Visite de chantier / Guymarine /White Shark, du pêche-promenade au bateau de luxe

Nicolas Chiloff, dirigeant des marques White Shark et Guymarine

À leur création Guymarine et Whiteshark n'ont strictement rien à commun, à part être deux marques de bateaux à moteur. La première propose une gamme de pêche promenade quand la 2e présente des open hors-bords haut de gamme. Pourtant, elles sont désormais dans le même bateau, appartenant au groupe Cogemec, dirigé par Nicolas Chiloff. Nous avons eu l'occasion de visiter le chantier installé sur l'île d'Oléron, qui depuis son rachat en 2016 compte bien récupérer ses lettres de noblesse.

Historique

Kelt Marine voit le jour dans le Morbihan en 1974, fondé par Gilles Le Baud et figure comme l'un des plus gros producteurs de bateaux de la région de Vannes. Initialement centré sur la construction de voiliers, l'activité se diversifiera avec l'arrivée de la marque White Shark, des vedettes opens haut de gamme. Après de nombreux rachats, la marque au requin passe entre les mains de plusieurs actionnaires : Marine Chauffour Poncin, Outboard Marine Corporation, Dauxin-Fourcade, Dufour, Siparex, Poncin.

La dernière en date, Poncin Yacht, rachète White Shark en 2006 mais préférant se recentrer sur son activité catamarans (elle deviendra d'ailleurs Catana Group en 2014) délaisse la marque de vedette open hors-bord, qui a quitté Vannes pour Marans, en Charentes-Maritime.

En 2013, Poncin Yachts annonce la cession de la marque White Shark, qui sera repris pas Fineloc, un groupe parisien de location de camions avec chauffeur, qui a repris la même année le chantier oléronais Guymarine, spécialiste des pêche-promenade. La société est alors dirigée par Erich La Chiusa et la direction du chantier assurée par Fabrice Garnier. Les moules et outillages de la marque au requin sont rapatriés sur l'île d'Oléron, au sein du chantier fondé par Guy Ocqueteau en 1983. Ce même Guy Ocqueteau, fondateur du chantier du même nom, racheté à son fondateur par Jeanneau au milieu des années 80.

Rachat et Fusion

Les deux marques sont alors regroupées au sein du chantier Mains de Marins installé sur l'île d'Oléron, et qui produisait initialement les pêches-promenade Guymarine. Mais de nouveau, le chantier se porte mal et est placé en redressement judiciaire en 2015, avant d'être repris par décision du tribunal en mars 2016 par Cogemec, société spécialisée dans l'industrie métallurgique de la région orléanaise et dirigée par Nicolas Chiloff, afin de diversifier ses activités. "Je suis passionné de nautisme et je voulais diversifier mes activités en rachetant le chantier. Je crois en le rebond de l'activité et je pense qu'il y a un vrai potentiel à l'export" nous explique-t-il.

Production

Les bateaux sont construits sur place, par une équipe de 15 personnes, et réalisés en polyester au contact, au sein du hangar de 1 500 m2, installé au cœur de l'île d'Oléron. L'atelier a une capacité de production de 70 bateaux par an mais tourne actuellement à 40 unités. Au sein du hangar, on trouve également l'atelier détourage pour couper les moules puis l'atelier montage où sont finis les bateaux ou encore la menuiserie. Les capots et autres bailles à mouillage sont réalisés en injection sous-vide, compétence ramenée au sein du chantier depuis 2 ans. Chaque bateau est produit entre 8 et 16 semaines.

La gamme se compose de 8 modèles pour White Shark, avec une entrée de gamme dont le prix débute à 25 000 € contre 9 modèles pour Guymarine avec un premier prix de 20 000 €. Les ventes se font uniquement par l'intermédiaire d'un réseau de distributeurs – 15 pour White Shark et 25 pour Guymarine – répartis sur le territoire. Seuls deux distributeurs vendent les deux marques, qui sont pourtant sur deux cibles différentes.

Reprise et Évolutions

A la reprise de l'entreprise, il a fallu réindustrialiser le chantier et numériser les documents. Désormais, Nicolas Chiloff a envie de relancer ces "deux marques de niche, Guymarine pour les pêcheurs et White Shark, bateaux haut de gamme". Pour ce faire, à la reprise du chantier, "tous les bateaux ont été refaits en termes d'ergonomie. On a été pointilleux sur les détails. Et pour continuer de relancer les marques, on travaille sur une évolution esthétique pour l'année prochaine."

Un bilan positif en 2017 puisque le dirigeant se présente comme content de cette reprise, arrivée en fin de crise. "Ça a été un moment compliqué et on a beaucoup travaillé pour relancer le chantier. Un travail qui a marché puisqu'on a enregistré une croissance de 70 % en 2017. En même temps, nous partions de loin. On est dans nos objectifs, puisque le secteur reste très fragile. Malgré la forte crise industrielle qui a frappé le chantier, les bateaux restent de beaux produits, construits par une équipe de qualité et la relance se fait doucement. Nous exportons 70 % de notre production dans les pays nordiques et constatons la relance en Méditerranée, notamment en Espagne."

Après le lancement d'un nouveau bateau en décembre 2017 – le White Shark 300 – comme l'explique Nicolas Chiloff "Nous avons lancé une grosse unité parce que nous voulions voir l'accueil du public. L'image de White Shark est forte et nous sommes dans un objectif de reconquête", le chantier souhaite désormais s'agrandir.

"Nous avons un souci de place et cherchons un bâtiment neuf pour agrandir la surface de production. L'idéal serait de doubler notre superficie mais nous souhaitons rester sur l'île, aussi bien pour le savoir-faire que pour l'image de marque que ça apporte."

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