Fin de Vendée Globe pour Samantha Davies, mais pas du tour du monde


Samantha Davies (Initiatives-Coeur) vient d'annoncer son retrait du Vendée Globe 2020 suite à sa violente colision avec un OFNI. Les réparations sont trop importantes et nécessitent de sortir le bateau de l'eau. Mais elle ne s'avoue pas vaincue, puisque si les réparations sont possibles, elle reprendra son tour du monde, hors course.

Après une violente collision avec un OFNI mercredi soir dernier (le 2 décembre 2020), Samantha Davies a constaté d'importants dégâts au niveau de la quille de son IMOCA Initiatives-Cœur. Après s'être déroutée en direction de Cap Town, elle a annoncé officiellement son abandon de la course ce samedi matin 5 décembre.

Choquée par ce qu'il lui est arrivé, elle a d'abord remis en question son envie de renaviguer. Mais se qualifiant d'aventurière, passionnée par la mer et les océans, elle repartira hors course si son bateau est réparable.

Interview

" Dans une heure je serai à Cap Town. Je suis soulagée d'arriver après ce qui m'est arrivé.

Malheureusement je ne peux pas réparer toute seule, il y a trop de dégâts, notamment dans la quille, il faut sortir le bateau de l'eau. Je dois abandonner le Vendée globe.

Honnêtement, vu la violence de l'impact et la dureté de ce que j'ai tapé - je ne sais pas ce que c'était, j'étais à 20 nœuds - et comme le choc s'est produit en bas de la quille, ça a fait un effet de bras de levier énorme. Je savais que même si je pouvais réparer ce qui était visible - et déjà je ne suis pas sûre que j'aurais pu le faire suffisamment bien pour avoir confiance dans la structure - il y a d'autres pièces invisibles que l'on ne pouvait pas vérifier sans démonter.

Dans les paliers, dans le fond de coque, dans le vérin, dans la quille elle-même… J'ai pu regarder sous l'eau le voile de quille et j'ai vu qu'il y avait un énorme trou. Si je ne le traitais pas, il serait entré en vibration à haute vitesse. La liste est énorme et il y a surtout toutes les inconnues. Sur tous les Vendée Globe que j'ai suivis avant, ceux qui ont tenté de repartir, ça a fini quand même par lâcher.

C'est trop dangereux d'entamer les mers du sud avec toutes ces inconnus. Il faut vraiment tout inspecter. Je pense que c'est aussi la magie du Vendée Globe : la course s'arrête, mais j'espère que l'aventure ne s'arrête pas. J'ai toujours dit que ma mission était de faire le tour du monde sur ce bateau. Pour moi, mais aussi pour Initiatives-Cœur, pour mécénat chirurgie cardiaque. Si je peux remettre le bateau en état et repartir, je suis motivée pour le faire. C'est le côté positif de l'histoire, j'ai toujours un mât, j'ai toujours ma quille ! J'ai toutes les pièces, j'ai une super équipe. Il faudra du temps surement, c'est du gros boulot, mais je reste positive pour le tenter, comme a fait Isabelle Autissier. Je pense que c'est un très bon exemple, pour essayer de continuer quand même.

Samantha Davies au Cap pour réparer son bateau
Samantha Davies au Cap pour réparer son bateau

Si le bateau est réparable, je suis déterminée à repartir hors course. C'est ma philosophie et celle de l'équipe. Le Vendée Globe c'est une aventure énorme. J'ai toujours eu beaucoup beaucoup de respect pour ceux qui ont fini hors course. Isabelle Autisier, mais aussi Enda (ndlr O'Coineen), je pense que c'est la dernière personne qui a fait ça, bien longtemps après Nick Moloney suite à un accident de quille, qui a fini hors course un an plus tard. J'ai beaucoup de respect pour ça, je trouve que ça fait partie de l'aventure. Si je peux faire partie de ces aventuriers, j'en serai, même si ce n'est pas facile parce que je suis une compétitrice avec un super bateau. Je suis aussi une aventurière, passionnée par la mer, les océans, et j'ai envie de sauver des enfants avec Initiatives-Cœur.

Tout le monde sait en partant que ce genre de choses peut arriver. Et puis moi j'ai déjà démâté sur un Vendée Globe. Par contre, il y a trois jours quand ça m'est arrivé, j'ai pensé que j'allais mourir, mais une fois que j'ai géré la crise, j'ai pensé que j'allais arrêter la voile. Je me suis dit : « c'est débile, c'est n'importe quoi, j'arrête la voile, je ne fais plus ça ».

Mais ce sont les aléas de la course, c'est l'aventure. Si je peux réussir à repartir et continuer quand même avec ce beau projet… Je me suis fait tellement peur qu'il faut que je reparte vite sinon je vais avoir du mal à renaviguer. Si on arrive à repartir, j'aurai une trouille énorme que ça m'arrive à nouveau. À mon avis, je ne vais pas aller très vite, mais j'ai besoin de repartir pour me reconstruire après un truc comme ça.

Je ne suis pas la seule à arriver à Cape Town, je suis en contact avec Seb Simon, je pense qu'on va pleurer ensemble ce soir avec une bière. J'ai une grosse pensée pour lui qui abandonne pour le même problème. C'est pas de chance, il a fait une super course. Et une deuxième pensée pour Isa Joschke. Quand j'ai tapé mon OFNI j'étais à l'arrêt, en vrac complet, j'ai eu des alarmes de collision qui se sont allumées, c'était Isa Joschke qui déboulait pile sur moi, c'était une deuxième frayeur, j'ai eu peur qu'elle ne me voie pas. J'ai eu un échange un peu stressé avec elle pour qu'elle m'évite ! Je suis super contente pour elle parce qu'elle fait une super belle course. On était vraiment pas loin l'une de l'autre, elle a fait une belle remontada, je suis contente parce que c'est une de mes collègues de régate normalement. Allez Isa, je suis à fond derrière toi !"

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