
Anne Roux-colonne
Mon père naviguait avec ses 6 filles et sa femme....la bonne école quoi ! Il était très envié ! Nous on navigue avec souvent plus de femmes que d'hommes à bord, efficace et tellement bon à table et pour l'ordre du bateau !
Jacques Seaume
Jacques Seaume
Moi, je suis pour cette tradition! Ainsi, je navigue sans avoir ma femme sur le dos...
Katell Les tutos de la croisiere
Katell Les tutos de la croisiere
Ça me fait doucement rigoler cette histoire de force physique. Comment ont fait les femmes qui ont couru le Vendée Globe ou "simplement" la Route du Rhum? Cela fait quelques décennies que l'on sait très bien démultiplier les efforts sur les bateaux. Une fois de plus il faut en passer pour les quotas pour déverrouiller le patriarcat. C'est vraiment pitoyable!
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