De l'espoir pour les coraux de surface

Under The Pole

L'équipage d'Under The Pole réalise depuis l'été 2018 des études sur les coraux mésophotiques entre 30 et 150 m de profondeur. Leur récente découverte d'un corail à 170 m de profondeur met en lumière la possibilité de sauver les coraux de surface, très impactés par le réchauffement climatique.

Étudier les coraux profonds

Depuis juillet 2018, l'expédition Under The Pole III dirigée par Emmanuelle Périé-Bardout et Ghislain Bardout se consacre au programme de recherche DeepHope, une étude sur les coraux profonds, appelés coraux mésophotiques. En partenariat avec le Criobe — Centre de Recherches Insulaires et Observatoire de l'Environnement — l'équipe de plongeurs récole des coraux situés entre 30 et 150 m de profondeur en Polynésie française. Aujourd'hui, près de 4000 échantillons ont été récoltés, et forment la plus importante collection de coraux mésophotiques au monde.

Une découverte inattendue

Le 4 avril 2019, alors que Ghislain et deux équipiers sondent les profondeurs de l'archipel des Gambiers, ils remontent le Leptoseris hawaiiensis, le corail le plus profond jamais récolé, à 172 m de profondeur.

Cette découverte prouve que les coraux de surface — impactés par le réchauffement climatique — migrent dans les profondeurs des océans pour y trouver refuge et s'y développer.

© Aldo Ferrucci / Under The Pole

"Ils représentent aujourd'hui un vrai espoir pour restaurer les récifs via un apport de larves pouvant venir recoloniser la surface. Sans ces récifs profonds, les chances de survie des récifs sont très faibles face aux modifications sans précèdent que subit la planète.

En mettant en lumière une partie largement méconnue des récifs coralliens, nous espérons contribuer à la mise en place de mesures de gestion et protection appropriées afin de sauvegarder ces récifs. Ces découvertes révèlent une vision totalement nouvelle sur leur fonctionnement. Ils sont un continuum de la surface aux zones mésophotiques où les communautés coralliennes se succèdent. Nos connaissances suggéraient que 25 % des coraux pouvaient descendre de la surface aux profondeurs et aujourd'hui, après plus de 4000 échantillons récoltés, la tendance est complètement inversée, avec plus de 60 % des espèces de surface capables de coloniser les profondeurs.

Cette découverte est fondamentale et contribue à supporter l'hypothèse d'un refuge pour les coraux dans les profondeurs, où l'environnement est moins impacté qu'en surface. La récolte d'un corail mésophotique à 172 m de profondeur soulève de nouvelles questions intrigantes sur la capacité́ des coraux à vivre dans ces environnements hostiles. L'expédition va se poursuivre encore pour trois mois, et les résultats à l'issue de ce programme auront une portée internationale et constitueront les fondations de nos connaissances approfondies sur les récifs mésophotiques" explique Laetitia Hédouin, chercheuse CNRS au Centre de recherche insulaire et observatoire de l'environnement et experte en biologie corallienne.

Un nouveau défi

Au mois d'août 2019, l'équipage d'Under The Pole immergera la "Capsule", permettant aux plongeurs de l'expédition de rester sous l'eau pendant plusieurs jours. Installée sur la pente externe du récif de Moorea, l'équipe va pouvoir poursuivre les études des coraux et notamment sa reproduction.

"Quelques nuits par an le corail relâche dans la colonne d'eau des cellules sexuées qui vont se féconder dans l'eau pour donner une larve corallienne. Ce processus est vital pour le renouvellement des populations coralliennes, car il permet l'arrivée de nouveaux individus sur le récif. Or aujourd'hui, la date et l'heure exactes de ce moment clé́ du cycle de vie du corail ne sont connues que pour quelques espèces en Polynésie française et n'ont jamais été́ observées in situ" explique les responsables de l'expédition.

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