Création de la plus grande aire marine protégée en Antarctique

Antarctique © Benjamin Dumas

Les experts sur la conservation marine de l'Antarctique vont établir une Aire Marine Protégée de 1,55 million de km2 en mer de Ross.

La Commission pour la conservation de la faune et la flore marines de l'Antarctique (CCAMLR) s'est réunie du 24 au 28 octobre 2016 à Hobart, en Australie pour une réunion des plus importantes. Les 25 pays membres se sont tous accordés sur une proposition conjointe des États-Unis et la Nouvelle-Zélande visant à établir une aire de 1,55 million de km2 en mer de Ross (Antarctique) avec une protection spéciale contre les activités anthropiques. Cette superficie correspond la taille de la France, de l'Allemagne et de l'Espagne réunies.

Cette zone située dans l'hémisphère sud abrite pas moins de 10 000 espèces uniques qui peuplent l'océan, qui représente environ 15 % des océans de la planète. La mer de Ross est considérée comme l'un des derniers endroits où les écosystèmes marins sont intacts puisqu'il n'y a ni pollution ni surpêche…

©WWF

"La mer de Ross est considérée comme étant une des rares zones sauvages sur Terre restées intactes", explique Chris Johnson, Chargé des Sciences Marines au WWF-Australie. "C'est le refuge d'un tiers de la population mondiale des pingouins d'Adélie, d'un quart de tous les manchots empereurs, d'un tiers de tous les pétrels d'Antarctique et de plus de la moitié de tous les phoques du Weddell Pacifique-Sud" ajoute Isabelle Autissier, présidente du WWF France.

Cette nouvelle Aire Marine Protégée (AMP) qui entrera en vigueur en décembre 2017. Certaines activités seront limitées ou totalement interdites pour répondre à certains objectifs :

  • Conservation
  • Protection des habitats
  • Suivi de l'écosystème
  • Gestion des pêcheries

72 % de l'AMP sera une zone sans capture, dans laquelle toute activité de pêche sera interdite. Dans d'autres parties, la pêche au poisson et au krill sera autorisée, mais uniquement à des fins de recherche.

©Benjamin Dumas

Andrew Wright, secrétaire exécutif de la CCAMLR, reconnait que cette décision a été longue à mettre en place "Des négociations d'une incroyable complexité se sont poursuivies pendant six réunions annuelles et ateliers d'intersession de la CCAMLR, dans lesquelles de nombreux pays membres ont placé leurs espoirs et préoccupations. Il reste encore plusieurs détails à régler à l'égard de l'AMP, mais l'établissement de la zone protégée n'est pas remis en cause et nous sommes particulièrement fiers d'en être arrivés là."

Dès 2011, des propositions relatives à la région de la mer de Ross avaient été avancées par les États-Unis et la Nouvelle-Zélande. Le Comité Scientifique de la CCAMLR avait invité la Commission à examiner les propositions et l'avait conseillée sur la manière de les faire progresser. Chaque année de 2012 à 2015, la proposition s'est développée tant en ce qui concerne les données scientifiques fondamentales que les détails concrets, tels que la position exacte des limites de l'AMP. Tous les détails de la mise en œuvre de l'AMP seront négociés par l'élaboration d'un plan spécifique de suivi et d'évaluation.

©Benjamin Dumas

La décision d'établir une AMP dans la mer de Ross fait suite à la création par la CCAMLR, en 2009, de la première AMP en haute mer, l'AMP du plateau sud des îles Orcades du Sud, une région couvrant 94 000 km2 dans l'Atlantique Sud.

"Cette décision représente un niveau de coopération internationale pratiquement sans précédent autour d'un vaste écosystème marin composé d'habitats benthiques et pélagiques importants. Force est de constater que le jeu en valait la chandelle, car tous les Membres reconnaissent désormais que cette décision était la bonne et ils s'efforceront ensemble de mettre en œuvre cette AMP avec succès" ajoute M. Wright.

©CCAMLR

Protéger les espèces marines

Les AMP ont pour objectifs de protéger les espèces marines, la biodiversité, les habitats, les secteurs d'alimentation et les nurseries, ainsi que de préserver les sites historiques et culturels. Elles peuvent aider les stocks de poisson à se reconstituer, favoriser les processus écosystémiques, faciliter le suivi des changements de l'écosystème et préserver la diversité biologique.

Les zones fermées à la pêche, ou dans lesquelles les activités de pêche sont limitées, peuvent être utilisées par des scientifiques à titre de comparaison avec des zones ouvertes à la pêche. Les scientifiques peuvent alors étudier les impacts relatifs de la pêche et d'autres changements, tels que ceux résultant du changement climatique. Cela peut aider à mieux comprendre les diverses variables affectant l'état de santé général du milieu marin.

©Benjamin Dumas

Plus d'articles sur le thème
Réagir à cet article
Ajouter un commentaire...