Route du Rhum : "Mon voilier tient plus du bateau de "Mr tout le monde" que d'un IMOCA"

Le Phénixien au large de Dinard © Pierrick Contin

Le 6 novembre 2022, Julien Reemers va prendre le départ de la Route du Rhum à bord de son monocoque de croisière de 16m. Entretien avec un touche à tout qui va réaliser un rêve d'enfance.

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Un Havrais adopté par Saint Malo

Originaire du Havre, Julien Reemers est aujourd'hui installé à Saint Malo et navigue depuis sa plus tendre enfance. Ce père de deux enfants a longtemps été équipier et préparateur, notamment lors de l'âge d'or de la classe des trimarans ORMA.

Julien Reemers à la manoeuvre
Julien Reemers à la manoeuvre

Julien décrit son parcours ainsi. "Je suis un amateur qui a eu la chance de naviguer avec des professionnels. J'ai toujours été passionné par la glisse et les innovations. Adolescent, j'ai fabriqué une coque de Mini 6.50 en carbone. Puis j'ai décidé d'en faire mon métier et de me spécialiser dans la mise en œuvre du composite. Aujourd'hui, je dirige Carbo Industrie, une société qui fabrique des pièces en composite pour l'aviation et le maritime, ainsi que le chantier naval de la Passagère, au bord de la Rance."

Un bateau atypique pour la courir la route du Rhum

Le Phénixien est un plan Joubert de 2011
Le Phénixien est un plan Joubert de 2011

Julien va courir la route du Rhum 2022 sur le Phénixien, un monocoque de 16m construit en sandwich en 2011. Ce plan Joubert au design moderne a été entièrement repensé par son skipper, qui a gagné près d'une tonne en adaptant tous les emménagements de ce bateau conçu pour la croisière. Et pas question de lui retirer ses équipements de confort pour la course :

Il précise : "Ce voilier se rapproche plus du bateau de "Monsieur tout le monde" que d'un IMOCA. Il prendra le départ avec tous ses équipements de croisière, comme si je partais aux Scilly en famille."

Il pourra ainsi profiter des trois confortables cabines, d'un groupe froid, d'une salle d'eau et d'un coin cuisine très équipé, ce que peu de bateaux au départ de la célèbre transatlantique auront à bord.

Mais attention, le skipper n'est pas là pour prendre des vacances. Pas de capote ni de casquette pour protéger le cockpit de ce voilier aux lignes très épurées. Inscrit en catégorie Rhum Mono, Julien espère rester au contact face aux 13 concurrents de sa classe et réaliser une belle navigation.

Un petit laboratoire technologique

Si le Phénixien est avant tout un bateau de croisière, ça ne l'empêche pas d'expérimenter certaines trouvailles de son skipper touche à tout. Sa bôme est équipée de cellules photovoltaïques collées dans le stratifié afin de répondre à une partie des besoins énergétiques du bord.

La carène est partiellement recouverte d'un revêtement en plaques à base de différents déchets en PVC broyés, destiné à remplacer son antifouling. Selon le marin, ce revêtement, baptisé Novaplack et fabriqué par un de ses partenaires, présente déjà de très bons résultats depuis sa mise en œuvre dans le bassin du port de Saint Malo, où les carènes se salissent très rapidement.

L'objectif de ces tests en conditions réelles est de pouvoir intégrer ces innovations sur des bateaux de série.

Un projet humain sur une grande course à la voile

Avec son beau bateau de croisière et son franc-parler, Julien a réussi à fédérer un bel engouement autour de son projet :

"Notre projet répond à une attente pour des entreprises désireuses de s'associer à une participation à la Route du Rhum. On démontre qu'un projet comme le nôtre est accessible à des "petits" partenaires, où tout reste à l'échelle humaine."

Soutenu principalement par la Fédération du Commerce du Pays de Saint-Malo, c'est affublé du dossard 007 que Julien prendra le départ le 6 novembre à bord de son joli bateau gris.

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Didier Leroy
Didier Leroy
Hum hum ! Pour le bateau de "monsieur Toutlemeonde" nos élus ont du travail à faire pour le pouvoir d'achat .
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