Le Vaurien, premier dériveur populaire

Le Vaurien

Le Vaurien est un dériveur à bouchain construit en contreplaqué qui révolutionna la plaisance. Dessiné en 1951 par le grand navigateur et architecte Jean-Jacques Herbulot pour l'école de voile des Glénans, il va permettre à la voile de devenir populaire.

Un bateau simple à utiliser et économique

À l'heure où la plaisance est appelée yachting et réservée à une élite fortunée, le célèbre architecte et navigateur Jean-Jacques Herbulot va bouleverser les codes. On est en 1951, année de naissance du Vaurien, un dériveur monotype léger et économique construit en contreplaqué.

À l'origine, construit à la demande de Philippe Vianney, fondateur de la célèbre école des Glénans, le Vaurien a démocratisé la navigation de plaisance. Au lancement des Glénans, l'ancien résistant se fait offrir quelques Argonautes, bateau-école dessiné par Jean-Jacques Herbulot pendant la guerre, mais celui-ci ne plait pas.

Des débuts aux Glénans

Philippe Vianney demande alors à l'architecte de lui dessiner un bateau, simple à utiliser par les débutants et économique à produire et à acheter. Le contreplaqué répond parfaitement à cette philosophie et c'est de ce matériau que naitront les Vauriens. Pour le tarif, celui-ci ne devra pas dépasser le prix de deux vélos. Le dériveur s'affiche donc au tarif de 55 000 F (aujourd'hui 1603 €), soit quatre fois et demie moins cher que le Sharpie, premier dériveur du marché, d'une longueur de 9 m.

La longueur est fixée à 4,08 m — la longueur des feuilles de contreplaqué d'après-guerre — et le premier exemplaire est construit dans le salon parisien de l'architecte. Il doit son nom à un chien qu'affectionnait particulièrement J-J Herbulot. Le premier Vaurien navigue tout l'été 1952 aux Glénans avec une voile de Firefly et un foc d'Argonaute.

Le succès au Salon Nautique

Le 2e exemplaire est construit à la demande de la revue "Les Cahiers du Yachting." Il est exposé au Salon Nautique d'octobre 1952, sur les berges de Seine et son succès est immédiat. Tout est réuni pour plaire, le Vaurien est léger, facile à manier et possède des lignes contemporaines avec une étrave quasi droite, une forme de carène relativement tendue pour l'époque et un maitre-bau relativement constant avec beaucoup de largeur à l'avant. Mais surtout, son tarif est abordable !

Au vu du succès rencontré par le dériveur, Philippe Vianney prit la décision de faire construire 100 premières unités au chantier Costantini de La Trinité sur mer. La voilerie Le Rose de Concarneau se lança dans la production de voiles en série. Jamais auparavant un bateau n'avait été construit de cette manière, puisque dans les années 50, ils sont construits à l'unité. Avec le Vaurien naquit la production en série.

La naissance de l'AS Vaurien, l'association française des propriétaires de Vaurien

Les 100 unités se vendirent comme des petits pains et 100 nouvelles unités furent construites. Fin 1953, 200 Vauriens naviguaient, entérinant la naissance de l'ASVaurien, pour la surveillance de la série.

Un an après, 400 bateaux étaient sortis des chantiers et le premier Championnat national, organisé à Bénodet en 1954, connut un tel succès que l'ASvaurien demanda à la F.F.Y.V. un Championnat de France de série pour 1956, qui lui fut accordé.

Une expansion rapide

La série connait un développement extrêmement rapide. Car s'il est à la base un bateau-école, sa simplicité et son tarif attractif en font un véritable phénomène de société. De nombreux particuliers en font leur bateau de promenade tandis que nombreuses écoles de voile se développent grâce à lui. Nombre de navigateurs ont découvert la navigation grâce à ce petit dériveur de 4,08 m et de nombreux adeptes n'auraient sans doute jamais navigué sans lui.

Le Vaurien s'exporte

En 1957, le Vaurien commence à se répandre à l'étranger : 80 bateaux en Suisse, 25 en Belgique. En France, le nombre de Vauriens immatriculés dépasse les 2000. Un an plus tard, 1000 nouveaux bateaux sont construits et le Championnat de France attire toujours plus de monde, avec 100 participants.

Changement dans la fabrication

En 1965, le Vaurien est construit en polyester, mais son utilisation est principalement réservée aux clubs de voile. La série à continuer d'évoluer et avec l'avènement du plastique, les caissons de flottabilité, les mâts en aluminium, le spinnaker, et une libéralisation de l'accastillage ont été autorisés.

Aujourd'hui, on recense 36 319 numéros de voile attribués par la classe on retrouve des Vauriens un peu partout dans le monde, comme l'attestent les championnats du monde annuels qui rassemblent environ 100 bateaux d'une dizaine de nationalités. Nombre de grands marins ont débuté en Vaurien, à l'image d'Éric Tabarly, de Philippe Poupon, des frères Pajot ou encore de Jean Le Cam.

