Interview / Sam Goodchild : "Mon démâtage sur la Route du Rhum à cause d'une casse, c'est écoeurant"

Sam Goodchild © Martin Viezzer

Le 6 novembre 2018, Sam Goodchild démâtait alors qu'il se trouvait en 8e position des Class40 sur la Route du Rhum. Revenu à Lorient sous gréement de fortune, après 3 longs jours de navigation, il a pu désormais se reposer en envisager la suite. Près d'un mois après son infortune, il nous confie son ressentie et ses projets pour la suite.

Près d'un mois après votre démâtage, et avec du recul quel est votre ressenti aujourd'hui ?

J'essaye de passer à autre chose. Ce qui s'est passé sur le Rhum c'est écœurant parce que c'était une opportunité incroyable, avec un super bateau et un super projet. C'était une des meilleures opportunités que je n'ai jamais eues et c'est vraiment dommage.

Après, je n'ai aucun regret. Je ne me dis pas que je le ferais différemment si j'en avais l'opportunité. J'ai tout donné, j'ai fait tout ce que j'ai pu ; depuis l'année dernière jusqu'au départ. Il n'y a rien que je changerais si c'était à refaire.

Quelle était la cause du démâtage ?

J'ai une pièce qui a cassé et qui n'aurait pas du puisqu'elle avait été changée récemment. On avait eu des soucis avec cette pièce sur mon bateau comme sur d'autres, mais c'était censé être une pièce fiabilisée. On ne pensait pas du tout prendre de risques. Après, est-ce que c'est un problème de fabrication ou de surserrage ? L'équipe technique n'a pas encore analysé la pièce pour savoir quelle avait été la cause de la casse.

En tous les cas, le démâtage, c'était un problème de support technique et pas de marin…

© Martin Viezzer

Comment se sent-on dans ces cas-là ?

Tout de suite on est dans l'action et ce n'est pas trop mal à ce moment-là. On n'a pas le temps de penser, on se fixe de nouveaux objectifs : comment peut-on sauver le gréement, les voiles ?

On essaye de récupérer tout ce qu'on peut, de ne pas abimer le bateau, de ne pas tomber à l'eau. Dans l'action on est pris assez vite, on n'a pas le temps d'être triste.

Après, pendant mes 2 jours de navigation pour rejoindre Lorient, j'avais plus le temps de cogiter. J'ai vu la pièce qui était cassée et j'étais dégoûté. Mais je ne me suis pas trop pris la tête. Le retour a été dur physiquement. J'avais le mal de mer et sous gréement de fortune, le bateau n'est pas trop stable. Il faut prendre son mal en patience jusqu'au retour à terre.

© Martin Viezzer

Quel votre prochain objectif ?

C'est sûr que j'adorerai faire la Route du Rhum dans 4 ans. Mais l'objectif 2019, c'est la Transat Jacques Vabre. Il faut surtout que je continue de monter un projet pour le long terme. Netflix c'était à court terme, donc la suite ne sera pas avec eux.

Pour l'instant le bateau est là, mais il a 4 ans et c'est plus compliqué de gagner en régate, et encore plus sur la Transat Jacques Vabre. Il y a les nouveaux T5 (NDLR les monocoques de 28' qui servent d'essais pour développer les AC75) et ils vont être encore plus rapides. L'objectif, ça serait de passer sur un support plus performant.

Un projet un long terme, comme le Vendée Globe ?

C'est sûr que j'aimerai bien faire un Vendée Globe, mais je suis aussi motivé par la performance. Il faut donc que je sache quels sont les compromis pour faire un Vendée Globe. Est-ce que le faire sur un bateau de 15 ans m'intéresse ? Je veux un projet compétitif et pas y aller pour y aller… Après c'est aussi incroyable de faire un tour du monde en solitaire et a-t-on vraiment besoin d'un bateau à foils pour le faire ? Voilà toute la réflexion. De toute façon, vu le planning, c'est déjà compliqué pour le Vendée Globe 2021 alors je ne me précipite pas.

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