Conflits autour de Vendredi 13 : 2 ans de rénovation tombés à l'eau

Le chantier du Vendredi 13 © Rêves de Sens

L'association Rêves de Sens, qui a pris en charge la rénovation du célèbre voilier Vendredi 13 pour le compte du musée de la Mer et de la Marine de Bordeaux, tire la sonnette d'alarme sur l'avenir du bateau. Par faute de moyens et dans une relation conflictuelle avec le propriétaire, elle est obligée de stopper le chantier…

La déchéance d'un voilier de course au large

En août 2016, nous apprenions que le mythique voilier Vendredi 13 avait été racheté par Norbert Fradin, pour retrouver sa fierté d'antan. C'est l'association Rêves de Sens qui avait été désignée pour réaliser les travaux de rénovation. Mais depuis, les deux parties sont en désaccord et la restauration du bateau en sursis.

Vendredi 13 est le nom du magnifique trois-mâts imaginé par le navigateur Jean-Yves Terlain en 1972. D'une longueur de 39,13 m, il est à l'époque le plus long voilier de course au large jamais construit pour une transat en solitaire, et qualifié d'impossible à naviguer par un seul homme. Il termina pourtant second de l'Ostar en 1972 puis participa à la course de 1976 et à la première édition de la Route du Rhum, en 1978, avec Yvon Fauconnier comme skipper. (lire : Vendredi 13, superstition ou bateau ?)

Le voilier abandonne ensuite sa carrière de coursier au large pour être réaménagé pour les croisières de luxe dans les Antilles. Viendront à son bord de grands marins comme Olivier de Kersauson, les frères Peyron, Yvon Fauconnier, Titouan Lamazou, Eugène Riguidel ou encore Florence Arthaud...

Dans les années 90, il revient alors à Bordeaux pour être exposé au Conservatoire de la Plaisance. Mais il finit malheureusement sa vie abandonnée sur le parking de la base des sous-marins en 1994. Depuis, la coque gisait sur le parking, squattée et vandalisée.

Un appel d'offres pour reprendre le bateau

En 2013, un appel d'offres est organisé par la mairie de Bordeaux pour la reprise du Vendredi 13 (ainsi qu'un lot complet d'autres bateaux). Bertrand Quentin, président de l'association Rêves de Sens, qui a déjà à son actif la rénovation du trimaran Côte d'Or II de Tabarly, se positionne pour racheter les bateaux de l'ancien Conservatoire International de la Plaisance (CIP) de la ville de Bordeaux.

Mais c'est finalement Norbert Fradin qui obtient le rachat du lot. D'après l'association Rêves de Sens, "il souhaite découper la longue coque noire en deux dans le but d'en faire une pièce de projection et la pièce principale du futur Musée de la Marine et de la Mer."

L'association Rêves de Sens se positionne pour rénover le bateau

En juillet 2015, Bertrand Quentin réussit à convaincre le propriétaire que le "13" pouvait et devait être sauvé et ainsi reprendre la mer. Ils passent alors un accord contractuel pour la mise en route du chantier. (lire : Le Vendredi 13 sauvé et bientôt restauré). "Malheureusement, toutes les démarches de recherche de fonds, de communication, de partenariats lancés par l'association ont été systématiquement bloquées", explique l'association dans un communiqué.

Le chantier est donc obligé de stopper les travaux, faute de moyens. "Malgré tous les efforts de Rêves de Sens qui travaille d'arrache-pied sur le chantier depuis un an et demi déjà, le propriétaire du bateau entrave toute initiative qui permettrait à l'association de lancer des appels aux dons et partenariats. Elle se trouve même dans l'obligation de s'endetter auprès du propriétaire, qui exige des délais intenables" continue l'association dans son communiqué.

Pourtant, le propriétaire souhaite que le bateau soit prêt à naviguer pour la Fête du Fleuve de Bordeaux 26 mai au 4 juin 2017)...

Renégocier le contrat et sensibiliser l'opinion publique

Le 16 février dernier, l'association a fait parvenir à Norbert Fradin un dossier d'expertise (historique du partenariat, tableau financier, ainsi qu'une proposition d'un nouveau cadre contractuel).

"Le tableau financier fait apparaître que la part d'investissement de l'association atteint à ce jour plus de 80 % de l'investissement réalisé pour la restauration (soit 431 000 € contre 89 600 €). Dans ce contexte, la nouvelle convention de partenariat proposée tient compte de cette part d'investissement et profite équitablement aux deux parties. À ce jour, ce document transmis le 16 février 2017 est toujours sans réponse".

D'après l'association, la coque du Vendredi 13 risque d'être déplacée dans un endroit non divulgué. "Cette nouvelle démontre clairement que l'avenir du voilier peut être compromis. Le patrimoine de la voile perdrait ainsi une pièce d'exception. Chacun des membres de l'association, dont certains ont travaillé à plein temps et bénévolement depuis le début du chantier espèrent toutefois que le Vendredi 13, mémoire vivante de notre patrimoine maritime et de l'histoire de la course au large, n'a pas encore fini de faire parler de lui" conclue Rêves de Sens.

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