A la barre / Louer un bateau à moteur pour la première fois, comment s'y prendre ?

Louer son premier bateau, tout prévoir pour que tout se passe au mieux ! © Wikipedia/Jpbazard (Le yacht à moteur Black Swan)

Le permis côtier en poche, vous vous apprêtez à louer un bateau pour la première fois pour jouer les aventuriers des mers. Dans le principe, c'est bien de cela qu'il s'agit. Sauf que, dans les faits, vous avez peur et êtes inquiet. Quelques conseils pour mieux vivre cette première fois.

Passer le permis bateau et obtenir la permission de piloter - c'est le terme - un bateau à moteur n'est que le premier pas sur un chemin qui pourra vous emmener loin, très loin. Ou très proche d'ailleurs, il n'y a pas de bonne ni de mauvaise option de navigation, pas plus qu'il n'y a plus ou moins d'intérêt à sortir pour pêcher, pour faire du ski nautique ou juste pour se balader. Ce qui importe et fera le reste de votre carrière de skipper, ce sont les conditions de la première fois où vous mettrez la main sur la barre, tout seul. Suivez ces quelques conseils pour que cette première soit mémorable, plaisante et agréable.

Propriétaire loueur ou professionnel de la location ?

Deux familles de loueurs coexistent. Les particuliers, propriétaires d'un bateau et qui veulent mettre à profit le temps durant lequel celui-ci n'est pas exploité pour le mettre à disposition de la communauté. Souvent passionné, ils peuvent manquer de pédagogie dans la prise en mains mais seront d'excellents conseils pour trouver des zones de navigation, des conseils ou, au retour, savoir dans quelle restaurant fêter la première sortie.

Les professionnels de la location, eux, auront un abord plus froid et vous accompagneront moins loin. Ils sont pédagogues et ont l'habitude d'avoir à faire à des débutants amateurs, ils seront donc tout à fait en mesure de vous faire la litanie du fonctionnement du bateau loué. Ne leur demandez pas plus de conseil "personnels" que cela, ce n'est pas leur métier.

Les plateformes, enfin, sont d'excellents intermédiaires entre vous et ces deux formes de loueurs. Elles proposent indistinctement - même si, souvent, une symbolique permet d'identifier un loueur "professionne", les bateaux en provenance des deux types.

Chercher le bateau

Assurément, la recherche du bateau est la première étape à franchir. Nous vous recommandons d'être raisonnable. Vous aurez bien le temps de vous mettre plus tard, à la barre d'un Yacht de 40 mètres, pardon 100 pieds, de long !

Pour démarrer, prenez un bateau de moins de 10 mètres et de plus de 5 mètres. Plus grand, vous passerez plus de temps à courir vérifier que "tout passe" qu'à prendre du plaisir. Plus petit, vous serez secoué par la moindre houle ou le moindre sillage d'un autre bateau.

Assurer le bateau

Optez pour la location via une plateforme ou un loueur qui a pignon sur rue, pour la première fois. Ils sont nombreux et tous proposent des solutions d'assurance à même de vous garantir qu'en cas de pépin, vous n'en serez pas de votre poche pour rembourser le propriétaire.

Pour cette première location, ne regardez pas à l'économie pour le poste de l'assurance. Mieux vaut louer un bateau plus petit en l'assurant mieux que de prendre quelque chose de plus coûteux en espérant que tout se passera bien. Car, dans les faits, tout ne se passe pas bien, c'est quasiment impossible la première fois.

Contacter le propriétaire

Si vous choisissez une plateforme, celles-ci permettent, le plus souvent, d'entrer en contact avec le propriétaire avant de finaliser la location. Mettez-vous en relation avec le propriétaire du bateau que vous envisagez de louer et expliquez clairement les choses. N'embellissez ni ne noircissez pas les choses, tous les propriétaires de bateau à moteur ont débuté un jour ou l'autre, et se sont posés les mêmes questions. Et même s'ils ne se les sont pas posées, cela ne signifie pas qu'elles n'ont pas de sens ou d'intérêt. Si vous vous interrogez, c'est qu'il y a besoin que quelqu'un comble cette carence.

