Navigations en Ecosse dans les Hébrides intérieures : entre îles, courants et distilleries.

Île de Gigha, Hébrides extérieures, Ecosse

Quelques 45 miles nous séparaient du nord de l'Irlande au Sud de l'île d'Islay, en Ecosse. Si ces deux pays sont proches de part leur géographie et leurs cultures, la navigation y est pourtant très différente. Nous sommes mi-juillet et après une ascension un peu "sport" de la côte Ouest irlandaise à jouer à cache-cache avec les coups de vents, la mystérieuse Ecosse dessine d'ores et déjà un programme débordant de belles promesses ...

De l'Irlande à l'Ecosse, une traversée estivale du canal Saint Georges

Ce fut une traversée des plus paisible pendant laquelle nous avons pu observer les mères guillemot de Troïl et pingouin Torda en pleine leçon d'éducation de leurs derniers nés.

Mères Guillemots et pingouins Torda avec leurs petits
Mères Guillemots et pingouins Torda avec leurs petits

Côté météo, on se serait cru en Méditerranée avec le luxe en prime de ne pas souffrir de la chaleur. C'est à la fois grisant et déroutant de se dire qu'en l'absence de paysage, une simple ligne d'horizon pourrait vous permettre de vous sentir n'importe où sur le globe. Le rappel à la réalité réside finalement, en premier lieu, dans la température de l'air et de l'eau ...

En l'absence de poste douanier, le passage de la frontière se concrétise par un changement de pavillon national, au bon soin du capitaine. Doit-on, en plus du pavillon écossais, ajouter le pavillon anglais ? "Yes Sir".

Hisser les pavillons en franchissant une frontière invisible
Hisser les pavillons en franchissant une frontière invisible

Les falaises du Sud Est de l'île d'Islay nous accueillent de manière presque cérémonieuse : trônant au dessus d'une mer belle et coiffée de massifs de bruyère sombres, nous longeons la côte, dévorant des yeux chaque détail du paysage de cette nouvelle contrée.

Côte Est de l'île d'Islay, cap sur Port Ellen
Côte Est de l'île d'Islay, cap sur Port Ellen

Nous faisons cap sur Port Ellen, notre première escale en terre écossaise. Nous passerons cette nuit dans le mouillage confortable de la baie faisant face au port, à quelques encablures du phare de Carraig Fhada. Le cadre est idyllique : d'un côté le phare suivi d'adorables petits cottages puis une forêt dense laissant place à la lande couleur parme au coucher du soleil. De l'autre côté, Port Ellen, sa distillerie et la gare maritime viennent compléter le décor.

Le phare de Carraig Fhada
Le phare de Carraig Fhada
Port Ellen vu du mouillage, au coucher du soleil
Port Ellen vu du mouillage, au coucher du soleil

Dès le lendemain matin, nous quittons le mouillage et nous amarrons à un catway de la marina, direction les sanitaires, en quête d'une douche chaude. Il faut dire qu'à moins de s'aventurer au fin fond de certaines baies irlandaises dont il fallait pouvoir ensuite ressortir, le Donegal ne nous avait pas donner l'occasion de nous doucher depuis une bonne quinzaine de jours... L'heure tant attendue était donc venue. Malheureusement, nous arrivons après "la bataille" et le ballon d'eau chaude un peu sous dimensionné, s'avérera désespérément vide ...

En revanche, nous avons particulièrement apprécié la tranquillité de la ville où nous avons pu faire un complément d'avitaillement à des prix très corrects. La baie du port est un lieu de promenade et de rendez-vous où nous avons improvisé un barbecue, comme d'autres familles venues profiter de la douceur de la soirée.

Le village de Port Ellen
Le village de Port Ellen
Barbecue improvisé, village de Port Ellen
Barbecue improvisé, village de Port Ellen

Gigha, la perle des Hébrides intérieures

Dès le lendemain, nous quittons Port Ellen pour l'île voisine de Gigha. Cette navigation de 20 milles nous fait traverser à la perpendiculaire le Sound de Jura dans lequel un fort courant est impérativement à prendre en compte. Nous prenons volontairement un cap plus Sud afin d'effectuer une sorte de cuillère épousant le Sud de l'île afin de rejoindre "tout shuss", le port d'Ardminish, sur la côte Est.

Ferry inter îles, ici au Sud de Gigha
Ferry inter îles, ici au Sud de Gigha

Le port est constitué d'un unique ponton le long duquel quelques voiliers sont amarrés, d'autres ont pris des coffres. Nous optons pour le mouillage dans un petit renfoncement entre le sud du ponton et un îlot fréquenté par les loutres. Nous nous rendons sur l'îlot en annexe, en pagayant doucement. À quelques mètres de nous, un phoque tout proche nous surprend par sa présence : sa fourrure est parfaitement mimétique avec le rocher qu'il occupe. En accostant sur l'îlot, nous découvrons des coquillages vides, des pinces de crabes grignotées ça et là et des déjections un peu partout. Par la suite, ce sera grâce à ces indices que nous reconnaîtrons au premier coup d'oeil le territoire de ces timides et discrètes "fées aquatiques".

