Edito / Sécurité et tempêtes : La course au large était-elle vraiment "mieux avant" ?

Départ de la Mini Transat 2021 © Alexis Courcoux

Comme chaque automne, la course au large fait face à son lot de polémique autour de la météo et de la sécurité. Entre invocation du "sens marin" et des "navigateurs aguerris", les discours oscillent entre nostalgie et regrets d'un bon vieux temps. Mais était-ce vraiment mieux avant ?

Le front de la discorde

Les départs des grandes épreuves de course au large coïncident souvent avec l'arrivée des premières tempêtes automnales. En ce mois de septembre 2021, la Mini Transat n'a pas dérogé à la règle. Après un premier report du départ d'une journée face à l'arrivée imminente d'un 1er coup de vent, les skippers ont pu larguer les amarres. Mais, c'était sans compter un deuxième épisode avec un front virulent qui allait cueillir le gros de la flotte au large du Cap Finisterre. Face à cela, la direction de course a conseillé aux navigateurs de mettre leurs bateaux, de seulement 6,50 m, faut-il le rappeler, à l'abri dans les ports espagnols. Eole n'a pas été le seul à souffler en rafales. Une mini tempête médiatique s'est levée, avec des paroles dures pour les marins en course : "Ces comportements correspondent davantage à l'esprit d'un rallye comme l'Arc, que d'une course au large !!" affirmait Yvan Bourgnon.

Tous les skippers de retour à la maison

Alors certes, la notion d'aventure dans la course au large a évolué. Mais le rapport à la sécurité et au risque, en mer comme à terre a évolué, comme on a pu le voir dans d'autres domaines au cours de la crise sanitaire. On peut également citer le poids de la société et de ses exigences qui pèsent sur les épaules des organisateurs, qui paieraient cher, à la fois médiatiquement, économiquement et potentiellement pénalement la mort d'un marin.

Faut-il pour autant céder au "c'était mieux avant" ? La dernière disparition d'un marin lors d'une course au large remonte à de nombreuses années. Le sauvetage de Kevin Escoffier lors du dernier Vendée Globe nous a rappelé que cela restait possible, mais les statistiques des dernières courses ne mentent pas. Il y a moins d'accidents. Alors, à mon humble avis de passionné, non coureur au large, jeune con pour certains mais qui se souvient de débats déjà similaires il y a plus de 20 ans lors du Vendée Globe 2000, non ce n'était pas mieux avant. Et l'essentiel est que tous les skippers retrouvent un ponton à l'arrivée.

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