Interview / "Le Class30 est un bateau simple et fun pour de l'équipage, au large ou la journée"

Après un appel à projet international pour la conception du nouveau voilier Class30 et 8 dossiers retenus début juillet 2021, c'est finalement le duo VPLP/Multiplast qu'a retenu le jury. Simon Watin, président du cabinet d'architecture navale, nous en dit plus sur ce nouveau concept et le projet dans sa globalité.

Dans l'objectif de remettre l'apprentissage de la course au large au cœur de la pratique et notamment auprès des jeunes publics, l'UNCL a lancé en avril 2021 une nouvelle classe de voiliers, la Class30. Après un appel à projets pour déterminer le futur architecte de ces bateaux, le lauréat a été dévoilé ce mercredi 1er septembre 2021. C'est le duo architecte/chantier VPLP/Multiplast qui sera en charge du design et de la construction de ce voilier. Au total, 8 projets avaient été sélectionnés par le jury début juillet : 4 Français, 2 Italiens, 1 Américain et 1 Allemand.

La phase d'études d'avant-projet se poursuivra jusqu'à la fin 2021. Une maquette du bateau sera exposée au mois de décembre sur le stand de l'UNCL au Nautic de Paris. Le lancement des premiers bateaux est prévu pour le 4e trimestre 2022. En parallèle, la présentation d'un plan de financement des bateaux pour les Clubs permettra la recherche de partenaires financiers, voire d'un sponsor pour la Class30.

Class30 en flotte
Class30 en flotte

Simon Watin, président du cabinet d'architecture navale VPLP Design, nous en dit plus sur le nouveau concept développé pour la Class30.

Quels ont été les atouts de votre projet par rapport aux concurrents ?

On a travaillé sur deux aspects. Une solution industrielle avec un chantier en amont et un bateau construit en moyenne série avec un objectif de vente ou de volume avancé. On a proposé quelque chose de conjoint dans cette optique de volume et de prix attractif en mettant l'accent sur le lien architecte et chantier naval.

On a également beaucoup réfléchi à ce que pourrait être cette classe. Les valeurs qu'elle véhicule, le public touché, la manière de l'utiliser, l'éventualité d'un sponsor de classe… On l'a pensée comme une véritable classe, avec une dynamique de classe, un nouveau public avec l'objectif de remettre les jeunes sur l'eau. On a finalement englobé des choses plus larges que l'aspect purement architectural.

Class30 en flotte
Class30 en flotte

Le Class30 sera un voilier eco-conçu. Qu'entendez-vous par là ?

L'approche d'eco-conception va au-delà des choix d'équipements et des matériaux. Il s'agit également de trouver comment naviguer le plus possible. C'est ce qui est le plus intéressant de manière environnementale. Pourquoi pas investir les scolaires, les lycées. C'est ce genre d'idées plus larges sur lesquelles on a réfléchi. On souhaiterait faire un bateau un peu marquant et générationnel. On a eu pour chaque génération des voiliers iconiques qui permettaient d'avoir des expériences sur l'eau, en croisière, en course… Comme le Class8, le Muscadet… On souhaitait un renouveau.

Le cahier des charges au niveau du budget est serré. Au niveau de la construction même, il y a des solutions techniques qui existent. Utiliser de la mousse PET sur certaines parties, pourquoi pas du lin par endroit. On réfléchit pour la version Club à travailler sur un fournisseur unique de voiles avec un cahier des charges eco-conçu et un volume important. Sur les choix des matériaux, il va falloir arbitrer entre l'éco-construction, le prix et la nécessité de production et de monotype. On a une approche de "design to cost."

Le nouveau Class30
Le nouveau Class30

Pouvez-vous nous présenter ce nouveau Class30 ?

Il y aura deux versions Class 30 Club et Class 30 One Design. La première est une version orientée minimaliste sans aménagement avec de l'électronique strictement monotype pour les flottes collectives et les clubs dans le but d'une dynamique monotype. Avec une notion d'offshore qui n'existe pas vraiment à l'heure actuelle.

La deuxième est une version orientée propriétaire avec un rating compétitif en IRC et des options de performance. Un mât en carbone, plus de liberté sur les voiles, un peu plus d'électronique et d'aménagement.

C'est une même base avec deux déclinaisons.

La carène est semi-scow avec un nez pas complètement rond. C'est un mix du meilleur des deux mondes, avec de la puissance quand on est appuyé sans trop de pénalité de surface mouillée quand on n'a pas besoin de puissance. On a travaillé sur quelque chose de simple au niveau du plan de pont et de l'intérieur. C'est un bateau malin sur l'ergonomie de plan de pont, avec des réglages simples et efficaces. La descente est déportée pour n'avoir qu'un seul winch de roof – il y en a trois en tout. Il y a un spi asymétrique, sur un bout-dehors relativement simple, un réglage de foc en 3D inspiré des multicoques, léger et simple pour apprendre les réglages, des bisafrans suspendus. Le concept de quille fixe s'inspire de celle des Figaro 2 : simple à déquiller, simple à réparer dans l'optique d'une gestion Club et à transporter en mode quillage/déquillage.

Le concept structurel général et de quille est simple. Ce qui permet en IRC d'avoir une GV à corne avec plus de surface par exemple. C'est un bateau simple et fun, pensé pour de l'équipage (5 à 6 personnes) ou de la navigation à la journée ou pour 48 h.

Dans la version Club, il y aura des cadres, un réchaud. C'est l'apprentissage de la course au large avec le confort du Figaro. Faire de l'offshore, du large, c'est une manière de régater différente et pas forcément accessible aux équipages si l'on n'est pas propriétaire.

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