Interview / Armel le Cléac'h : "On a repris conscience qu'un multicoque pouvait chavirer"

Armel le Cléac'h © Bateaux.com

Ce mercredi 29 août 2018, à la base des sous-marins de Lorient, il y avait foule sur les pontons. Un géant des mers - le Maxi Banque Populaire IX - était remis à l'eau après 4 mois et demi de chantier intensif pour être fin prêt pour la Route du Rhum. Nous avons profité de l'occasion pour interroger son skipper - Armel le Cléac'h - sur cette remise à l'eau tant attendue, son état d'esprit du moment.

Dans quel état d'esprit êtes-vous aujourd'hui avec la remise à l'eau du Maxi Banque Populaire IX ?

Je suis très heureux aujourd'hui parce que c'est une parenthèse qui se ferme de cet épisode un peu compliqué. Depuis le 14 avril et ce chavirage, il a d'abord fallu ramener le bateau et le réparer. On ne savait pas forcément au départ dans quel timing et si on allait pouvoir faire la route du Rhum. Ça a été un gros chapitre, qui, aujourd'hui, se termine d'une belle manière. On a gagné du temps (NDRL : la mise à l'eau était prévue pour le mois de septembre), on a fait tout ce que l'on voulait faire. On est content de retrouver la mer et ça fait plaisir.

La mise à l'eau devait avoir lieu en septembre et le bateau est finalement mis à l'eau ce 29 août...

Il y a eu beaucoup de travail effectué par l'équipe. On a aussi eu la chance d'avoir des chantiers et des fournisseurs qui ont répondu présents, qui nous ont donné un coup de main pour respecter le timing que l'on avait. Notamment la construction du mât chez Lorima, ou encore Multiplast qui nous a permis de réparer la plateforme.

De nombreux fournisseurs avec lesquels on a l'habitude de travailler ont également pu décaler un peu leur planning pour qu'on puisse rentrer dans le temps imparti. Au final on retrouve le bateau tel qu'on l'avait un peu perdu, ou en tout cas laissé, quand il était encore à l'endroit et ça fait du bien !

Est-ce que le chavirage va changer votre manière de naviguer ?

C'est sûr qu'on a appris des choses avec ce chavirage ! On a fait progresser les systèmes, notamment les systèmes anti-chavirage. On a aussi pris conscience qu'un multicoque pouvait chavirer, ce qu'on avait oublié. C'est sûr qu'aujourd'hui c'est bien intégré ! Une piqure de rappel suffit !

Je le prends comme quelque chose qui va nous faire progresser, qui va me faire progresser dans la manière de gérer le bateau en solitaire et d'anticiper les choses. Mais ça ne sera pas dans l'appréhension parce que, lorsque le bateau a chaviré les conditions n'étaient pas dantesques. On avait vécu des situations beaucoup plus agitées et tout se passait bien. Ce n'est donc pas un bateau sur lequel il y a une crainte ou une peur en termes de dangerosité.

Ça reste un bateau Ultim rapide, volant, compliqué à manœuvrer, mais tout à fait maniable en solitaire. Mais pour ça, il va falloir du temps pour le reprendre en main, reprendre ses repères et ses habitudes. C'est le travail des semaines qui arrivent jusqu'au Rhum (NDRL : départ le 4 novembre 2018). On n'a rien de trop !

On a surtout l'envie d'aller naviguer et de retrouver le bateau et ce qu'on a pu faire jusque-là. On ne part pas d'une page blanche. C'est le même bateau finalement dans son ensemble. On a seulement un peu amélioré la casquette et quelques détails.

Crédit photos : Bateaux.com

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