Une construction amateur

Au début des années 2000, l'AS Vaurien vend environ une quinzaine de plans destinés à la construction amateur. En 2019, il est toujours possible de construire son propre bateau pour un budget de 700 à 1000 € et une durée de construction de 200 à 300 heures.

Les différents types de Vauriens

Le Vaurien est un bateau idéal pour apprendre à barrer et à régater. Sa coque à bouchain possède un plat-bord étroit jusqu'au tableau arrière et un pontage avant assez court, placé très en avant du mât et terminé par une hiloire. L'arrière est ouvert est pensé pour accueillir un moteur hors-bord, mais permet aussi d'embarquer facilement, notamment depuis une plage. La dérive se relève simplement pour éviter un obstacle et l'arrière de la quille porte un aileron de protection.

Le cockpit est plutôt spacieux et permet d'accueillir quatre personnes en balade. Le gréement sloop possède une bôme haute, le mât est soutenu par une paire de haubans et de barres de flèches.

Le Vaurien "Tradition"

On parle ici des Vauriens d'origines (ou semblables en tout point aux originaux), dessinés par Jean-Jacques Herbulot et doté d'un gréement bois ou aluminium qui respectent le plan de voilure d'origine. Leur coque est en bois, mais peut aussi être une des toutes premières en polyester (Spair Marine, AMC…).

Caractéristiques :

  • Longueur : 4,08 m
  • Largeur : 1,48 m
  • Poids : 95 kg (poids total)
  • Grand-voile : 5,60 m²
  • Foc : 2,50 m²
  • Spi : 8,10 m²

Le Vaurien "Classique"

Ce modèle reste fidèle aux lignes dessinées par Jean-Jacques Herbulot. Ses voiles datent d'avant la modification de 2009, que l'on retrouve sur le vaurien moderne. Sa coque est en bois ou en polyester.

Caractéristiques :

  • Longueur : 4,08 m
  • Largeur : 1,48 m
  • Poids : 73 kg (coque seule)
  • Grand-voile : 5,60 m²
  • Foc : 2,50 m²
  • Spi : 8,10 m²

Le Vaurien "Jauge 2009"

C'est le Vaurien moderne, évolution du dériveur classique dessiné par Jean-Jacques Herbulot. Il dispose d'un nouveau plan de voilure (avec grand-voile à corne, foc et spi agrandis) adopté par la série depuis 2009.

On trouve dans cette catégorie des bateaux performants, qu'ils soient en polyester ou construits à la main avec une coque en bois.

Caractéristiques :

  • Longueur : 4,08 m
  • Largeur : 1,48 m
  • Poids : 73 kg (coque seule)
  • Grand-voile : 7,60 m²
  • Foc : 2,90 m²
  • Spi : 9,40 m²
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Pour aller plus loin
Vaurien La fiche technique
1.48 mLargeur - Bau
0.12 mTirant d'eau mini
95 kgDéplacement lège
Voir la fiche technique du Vaurien
Réagir à cet article
Patrick Herman
Patrick Herman
J'adore ce bateau!
Eric Marin
Eric Marin
Mythique
Guy Capra
Guy Capra
J'en ai 3 en bois ("Tradition") qui attendent que j'ai le temps de m'en occuper...
Christian Tavernier
Christian Tavernier
moi aussi j'ai débuté en vaurien ,que de bon souvenirs ,aujourd'hui j'ai soixante sept ans et je navigue sur sun 2000
Philip Renaud
Philip Renaud
Le notre datait de début 60, il ne reste plus que ses belles voiles rouges dont l'éclat semble intact ... Voilerie Lerose bien sur !
Gilles Leprevost
Gilles Leprevost
Philip Renaud  avez-vous toujours vos voiles et sont-elles à vendre ?
André Martel
André Martel
Est-ce qu'il y a des constructeurs amateurs qui affichent l'évolution de leur construction sur le web?
Marc Navellou
Marc Navellou
Désolé de contredire une "vérité" répétée partout : le premier vaurien n'a pas été construit à Paris à l'initiative de l'Ecole des Glénans ! Dans "Les chantiers Aubin, des hommes de coeur, des hommes de savoir", livre de Marie-Anne Aubin dont j'ai eu le plaisir de réaliser la maquette, on peut lire page 70 : "Alain Coyaud commande (...) le N° 1 du Vaurien (architecte J-J. Herbulot) et l'expose au Salon Nautique (janvier 1952). Ce sera le seul exemplaire construit par le chantier. Le bruit a couru que le Centre des Glénans avait fait naviguer un Vaurien tout l'été précédent. En fait, cette construction "en marge" n'est intervenue qu'à l'hiver 52, donc postérieurement à notre exemplaire (...)."
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