Confidentiel / L'histoire de l'éolienne de François Gabart sur Macif

Eolienne sur le trimaran MACIF

Si vous suivez avec les vidéos transmises la tentative de record de François Gabart sur Macif, vous avez peut-être remarqué son hélice qui tourne à l'arrière de sa coque centrale. Il s'agit d'une éolienne d'un nouveau genre développé par Matthieu Michou. Ce génial ingénieur nous explique la genèse de ce projet.

Pour réaliser son tour du monde en solitaire, l'équipe de François Gabart voulait s'assurer une autonome énergétique. C'est donc tout naturellement qu'elle s'est dirigé vers les ingénieurs de Watt and Sea dont on connaît la bonne réputation de leurs hydrogénérateurs qui équipent tous les bateaux de course actuels.

Mais comment installer un hydrogénérateur sur un trimaran dont les coques passent le plus clairs de leur temps en dehors de l'eau ? En effet, à part des foils, ces bateaux ne trainent plus grand-chose dans l'eau ! Voilà pourquoi l'ingénieur maison Matthieu Michou – à qui l'on doit la conception de l'hydrogénérateur – s'est remis sur sa table à dessin pour tenter de trouver une solution. Ainsi est née cette éolienne d'un nouveau type.

Une éolienne downwind

Pour cela, il a transposé la technologie éprouvée des hydrogénérateurs en concevant un aérogénérateur. Contrairement aux éoliennes que l'on trouve sur le marché, celle-ci n'est pas maintenue face au vent par un empennage, mais tient naturellement dans le lit du vent (l'hélice est derrière le mâtereau). Ainsi la turbine est autostable et ne nécessite pas d'empennage. Montée sur un pivot, elle suit les mouvements des écoulements d'air et ceux du bateau exactement comme un hydrogénérateur dans l'eau. Ce montage assure une production électrique très stable.

Pour le trimaran de François Gabart qui effectue actuellement sa tentative de record autour du monde en solitaire, seules 2 petites pales (20% plus petites que sur une éolienne classique) suffisaient à l'éolienne pour produire sa capacité maximum (600 W). En effet, le vent apparent sur ce voilier est très souvent supérieur à 30 nœuds ce qui offre de belles plages de recharge. Sur un voilier moins rapide, il faudrait sans doute des pales plus longues avec plus de surface.

En comparaison des aérogénérateurs conventionnels, ce nouveau design offre des avantages importants pour la course au large :

  • stabilité dans les vagues et production électrique très stable.
  • haute efficacité : grâce à cette stabilité, la production électrique en conditions réelles est en adéquation avec les données de laboratoire.
  • étanche : le générateur est celui d'un hydro et supporte l'immersion !
  • plus maniable : tout le mâtereau pivote et peut facilement se déventer si nécessaire pour arrêter l'hélice.
  • les pales ont été spécialement dessinées pour minimiser la traînée et fonctionner sans bruit avec notamment des ergos au bout des pales pour éviter le sifflement.
  • léger : la masse est moindre et le centre de gravité est plus bas, moins de poids dans les hauts (très apprécié des coureurs !)

Pour l'instant cette éolienne est au stade de prototype en phase de test sur le trimaran Macif. La commercialiser ne serait pas raisonnable vu le prix des pales en carbone préimprégnées sous vide. Mais ce développement qui semble satisfaire notre solitaire et son équipe pourrait ouvrir sur de nouveaux développements…

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