J'ai laissé mon bateau à sec au sud du Portugal : quelles leçons en tirer ?

Travail oblige, j'ai dû laisser mon voilier à sec pendant 3 mois au sud du Portugal, à Lagos. Pourtant bien préparé, j'ai eu quelques surprises à mon retour, et pas nécessairement celles auxquelles je m'attendais !

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La préparation classique pour hiverner son voilier

Nous étions en mars, et je devais laisser mon bateau, un voilier en acier de 9 mètres, tout seul, bien calé sur son ber de chantier, au sec, jusqu'à début juillet pour aller travailler. Pour partir l'esprit tranquille, j'ai procédé à tout ce qui est conventionnel et suggéré avant de laisser son bateau pour une longue période. Remplissage de la cuve à gazole pour éviter la condensation, vidange de la cuve à eau, couper l'électricité, rinçage du moteur inboard à l'eau douce, installation d'un déshumidifacteur. Bref, tout ce qui est recommandé.

Des déshumidificateurs en place
Des déshumidificateurs en place

Lagos, sud du Portugal : un climat sec, venteux et ensablé

De retour sur le bateau avec ma compagne après ces mois d'absence, la première chose qui nous a choqué est de retrouver notre navire tout ensablé. Lagos fait face au Maroc, et il n'est pas rare d'avoir du sable du Sahara qui remonte jusqu'en haut des bers du chantier. En soi, ce n'est pas très grave, mais n'est pas optimal pour le matériel. Mettre une protection sur nos winchs, par exemple, nous aurait fait économiser du temps en rentrant. Nous avons en effet dû les ouvrir, les nettoyer, car l'on voyait un peu de sable, et les regraisser.

A Lagos, il pleut très rarement et les nuages se font rares. Le vent du nord ou "Nortada" souffle tous les après-midi à au moins 20 nœuds, ce qui rend le climat très sec. Les problématiques ne sont pas les mêmes que dans un chantier humide de Bretagne ou de Galice !

Un climat sec
Un climat sec

La bonne surprise

Même au chantier à sec, il est d'usage de vérifier les fonds de cale. Et j'en sais quelque chose, j'ai déjà retrouvé une dizaine de litres de gazole et de l'eau douce dans le puisard ! En rentrant, je soulève donc les fonds de cale et là surprise : tout est sec ! Mais queque chose semble bizarre : les planchers se sont soulevés avec une facilité déconcertante. Je me rends alors compte que tout le bateau a en réalité "séché". Absolument, tous les placards, planchers et tout ce qui est fait de bois a dégonflé. Certains placards ont maintenant un peu de jeu. Notre porte type "western", qui tenait parfaitement bien grâce à deux aimants, a maintenant besoin d'être sécurisée pour ne pas s'ouvrir toute seule.

Du jeu dans les planchers
Du jeu dans les planchers
Jeu dans les planchers
Jeu dans les planchers

Les tongs ont fondu

Si la mésaventure n'est pas grave, elle peut servir de leçon pour tout matériel laissé sur le pont. J'avais laissé mes claquettes dans le cockpit. Lorsque je les ai vues, je ne les ai pas reconnues : elles avaient littéralement fondu et avaient perdu la moitié de leur taille. En plein soleil, le bateau a dû subir des températures avoisinant les 50 à 60 degrés. Le bateau étant en acier, il peut stocker la chaleur, s'il n'est pas mis à l'abri du soleil.

En avril, ne te découvre pas d'un fil

Si au niveau de l'intérieur du bateau, tout était mieux qu'attendu et tout avait séché, y compris la plante... , à l'extérieur c'est une autre surprise qui nous attendait. Le bateau étant immobile, les rayons du soleil ont tapé de jour en jour au même endroit. Juste avant de partir, nous avions refait de jolis tauds latéraux de cockpit. Le cordage qui les maintient a tout simplement cramé. Toutes les jolies boiseries extérieures, pourtant peintes avec du vernis marin extérieur, ont été abimées. Il n'y a plus qu'à tout refaire.

Cordage cuit au soleil
Cordage cuit au soleil

Si c'était à refaire

En laissant le bateau pendant une si longue période, nous étions préparés mentalement à retrouver le bateau humide, avec de la rouille, des connexions oxydées... Mais c'est tout l'inverse qui s'est produit : nous avons retrouvé notre bateau asséché.

Si c'était à refaire, nous aurions bien évidemment tout bâché. Mais il faut être méticuleux, car le vent souffle fort et le risque est de tout voir s'envoler, ou pire faire tomber le bateau. Le plus judicieux est donc de tout rentrer, y compris par exemple le génois sur enrouleur que nous avions laissé à poste, "par flemme". Et ce qui ne peut pas être rentré à l'intérieur, comme les boiseries, de les couvrir avec une bâche.

En conclusion, pour un bateau qui a besoin d'être asséché, par exemple à cause de l'osmose, cela peut être une vraie bonne idée de venir passer un printemps et un été à sec à Lagos.

A l'heure de remettre à l'eau, il reste à espérer que les joints de passe-coque, entre autres, ne se sont pas trop asséchés non plus !

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Behier Jacques
Behier Jacques
Dans ce type d’hivernage qui est très courant en Grèce. Les chantiers interdisent de laisser le génois à poste. En effet par fort vent il risque de s’ouvrir et d’entrainer la chute du bateau et par effet domino les autres bateaux voisins. Le problème du sable se manifeste sur toute la méditéranée c’est la raison pour laquelle il est inutile de le laver avant de partir. Pour trois mois ce n’est pas très utile mais pour un hiver complet il est recommendé de ranger tout les bouts et de rentrer les drisses dans le mat. Attention également aux coutures du lasy bag qui risque de «bruler » surtout celle de la fermeture éclair (prévoir de taud de lasy Bag (sans orifices pour les lasy) si on laisse la GV à poste.
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