Verdoyante et bucolique : Gigha, la perle des Hébrides intérieures
Verdoyante et bucolique : Gigha, la perle des Hébrides intérieures
Unique ponton du port d'Ardminish, Gigha
Unique ponton du port d'Ardminish, Gigha

Nous rejoignons ensuite le ponton, toujours en annexe. La visite du jardin botanique d'Achamore Gardens est une balade incontournable à Gigha.

Jardin botanique d'Achamore Gardens, Gigha
Jardin botanique d'Achamore Gardens, Gigha

Certaines espèces tropicales se plaisent particulièrement sur cette île où la douceur du climat leur permet de s'épanouir. Depuis le point culminant du jardin, nous pouvons admirer la partie Ouest de l'île, le Sound de Jura et en arrière plan, les îles d'Islay et de Jura. Ces deux îles aux hauts reliefs ne sont séparées que par l'étroit Sound d'Islay dans lequel le courant peut atteindre jusqu'à 5 noeuds.

Vue imprenable sur le Sound de Jura
Vue imprenable sur le Sound de Jura

Les conditions météo des prochains jours ne nous permettront malheureusement pas d'emprunter ce fameux Sound, au bord duquel se trouve une des distilleries les plus connue d'Islay : Caol Ila.

Au coucher du soleil, nous ne résistons pas à prendre place sur la terrasse de l'unique pub en pierre, les "pieds dans l'eau". Depuis notre table, surplombant la plagette de sable blanc, les enfants jouent, pêchent à l'épuisette dans une eau claire et le paysage au loin s'enflamme.

Le pub de Gigha
Le pub de Gigha

Le lendemain nous appareillons pour l'île de Jura. Le port de Craighouse est à moins de 20 milles et là encore, puisque nous retraversons le Sound en sens inverse, le décryptage de la carte des courants et le respect des horaires de marées s'imposent. D'ailleurs, par la suite, toutes nos navigations écossaises s'organiseront ainsi : le point météo matinal définira où l'on peut se rendre puis les heures de marées et le sens des courants rythmeront nos journées. Les sounds sont de véritables "tapis roulants" que l'on emprunte forcément au bon moment selon la destination choisie.

Les renverses donnent lieue à d'impressionnants "bouillons" dans lesquels le bateau peut devenir compliqué à manœuvrer. Même l'étale n'est pas un moment de tout repos !

Fort courant dans le sound de Jura
Fort courant dans le sound de Jura

Jura : grandiose, inspirante et d'un autre temps.

Alors que la matinée était belle, le ciel s'assombrit, la mer s'agîte, mais tenu par l'horaire de marée à respecter, nous embouquons le Sound avec un vent fraîchissant.

Jura, sauvage et inspirante
Jura, sauvage et inspirante

3 heures après, nous sommes concentrés sur la tenue de la barre afin de passer correctement les balises d'entrée du port. Une fois à l'intérieur de la baie, le plan d'eau est moins "nerveux" et à mesure que nous progressons vers le rivage, la surface se lisse. Nous slalomons entre les voiliers venus s'abriter et mouillons dans 5 mètres de fond. Déjà, l'île de Jura nous impressionne : de la lande à perte de vue, des sommets vertigineux, un village d'un autre âge.

Près du petit quai en pierre, des barques au bordage à clin, quelques maisons, deux, trois commerces, un hotel abritant un pub et la distillerie du whisky Isle of Jura. Cette distillerie qui se visite est la principale source d'activité sur cette île d'une superficie de 368 km2 pour environ deux cents habitants.

La distillerie Isle Of Jura
La distillerie Isle Of Jura

Il existe une route sur l'île mais toutes les habitations ne sont pas facilement desservies. Jura est notamment connue, en dehors de son excellent whisky, car c'est là que Georges Orwel y a écrit son célèbre roman "1984".

Cette île mérite d'être visité en randonnée ou à vélo. Si le temps nous manque pour l'explorer comme il se doit, le Loch Tarbert nous a été chaudement recommandé pour sa sauvage tranquillité. Les conditions météo ne nous permettant pas de nous y rendre cette fois-ci, nous remettons à plus tard ce mouillage de la côte Ouest.

Nous quittons, à regret, l'île Jura en nous jetant dans le Sound, cap au nord. Nous devons nous rendre à Oban dans quelques jours. D'autres escales nous attendent d'ici là ...

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