Les plaisanciers aiment échanger la plupart du temps, notamment à propos de leurs bateaux. En étant transparent sur votre statut de débutant qui n'a jamais navigué vous gagnerez la confiance de celui qui met en location ce bateau qu'il a payé, souvent cher et auquel il tient.

Rencontrer le propriétaire

Si vous en avez la possibilité, proposez au loueur de le rencontrer pour échanger de vive voix. Face à face, l'échange est souvent plus efficace, car on osera plus de choses que par écrit. Si la distance ne vous permet pas de vous rencontrer, à minima téléphonez et parlez de votre projet, du bateau, de votre statut, de la zone de navigation, des choses à voir… Encore une fois, posez des questions. Quelle est la consommation du bateau ? Quels sont ses défauts ? Quels sont vos défauts ?

C'est au cours de cet échange que vous prendrez et donnerez l'élément indispensable qu'est la confiance. N'hésitez pas à indiquer au propriétaire que vous allez prendre le plus haut niveau d'assurance au cours de cette location. Au besoin, voyez avec votre compagnie d'assurance si une extension est possible. Le principe est que chacun soit aussi rassuré que possible.

Organiser la sortie

Le bateau choisi, il faut maintenant prévoir ce que vous allez faire. Pour la première fois, soyez modeste et n'envisagez pas de naviguer activement plus de 2 heures la première fois. La navigation d'un bateau à moteur est épuisante, physiquement comme nerveusement. L'approche d'un nouvel élément, les risques (réels ou imaginaires), le mouvement permanent ou, encore, la pression pour ne pas abîmer le bateau font que vous aurez un niveau de stress très élevé pour cette première fois et que vous sortirez épuisé de l'expérience.

Au moyen de la carte marine de la zone visée (la vôtre, pas celle d'un ami ou du propriétaire), visez une zone de navigation compatible avec cette durée, située donc à 1 heure du point de départ envisagé.

En partant du principe que vous ne possédez que le permis côtier et que, pour une première sortie, vous limiter à la zone des 6 milles autour d'un l'abri. Considérant que le port de départ restera un bon abri, prenez un compas et formez un cercle autour de ce point de départ représentant ces 6 milles nautiques.

C'est donc dans toute cette zone que vous pourrez naviguer, vous arrêter … pour prendre plaisir à cette première sortie.

Définissez, avec le propriétaire, la possibilité qu'il vous accompagne au cours de cette sortie. Certes, cela ne sera pas la croisière rêvée, dans la solitude du loup de mer, mais cela rassurera tout le monde, surtout vous, que de savoir que quelqu'un peut prendre la main si vraiment les choses deviennent un peu trop compliquées.

Quel jour choisir ?

Si le premier réflexe serait de louer durant le week-end, ce n'est sans doute pas le bon jour pour une première sortie. En effet, c'est le jour où vous risquez de croiser le plus de monde au départ et au retour. La pression engendrée à la fois par la peur de mal faire, de heurter un autre bateau mêlée à celle de passer pour débutant (ce que vous êtes et ce que nous avons toutes et tous été) vous poussera à faire des erreurs.

Réellement, si la météo et votre emploi du temps le permettent, optez pour un mardi ou un jeudi. Ce sont les jours les plus calmes sur l'eau et souvent, ceux au cours desquels les tarifs de location sont plus faibles.

Au niveau de la météo, même s'il est difficile de prévoir à plusieurs semaines le temps qu'il fera, privilégiez une météo moyenne, ni trop chaude, ni trop froide. Sans vent ni pluie serait un idéal, rarement atteint en mer. C'est un des charmes d'ailleurs, de la plaisance : on ne sait jamais que le temps qu'on a au moment où l'on quitte le ponton !

Aller seul la première fois

Réservation faite, itinéraire défini et caution payée, vous vous rendez le matin du jour J prendre ce bateau tant attendu.

