Le directeur d'Exponantes revient sur le naufrage du salon des pêches de Nantes

Frédéric Jouët

Le Salon Européen des pêches de Nantes, qui vient de fermer, a connu une édition extrêmement décevante. Nous en avions fait part dans un article précédent, ce qui avait déclenché une avalanche de commentaires sur les réseaux sociaux. Frédéric Jouët, directeur d'Exponantes a tenu à s'expliquer sur cette déception collective d'après salon. Il répond franchement à nos questions et explique comment il souhaite donner un nouveau souffle au salon en 2017.

À la fermeture du salon, exposants comme visiteurs ont montré un mécontentement quant à l'organisation. Comment l'expliquez-vous ?

Exponantes a racheté le salon il y a 8 ans et dans les premières années, nous l'avons fait progresser en terme de taille et d'exposants. Il me semble important de le préciser.

Organiser un salon est compliqué. C'est une alchimie entre beaucoup de choses : les visiteurs, les exposants, la météo, les dates de vacances, le contexte économique...

Je comprends que les exposants comme les visiteurs soient les premiers déçus. Je comprends les commentaires sur les réseaux sociaux même si certains sont très durs.

Les commentaires des visiteurs sur les tarifs des stands sont déplacés. Le prix du m2 au salon reste entre les exposants et les organisateurs. Oui le salon coûte un certain prix, mais j'assume. Nous sommes une société privée, sans subventions, avec des coûts et des charges. Derrière ce tarif, nous offrons un certain confort, une forte communication et la qualité du lieu d'exposition. Pour autant, nos prix ne sont pas les plus chers par rapport aux différents salons qui existent. Même si je suis conscient que c'est un facteur qui a joué dans l'absence des petits exposants.

Au niveau du prix d'entrée pour les visiteurs, je considère que beaucoup viennent sur invitation, ils ne payent donc pas l'entrée. Et 6,50 € ce n'est pas excessif comparé à d'autres salons.

Comment expliquer l'absence des gros exposants habituellement présents ?

Cette année, Daiwa (un des trois gros leaders dans la pêche, NDLR) n'est pas venu, pourtant nous leur avons fait des propositions et la discussion a été menée jusqu'au dernier moment. Rapala, Shimano et Sensas (les deux autres leaders, NDLR) ne venaient plus depuis 2 ans. Lorsqu'un exposant décide de ne pas venir, il créé un effet domino, entrainant avec lui ses concurrents qui décident à leur tout de ne pas venir. Je n'ai pas d'explications rationnelles, ils ont des stratégies de groupe et l'Europe ne fait pas forcément partie de leur priorité.

Dans tous les cas, nous restons en discussion avec eux.

Que proposez-vous pour relancer le salon ?

Actuellement, nous travaillons avec les exposants - aussi bien ceux qui étaient présents que ceux qui étaient absents - pour trouver des pistes pour relancer le salon. Nous allons prendre en compte leurs exigences, leurs envies. Et les appliquer dans la limite de nos possibilités.

Nous avons déjà quelques pistes de réflexion : Le hall XXL est-il le bon lieu ?  La date ne doit-elle pas être déplacée ? Certaines choses sont quasiment arrêtées, mais nous attendons de rencontrer tous les exposants avant de les annoncer.

Nous travaillons également sur le contenu du salon : Doit-on rester le salon de la pêche en mer (moulinet, cannes, leurres…) ou s'ouvrir au paddle, au kayak… ?

Une erreur a sans doute été d'ouvrir ce salon de la pêche en mer, à l'eau douce. Chaque année, nous réalisons des enquêtes visiteurs et exposants. C'est ce qui nous a poussés à nous ouvrir à la pêche en eau douce. Ça n'a pas été une réussite, car nous nous sommes éloignés du cœur de ce salon qui est la pêche en mer.

Nous sommes en train de revoir la grille tarifaire pour 2017 en tenant compte des besoins des exposants, mais nous savons qu'un salon coute cher et que nous ne devons pas prendre de risque sur le plan économique.

L'équipe commerciale en place n'a pas eu assez de relations avec les exposants pour connaître leurs besoins. C'est un point aussi sur lequel nous allons aussi travailler.

Avec le temps, on a aussi laissé s'installer des pratiques qui ne satisfont pas tout le monde. Les exposants viennent sur le salon pour présenter leur produit, mais ne vendent pas. Ce sont des revendeurs présents sur le salon qui proposaient donc les produits présentés sur le salon. Mais on nous a reproché que tous les exposants ne fussent pas représentés de la même manière sur les stands des revendeurs. On va donc revoir ça pour que les produits de chaque exposant puissent être proposés à la vente correctement.

Nous avons la volonté d'écouter les exposants, les visiteurs et tous ceux qui veulent construire un nouveau salon avec nous. Pour autant, nous n'allons pas casser les prix ni ouvrir le salon à n'importe quel exposant, il faut que ça reste cohérent.

Enfin, nous voulons relever le défi de faire revenir les gros exposants, comme dans les années fastes. Ils manquaient cruellement cette année et nous en sommes les premiers désolés.

À vous écouter, nous comprenons que l'édition 2017 est en marche ?

2017 existera ! Nous allons l'enrichir, la retravailler. Le renouveau ne se fera sans doute pas en une année. Nous devons regagner la confiance des visiteurs comme des exposants. Mais nous ne baissons pas les bras !  Avant tout, je suis un pêcheur ! J'aime ce salon ! J'ai été aussi frustré et triste que les visiteurs de voir que cette édition avait été décevante.

Le salon de la pêche de Clermont-Ferrand et le Salon Européen des pêches de Nantes peuvent très bien cohabiter. Je suis persuadé qu'il faut conserver un salon de la pêche sur la façade Manche et Atlantique.

Restez à l'écoute en juin 2016, nous ferons la présentation du nouveau salon des Pêches 2017 avec beaucoup de surprises !

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