Interview / Poussé par le Vent : quel bilan après un an de navigation ?

Sarah, Aurélien et Nael lors de leur départ, mai 2017 © @martinfichez

Aurélien, Sarah et Nael mettait les voiles en mai 2017, 4 mois après la naissance de leur enfant. En mai 2018, après un an de navigation et une transtlantique, ils nous livrent leur bilan. Un voyage fort en émotions et harmonieux.

Après un an de voyage, quel bilan pouvez-vous en tirer ?

Sarah : Pour ma part, je suis heureuse que mon couple soit fort, qu'on tienne le coup, que ça nous plaise, qu'on soit en harmonie avec ce qu'on fait. Je suis contente de voir aussi qu'on arrive à assurer en tant que jeunes parents, qu'on arrive à gérer le bateau, le bébé et notre passion des sports de glisse.

Ce n'est pas facile de trouver le bon équilibre, mais on y arrive bien. On arrive à être beaucoup sur l'eau, en kite, en planche, en surf, à répondre aux demandes de Nael, et à ce que le bateau avance. Quand on a la trentaine, on est prêts à se poser un peu. J'ai passé 10 ans à faire de la compétition en planche à voile, à courir d'un avion à une autre, d'une destination à une autre. Ce voyage, c'est ma façon à moi de me poser et c'est plutôt tranquille comme façon de voyager, avec ta maison sur le dos.

Le bilan est agréable aussi par rapport à notre "maison". On a beaucoup travaillé sur notre bateau avant de partir. Pendant 3 ans, on a vécu à bord et on l'a préparé, amélioré, changé les voiles, le gréement, équipé, fait le tri de ce dont l'on avait vraiment besoin pour vivre à bord. On a accueilli Nael à bord à sa sortie de l'hôpital, à 4 jours et on a vécu sur le bateau 4 mois en plein hiver pour s'acclimater. Notre projet a été bien préparé, ce qui capote, ce sont les projets pressés, ou les gens n'ont pas assez de temps.

Comment vivez-vous financièrement ?

Sarah : On a économisé de l'argent, suffisamment pour pouvoir vivre pendant 2 ans avec un budget de 1 000 €/mois pour 3. Et pour l'instant on s'y tient. On ne vit pas comme des rois, on fait attention, mais ça nous permet aussi de pouvoir louer une voiture pour se rendre sur un sport et de nous faire 2/3 restaurants. C'est sûr que ce n'est pas la même chose en fonction des pays où l'on est et du niveau de vie. Au Brésil par exemple, la vie est moins chère qu'en Martinique.

Aurélien : Il faut dire aussi qu'on avait bien préparé notre bateau en amont et qu'on n'a rien eu à réparer pendant un an. On a quand même de l'argent de côté au cas où il nous arriverait un gros pépin. Maloya est un 41 pieds (13 m) donc si on avait de grosses réparations, ça nécessiterait une grosse dépense.

Sarah : Quand on arrivera à Tahiti, on travaillera là-bas. Pendant notre voyage, j'espérais pouvoir travailler en tant que professeur de fitness yoga et c'est le cas. J'ai invité des élèves à faire une retraite au Brésil. Là, en France, j'ai donné un cours et je compte revenir en septembre pour donner une formation. C'est un revenu supplémentaire qui n'est pas négligeable.

Quel est votre meilleur souvenir ?

Aurélien : Les nuits passées à la barre quand c'est très dégagé, que c'est presque pleine lune. Il y a la Voie lactée, le ciel dégagé, les reflets sur la mer et le bateau qui vit bien. C'est un moment très sympa pour la navigation. La Voie lactée est super éclairée avec de très nombreuses étoiles et la lueur qui se réfléchit sur le plancton fluorescent. On le voit alors dans les vagues d'étrave et c'est super beau !

Quelle est votre escale préférée ?

Aurélien : Pour quelqu'un qui aime la nature et les sports de glisse, le Brésil. C'est vraiment dépaysant ! Il y a tout cet environnement musical, avec cette culture brésilienne, mais aussi ces forêts tropicales. On trouve divers spots et même si l'eau est marron, il y a de quoi s'amuser énormément.

Il y aussi le Cap Vert, avec l'île de Boa Vista toujours parce qu'on aime les sports de glisse. Les eaux sont magnifiques, avec des vagues rapides et puissantes. Il y a de grandes étendues de sables, c'est sauvage. On est au large de l'Afrique, sur une île et c'est très agréable.

Ce sont des escales idéales pour ceux qui veulent faire les deux, visiter et rider.

Qu'est-ce qui vous manque le plus en mer ?

Sarah : Là, de retour en France, on se dit que c'est assez agréable de retrouver les copines. D'être avec d'autres gens pour aller boire un verre. Ce qui me manquerait d'autre c'est la campagne. J'adore les animaux, la ferme, les jardins… Tout ça peut me manquer, mais c'est une période de ma vie uniquement. En Calédonie, j'aurai peut-être un terrain cultivable.

Le fait de ne pas faire garder Nael aussi, parce qu'en mer, ton enfant tu l'as tout le temps. C'est vrai que parfois ça serait plus facile, notamment pour faire les montages vidéo de nos aventures.

Rien de suffisamment important pour nous faire changer d'avis.

Justement, pourquoi faire ces vidéos ?

Sarah : C'est une question de volonté, un désir de laisser une trace, de montrer aux gens que cette vie est différente, que la vie en bateau c'est cool. On veut montrer qu'il y a des façons de vivre alternatives, qu'on n'est obligé de rien, qu'il n'y a rien de mieux. On veut montrer aux gens qu'on avait envie d'autres choses et qu'on y est arrivé, les encourager eux aussi à réaliser ce rêve.

Quel est le programme pour la suite ?

Sarah : On fait une petite escale en France et ensuite on entrera en pleine saison cyclonique. C'est un peu stressant et on se pose des questions que l'on ne s'était jamais posées auparavant. On a pris des infos sur place (NDRL : Maloya est en Martinique) pour ne pas prendre de risques. Et les gens préfèrent aller s'abriter dans les Grenadines. C'est donc ce qu'on va faire. Ma mère et ma grand-mère nous rejoindront en Martinique pour passer ces 5 mois en faisant attention aux cyclones. Ensuite, on va remonter les îles des Caraïbes – les îles de l'ARC – et dans 1 an on devrait passer Panama avant de rejoindre Tahiti.

On y restera pendant 2/3 ans pour travailler avant de se diriger vers la Nouvelle-Calédonie.a

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