Interview / Louis Burton "Sur le Vendée Globe, j'emmène un cigare pour le passage de chaque cap"

Louis Burton © Stéphane Maillard

Louis Burton (Bureau Vallée) participera pour la 2e fois au Vendée Globe. En 2012, le skipper n'avait eu qu'un an pour se préparer, pour l'édition de cette année en 2016, il revient confiant avec un programme conçu pour le tour du monde en solitaire. Son objectif ? Terminer en tête des IMOCA de la génération 2008 !

Ce sera votre 2e participation au Vendée Globe, pourquoi y retourner et quel est votre objectif ?

L'envie est toujours intacte par rapport à 2012. Ma collision avec un chalutier au large du Portugal en 2012 avait rapidement mis fin à la course (au bout de 4 jours de course). Donc c'est déjà une bonne raison de refaire le Vendée Globe. C'est une course magique qu'on peut avoir envie de faire plusieurs fois : l'objectif ultime étant de la terminer... Et pourquoi pas un jour de la gagner.

Je voudrais aussi confirmer - ou non ! - le fait de pouvoir rester aussi longtemps en solitaire. Pour moi, c'est le grand inconnu ! Je ne suis jamais resté si longtemps en course en solitaire. Même si je pense que ça va me plaire. Reste maintenant l'ambition de terminer.

J'ai un bateau qui a été construit en 2006, conçu pour le Vendée Globe 2008/2009. Il est plus vieux de 2 générations que les derniers IMOCA. Mais il reste un bon bateau malgré son âge.

Sur la prochaine édition du Vendée globe, une dizaine de bateaux qui datent de cette époque seront sur la ligne de départ. Du coup, il va y avoir une seconde course dans la course avec ces bateaux qui restent assez proches en termes de performances. Mon objectif est aussi de briller dans ce match.

crédit : Stéphane Maillard

Sur votre dernier Vendée Globe (2012), vous étiez bizuth et benjamin, avec une expérience de l'Imoca limitée à une Transat Jacques Vabre et Transat B to B ? Qu'est-ce qui a changé sur cette 2e édition ?

Il y a 4 ans, je suis arrivé très tard dans la course, j'ai commencé l'entrainement très tardivement (un an avant). Pour le Vendée Globe 2016, je suis sous contrat avec Bureau Vallée et Ecopartenaire depuis 3 ans maintenant. J'ai déjà couru deux Jacques Vabre et une Route du Rhum avec mon bateau. J'ai fait trois saisons de navigation complète. Je le connais très bien ce qui me rend assez serein par rapport à ma préparation. J'ai, comme toute l'équipe, un peu plus d'expérience sur ce qu'il faut faire ou pas en termes de préparation de navigation.

crédit : Stéphane Maillard

Comment vous êtes-vous préparé pour Vendée Globe 2016 ?

J'ai eu la chance de faire plusieurs saisons en amont du Vendée Globe. Les deux premières saisons, on a travaillé sur la performance du bateau et l'année dernière on a surtout travaillé sur la fiabilité. Du coup, il y a une grosse préparation technique de faite, avec le recul nécessaire.

L'avantage de pouvoir faire des courses d'avant-saison et d'être dans un partenariat serein, c'est de pouvoir passer beaucoup de temps à naviguer avec le bateau. De faire des courses et des transats. Donc de valider les solutions qui marchent et mettre de côté celles qui ne sont pas valables. J'ai eu cette chance-là. Le fait d'être le plus vieux couple skipper/bateau à partir c'est un vrai avantage !

crédit : Stéphane Maillard

Quelle est votre plus grosse appréhension sur ce tour du monde ?

Ce serait de devoir abandonner sur un souci technique, une collision ou une autre avarie comme ça. Cette course est intraitable : on n'a absolument pas le droit de s'arrêter ou de demander assistance.

Comment gère-t-on l'éloignement familial pendant 3 mois ?

Je vais échanger des messages avec mes enfants. J'ai l'intention de leur faire passer des vidéos "positives". Des images de beau temps, pas de tempête, car ils sont petits (NDLR Louis Burton a 2 enfants). On s'est entendu avec leur école, qui souhaite suivre la course, pour qu'il y ait une communication officielle dans la classe et qu'elle soit plutôt positive.

Est-ce que vous emmenez un grigri ou un objet insolite ?

J'emporte le couteau de marine de mon père avec lequel il avait fait toutes ses transats, je l'ai toujours connu sur lui et il symbolise la sagesse, la connaissance, la sécurité…

crédit : Stéphane Maillard

Quand on un coup de blues, comment se remonte-t-on le moral ?

Déjà se reposer, si on y arrive, c'est pas mal. Et communiquer avec la terre, échanger des mails. Avoir des nouvelles de la terre me fait du bien au moral. J'ai beaucoup d'échanges avec mon frère et quelques potes qui m'envoient des conneries par mail. On communique un petit peu avec les autres skippers, mais ce n'est pas énorme.

Combien vous prévoyez de journées de nourriture ? Est-ce que vous amenez un truc spécifique que vous adorez ?

J'ai prévu 90 jours de nourriture. Sinon j'emmène pas mal de bonbons. Côté plaisir, je n'emmène pas à manger, mais… des cigares ! J'en ai un pour chacun des caps que je passerais et je me prendrai en photo avec.

crédit : Stéphane Maillard

Est-ce qu'il y a des moments de détente et comment les occupe-t-on ?

J'écoute de la musique parce que ça ne m'empêche pas de continuer à faire ce que j'ai à faire à bord et à naviguer. Après sur les transats, je n'ai jamais trop eu le temps de me détendre. Sur le Vendée Globe, je ne sais pas trop comment ça va se passer. J'emmène pas mal de musiques et deux ou trois bouquins. Mais j'imagine que si on est dans le match, on ne doit pas avoir trop le temps pour tout ça. Sinon on est un peu largué.

Vous allez réussir à dormir ? C'est quelque chose auquel vous vous entrainez ?

On arrive à dormir jusqu'à 2 h d'affilé vraiment quand les conditions sont stables. Dans l'idéal, je vise de dormir 5 à 6 h par 24 h. Dans la réalité, cela dépend tellement des conditions rencontrées.

On apprend à s'endormir et à se réveiller vite avec des techniques de relaxation. J'ai aussi étudié mes cycles de sommeil pour ne pas rentrer dans le sommeil profond. Mais je ne m'entraine pas à l'avance à dormir en saccadé.

Est-ce que vous avez le mal de mer et comment le gérez-vous ?

J'ai la chance de ne pas être sujet au mal de mer pour le moment. J'essaye de toujours bien manger, de ne pas avoir froid, mais je ne suis pas trop sujet au mal de mer.

crédit : Stéphane Maillard
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