Comment naissent les cordages des bateaux ?

© Corderie Meyer Sansboeuf

Les bouts courent partout sur les ponts de bateaux, ils ont d'innombrables applications plus ou moins spécialisées. Certains sont extrêmement résistants, d'autres très élastiques. Seulement, savez-vous comment ils sont fabriqués ? De la molécule aux filaments, de la bobine au bout, voici comment naissent les cordages.

La matière de base

La base de la fabrication d'un cordage moderne, c'est la fibre synthétique. Elle sera polyamide, polyester, aramide ou polyéthylène. L'industrie a développé une très large gamme de matériaux appropriée à chaque utilisation pour répondre aux besoins de performance et de sécurité.

Un bout qui circule sur le pont d'un bateau, c'est d'abord des molécules développées et transformées par de grands laboratoires chimiques, comme Dupont de Nemours. Les découvertes majeures en la matière remontent aux années 1930. Les laboratoires de chimie mettent au point des matières textiles synthétiques qui créent une véritable révolution technologique.

L'industrie du cordage s'empare rapidement de ces matériaux dorénavant disponibles sous la forme d'immenses bobines de fils plus fin qu'un cheveu. Avec des machines de tressage, les corderies toronnent et tressent des cordages en polyester, en polyamide, ou encore en polypropylènes. Ces fibres plus anciennes et plus économiques que les "fibres exotiques" sont particulièrement répandues à bord de nos bateaux.

A bord des bateaux, on dispose de bouts de toutes tailles et de divers matériaux.
A bord des bateaux, on dispose de bouts de toutes tailles et de divers matériaux.

Sous quelle forme naissent les bouts ?

Les industriels de la chimie transforment les fibres synthétiques en d'immenses bobines de fils continus ou discontinus.

La fibre discontinue se reconnait par un aspect et un toucher cotonneux et mat. Les fibres d'une quinzaine de centimètres s'entrelacent pour former un filament. C'est la matière idéale pour fabriquer une gaine offrant une bonne préhension et un toucher agréable.

La fibre continue, comme son nom l'indique, est ininterrompue. Elle présente un aspect lisse et brillant. Ces filaments sont plus solides et tenaces que les fibres discontinues. C'est la matière parfaite pour constituer une âme solide ou une gaine qui glisse bien dans les réas.

Le tressage et le toronnage

Les corderies sont des industries mécaniques impressionnantes. D'imposantes machines aux mouvements complexes manipulent automatiquement des bobines de filaments et les transforment en cordage divers et varié. Les techniques ne cessent d'évoluer et les fabricants innovent pour répondre aux nouvelles demandes et applications.

La machine tresse la gaine autour de l'âme.
La machine tresse la gaine autour de l'âme.

La méthode du tressage consiste à entrecroiser des filaments dont une partie tourne dans le sens des aiguilles d'une montre et l'autre moitié dans le sens inverse. La gaine d'un cordage est toujours tressée alors que l'âme peut parfois être constituée de fils parallèles sans tressage voire d'enroulement filamentaire pour les gréements textiles. Cependant à bord de nos bateaux de plaisance, la majorité des bouts est composée d'une gaine tressée autour d'une âme, elle aussi tressée.

Une tresse est formée de 8 à 32 fuseaux. Le nombre de fuseaux d'une gaine déterminera la raideur du cordage, pour une drisse par exemple on choisira 32 fuseaux afin d'assurer une bonne tenue dans les bloqueurs.

Le toronnage est la plus ancienne des techniques de confection de cordage. Du temps de Magellan et Colomb, la maitrise de la fabrication des cordages permit de développer des flottes de vaisseaux capables de partir à la découverte du monde. On peut faire la visite de la Corderie Royale au musée de l'arsenal maritime de Rochefort afin de découvrir les méthodes de fabrication de cordages marins atteignant 200 m.

Métier pour commettre les cordage ancien à la Corderie Royale de Rochefort
Métier pour commettre les cordage ancien à la Corderie Royale de Rochefort

La réalisation d'un cordage toronné consiste à assembler des fibres entre elles en les tordant dans un sens, ce sont les torons. Les torons sont ensuite réunis et tournés en sens inverse, c'est le commettage. C'est avec un minimum de 3 torons que l'on peut réaliser un cordage. Cette technique de fabrication est la plus simple et économique. Sur nos bateaux, les bouts toronnés sont essentiellement utilisés en amarres pour leur capacité à s'allonger sous charges en encaissant les à-coups.

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