Disparition d'Alain Chapoutot, marin inventeur

Alain Chapoutot a tenté d’imposer la voile épaisse dès les années 1970. © Emmanuel van Deth

Ingénieur convaincu depuis les années 1970 de l'intérêt de la voile épaisse, ce Géo Trouvetou n'a pas vraiment profité de la reconnaissance du monde du nautisme. C'est pourtant un excellent marin et un homme engagé qui a disparu le 26 janvier 2019 à l'âge de 73 ans.

Pendant l'été 2015, notre essai de Tio, la goélette prototype d'Alain Chapoutot conçue pour faire naviguer des handicapés, avait bien mal commencé : un taquet de drisse arraché, et… la grand-voile qui s'était écroulée en vrac sur le pont. De là à écrire que son concepteur Alain Chapoutot n'a pas tout le temps eu de la chance… nous n'irons pas jusque-là puisque dix jours plus tard, notre essai s'était finalement bien passé.

Le marin inventeur, malgré ses 70 ans, était resté vif et a conservé intacte sa passion de naviguer. Et il a démarré très tôt et très fort : tout jeune ingénieur, il part sur l'eau à bord de la goélette – déjà - Vendredi 13 (lire l'histoire du bateau). Cette coque de 39 m dessinée par Dick Carter a été lancée en 1972. Très novatrice pour l'époque, elle est réalisée en sandwich mousse polyuréthane et propulsée par trois focs – un sur chaque mât. Le bateau, mené par Jean-Yves Terlain, termine deuxième de l'Ostar, derrière Pen Duick IV, skippé quant à lui par un certain Alain Colas. Pour financer le bateau, Terlain décide d'exploiter le voilier en charter de luxe, en Guadeloupe, au départ de Sainte-Anne. C'est alors qu'Yvon Fauconnier et Alain Chapoutot entrent en scène comme co-skippers.

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Jean-bertrand Mothes-massé
Jean-bertrand Mothes-massé
Bonjour à tous, Un dernier Kenavo à notre ami Chapoutot, toute une génération, dont je fais partie, qui a cherché à innover, à traverser les océans et les aventures. Une petite précision tout de même, car il ne convient pas de réécrire l'histoire en fonction de ce que l'on veut démontrer. Patrice Carpentier, lors de la Route du Rhum 1982, a bien embarqué une grand-voile épaisse à bord de son Sun Shine Spra I. Il y avait 3 Sun Shine engagé par le chantier Jeanneau, l'un pour Patrice, le second pour son frère Jean-Michel (SPRA II), et un troisième pour ma pomme (DIRICKS). Ces bateaux sistership avaient un défaut de construction au niveau de la jonction aileron porte safran. Jean-Michel a eu la chance que la voie d'eau se déclare très vite quelques jours après le départ, entrainant son abandon le 13 novembre. Patrice n'a eu aucun problème et a pu ainsi effectuer une course normale. Quant à moi, le défaut est intervenu une fois passé les Açores, alors que j'étais devant Patrice de plus de 150 milles d'avance. J'ai du pomper une heure toutes les trois heures pour maintenir la bateau à flot, épuisant, et petit à petit, Patrice m'a rattrapé et devancé sur la ligne de 1 h et 15 mn. S'il avait "navigué toujours un demi-noeud plus vite", comme vous le dites, il aurait du avoir plus de 280 NM d'avance.... Mais il n'en demeure pas moins que Alain était un inventeur et précurseur de génie, avec une volonté humaniste à toute épreuve.
Emmanuel Van deth
Emmanuel Van deth
Bonjour, merci pour votre commentaire ! J'ai ajouté des guillemets à ce constat d'Alain. Je suppose qu'il évoquait des performances dans le cadre d'un speed test, loin des aléas de la course au large. Avaries, justement, mais également trajectoire, préparation du bateau, gestion du sommeil, de la surface de toile... Reste que le résultat de Patrice semble valider le fait qu'une grand-voile épaisse est un plus en termes de performances.
Christian Quoniam
Christian Quoniam
Bonjour, juste une petite précision : Alain CHAPOUTOT a très peu navigué sur la goélette Magie Noire, et jamais en tant que skipper. Les navigations avec des jeunes en difficulté ont été effectuées par moi, en tant que skipper-propriétaire. Cela n'a pas grande importance, mais tant qu'à faire, autant être précis !
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