Allez-y seule (ou, messieurs, allez-y seul). Si vous y allez avec votre conjoint, vos enfants, des amis … bref, quiconque vous accompagnera aura des conseils à vous donner, qu'il soit ou non compétent dans le sujet d'ailleurs. Et immanquablement, ces conseils iront à l'encontre de vos décisions, d'où un stress inutile et une probable dispute qui viendra ternir cette première journée.

Chef de bord que vous serez devenu, vous aurez aussi à veiller à la sécurité de votre équipage, responsabilité à assumer qui occupe et prend du temps et de l'énergie, ce dont vous manquerez sans doute dans les premiers instants de pilotage.

Si vous souhaitez vraiment emmener quelqu'un, proposez de le faire en deux temps. D'abord une sortie, le matin par exemple, sans ce tiers. Puis vous revenez au port et l'emmenez avec vous.

Le matin du Jour-J

Le matin de la première sortie, ne mangez pas trop. Le mal de mer pourrait être au rendez-vous. Mais ne restez pas à jeun non plus, la faim engendre ce malaise.

Habillez-vous confortablement. Pas besoin d'aller dévaliser le magasin d'accastillage pour avoir le look idoine. Un simple pantalon ou short en jean - suffisamment ample - et un t-shirt seront parfaits. Pensez à apporter une casquette et un sweat en polaire, la température est toujours plus fraîche sur l'eau qu'à terre. Prenez des chaussures simples, des chaussures de sport ou de bateau achetées dans un magasin de sport que vous pourrez aisément déchausser feront l'affaire. Vous ne cherchez pas un look quelconque, mais du pratique et qui ne craint rien, ni l'essence ni l'eau salée que vous ne manquerez pas de prendre, nous vous le souhaitons !

Sur la route du port de plaisance, arrêtez-vous à la boulangerie pour acheter quelques viennoiseries pour le propriétaire du bateau et vous. Ce n'est pas obligatoire, mais permet de démarrer sur un échange positif et de casser une graine dans la matinée.

Faire le tour du bateau

Avec le propriétaire du bateau à vos côtés, faites le tour complet du bateau, tant intérieur qu'extérieur. N'hésitez pas à relever tout ce qui vous semblera abîmé, en mauvais état ou susceptible de casser si vous le secouez trop. Car un bateau sur l'eau, ça secoue, ça tape et ça vibre. Autant dire que quoi que ce soit qui n'est pas (ou mal) fixé chutera immanquablement à un moment ou un autre et, dans sa chute, pourra se briser.

Un propriétaire sérieux acceptera de bonne grâce de noter tous ces points. N'acceptez pas de compromission ("Je sais que c'est cassé, mais vu que vous êtes bien assuré, autant déclarer que c'est vous qui l'avez cassé"). C'est illégal d'une part, cela ne sert qu'à augmenter les primes d'assurance de l'ensemble des plaisanciers d'autre part.

Au registre des vérifications utiles, les niveaux de carburant et d'eau sont souvent oubliés, ce qui peut amener à des conflits au retour.

Si le propriétaire ne vous accompagne pas, accordez-vous sur un horaire et un lieu de restitution du bateau. Faites en sorte de bénéficier du même niveau de luminosité qu'au départ, simplement pour ne voir que les mêmes choses et rien ni de moins, ni de plus, que ce que vous avez pu voir au départ.

Point important, vous n'aurez sans doute pas la possibilité de voir la coque du bateau et ne pourrez pas connaître l'état de celle-ci. N'hésitez pas à noter sur l'état des lieux de départ "coque non observable" pour éviter qu'un propriétaire mal intentionné ne vienne vous accuser d'avoir frotté !

Dans quel état se trouve la coque du bateau ?
Dans quel état se trouve la coque du bateau ?

C'est parti

Mettez votre gilet de sauvetage, passez le coupe-circuit et vérifiez que le bateau est bien au point mort. Vous êtes sur le point de mettre le contact.

Bienvenue dans le petit monde de la plaisance, amusez-vous et profitez bien de cette première sortie. Au passage, lorsque vous croiserez d'autres bateaux, quel que soit leur moyen de propulsion, faites-leur un petit salut de la main, la plupart d'entre nous vous répondront !

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