Accident de Wingfoil pendant une simple sortie près d'une plage : les leçons à en tirer

Yves est un pratiquant très expérimenté, qui a déjà navigué dans des conditions soutenues. Pourtant, c'est lors d'une sortie a priori sans danger qu'il s'est gravement blessé. Récit et enseignements de cet accident.

Un marin et rider très expérimenté

Yves est un passionné de tout ce qui navigue. Il a découvert la voile quand il avait 10 ans, puis a passé l'essentiel de ses vacances d'été à Port Camargue :

"J'ai commencé la voile étant enfant, on a toujours navigué en voilier en famille. Puis je me suis mis au funboard. Et enfin, je navigue très régulièrement en Wing depuis 3 ans, quand le support a commencé à se démocratiser.

J'ai appris à maitriser la Wing sur différents spots, en France et aux Antilles, et dans des conditions de vent très variées. Mon quiver est assez fourni, donc je peux me permettre d'adapter parfaitement mon matériel en fonction des conditions". (NDLR : le quiver est l'ensemble du matériel d'un amateur de sport de glisse)

Une navigation ordinaire dans des conditions rêvées

Installé depuis peu en Floride, Yves organise une petite session avec son ami Franck, qui débute la Wing. Ils se rendent à Virginia Keys, qui est un spot bien connu par les locaux. Le cadre est idyllique : vent medium, sable blanc, eau chaude et cocotiers.

"C'était vraiment une petite nav tranquille, dans un spot incroyable. Ca faisait 10 minutes qu'on était à l'eau, tout se passait bien. J'avais une aile de 6 m, on envoyait gybe et tack. Puis, lors d'un tack, je suis tombé de tout mon poids sur la pointe du foil".

Un accident qui aurait pu être très grave

La chute est un peu rude, mais Yves en a vu d'autre. Mais immédiatement, il sent quelque chose d'anormal sur son pied. Il devine la gravité de la blessure :

"Je n'ai pas voulu regarder, histoire de ne pas tourner de l'œil. Fort heureusement, étant donné que j'étais avec mon ami qui débutait, je n'étais qu'à 600m de la plage. D'ordinaire, je vais beaucoup plus loin.

Je rentre à la rame sur le rivage. Je saigne beaucoup. Je garde aussi à l'esprit que les requins sont nombreux dans le secteur. Je me concentre, et je finis par arriver sur le rivage. Des coast-guards me viennent en aide et mesurent la gravité de la blessure. Ils pratiquent sur place un premier nettoyage de la plaie, qui est vraiment profonde. On me conduit aux urgences, où je reçois au total 24 points de suture, à l'intérieur et à l'extérieur du pied".

Les leçons à en tirer

Yves a eu beaucoup de chances, et en tire pour nous quelques enseignements :

"Quand j'ai débuté la Wing, j'étais tout le temps hyper équipé : casque, gilet, combi, chaussons. Avec l'expérience, on se laisse un peu griser et on prend confiance. Et on retire certains équipements au fur et à mesure.

C'est la pointe du foil qui a fait cutter. Comme je faisais un tack, la pointe du foil sortait de l'eau. Je me suis fait éjecter dans l'extérieur de la courbe et je suis tombé dessus. Si j'avais eu des chaussons, la blessure aurait été moins grave.

De plus, si j'avais été à 1 ou 2 milles des côtes, comme je le fais habituellement, je n'aurai peut-être pas réussi à rentrer à la nage avec une telle blessure. C'est un sacré rappel à l'ordre.

Maintenant, j'en ai pour 6 semaines de convalescence, en espérant que la blessure ne s'infecte pas. Car, contre toute attente, l'eau n'est pas hyper propre ici.

Mais ma vision de la sécurité a vraiment changé. Ici, il fait vraiment trop chaud pour naviguer en combi, mais je ne partirai plus sans l'ensemble chaussons, casque, lycra et gilet.

Moralité, on n'est pas à l'abri de se faire mal mais on peut prendre des précautions alors faites attention, protégez-vous. Et naviguer à plusieurs c'est tellement mieux".

Des tenues photogéniques, mais plutôt dangereuses...
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Bernard Lorenceau
Bernard Lorenceau
Chirurgien retraité, je vous affirme que 600 m de nage dans l'eau de mer, c'est l'idéal pour un premier nettoyage (mieux que la betadine et autres désinfectants).
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