Portrait / Rencontre avec Arnaud Gaist : Futur concurrent de la Golden Globe Race 2022

Voilier d'Arnaud Gaist © B. Gergaud

Il sera l'un des trois seuls concurrents français à s'élancer dans la GGR 2022, la course autour du monde en solitaire, sans escale, sans moyen électronique. Portrait d'un navigateur convivial au physique de rugbyman.

En lisant Moitessier

Paris, 1991. Comme chaque jour, un jeune photographe professionnel de 20 ans prend le métro. Il a un appareil en bandoulière et le pose sur la banquette en bois. Il lit. A l'époque, pas de smartphone et les usagers somnolent, parcourent le quotidien ou parlent ensemble. Il lit ou plutôt il dévore un livre de Moitessier. Une jeune femme saute dans la rame. La porte se ferme. Les stations défilent mais Arnaud Gaist est captivé, absorbé. Et c'est là, dans un tunnel entre deux stations, qu'Arnaud Gaist prend une décision qui va bouleverser sa vie : partir ! Partir là-bas. Partir là-haut. Faire le tour du monde à la voile, sans autre but que le plaisir et le combat contre les éléments et contre soi. Ce jeune homme va alors économiser franc par franc, centime par centime. Finis les sorties, les restos, les cinémas, les vinyles, les cassettes, les vêtements neufs. Après tant de sacrifices, au bout de deux ans, il a un petit pécule et achète son premier voilier, Aux Isles Bienheureuses, un Aloa 25.

Arnaud Gaist
Arnaud Gaist

Premières navigations

L'homme n'est pas citadin. Il vient de la Tranche sur Mer et a un travail " normal " comme son futur mentor le skipper VDH était professeur de mathématiques. La mer ? Il la connaît un peu. Il a déjà pratiqué mais sans plus. Et encore, en cabotage, pas au large. Ce n'est pas un professionnel ! Aussi, quand il part pour sa première transatlantique, à 25 ans, en solitaire, il " oublie " le moteur, le radeau de survie, les cartes, un enrouleur de rechange, l'assurance… Bref, il part comme on partait à l'époque et qu'on avait l'insouciance de ses rêves de 25 ans. L'apprentissage commence. A certains moments, ça tape dur mais il continue. Un jour, en plein océan, il croise un… congélateur flottant. Il est vide mais remplit Arnaud Gaist d'un profond souci écologique - il deviendra plus tard formateur en éco-construction.

Un rugbyman au grand cœur

Arnaud Gaist, c'est d'abord un physique de rugbyman – de pilier pour être précis. Mais sous l'apparence, on découvre un mélange de doux rêveur joyeux, sympathique, un peu anarchiste sur les bords, et de compétiteur très rigoureux. " La préparation ne fait pas gagner une course mais c'est 70% du résultat. Il y a deux conditions pour la GGR : être vraiment motivé, sans se mentir, et savoir tout faire. Sur le bateau, je fais tout ce qui est important comme le régulateur d'allure. En revanche, je ne sais pas faire de soudure d'inox. " Ce père de trois enfants est un solitaire qui a hâte de se retrouver seul en mer " sans avoir à se doucher ni à se raser ". Mais c'est aussi un vrai communicant, soucieux de partager sa passion. Amarré au ponton du Vendée Globe aux Sables d'Olonne, il reçoit un matin Arnaud Boissières ou Manu Cousin, l'après-midi VDH le salue. Le soir, c'est soirée pizza avec des étudiants en Sciences Politiques de la fac de La Roche sur Yon.

Le voilier d'Arnaud Gaist
Le voilier d'Arnaud Gaist

Navigateur et lecteur

Mais surtout, chaque dimanche, Arnaud Gaist ouvre sa cabine aux curieux et discute avec les uns et les autres. Il répond chaque fois avec la même passion aux questions des enfants de la ville qui croît que les poissons sont carrés et panés ou aux vieux loups de mer qui viennent voir la " bête ", le voilier. " Et vous n'avez pas peur de vous embêter pendant ces longs mois, seul ? " demande une jeune maman très chic. " Oh non, il y a souvent des choses à faire. Et puis, je constitue une bibliothèque avec, bien sûr, du Moitessier mais aussi San Antonio. Mais on n'a pas le droit à une liseuse, donc je vais faire des choix. " Moitessier, on y revient ! D'ailleurs, ce bourreau de travail et de préparation fait sien le point de vue de son idole : si on attend d'être parfaitement préparé avant de partir, on risque de ne pas partir du tout !

Objectif : revenir aux Sables d'Olonne

Aujourd'hui, à cinquante ans, Arnaud Gaist part pour le Golden Globe Race 2022 sur un Barbican 33MK2, de 9,96 m (Conception Maurice Griffiths ; Construction Barbican Yacht construction LTD). C'est un bateau simple, robuste, gréé en cotre. Il part pour finir la course. Sa victoire serait de réaliser ce tour du monde à l'ancienne. " Le classement n'a pas vraiment d'importance. Je veux juste réaliser mon rêve. Tout le monde rêve d'aventure, de vivre dans une cabane en bois, d'aller de l'autre côté de la montagne. Mon bateau, c'est ma cabane, et le tour du monde à l'ancienne, c'est l'aventure à laquelle je pense depuis 20 ans. "

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Barbican 33 La fiche technique
9.93 mLongueur hors-tout
2.92 mLargeur - Bau
1.22 mTirant d'eau mini
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