Edito / Partager la mer et le littoral : De la difficulté du consensus

La mer est un espace de liberté, mais aussi d'usages multiples. L'actualité nous montre à quel point le partage des espaces marins est complexe, la co-construction des règles de navigation ardue.

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Difficile de partager !

Le partage de l'espace à terre est déjà souvent complexe. On voit aujourd'hui comme la cohabitation entre les piétons, les vélos et les voitures, est un sujet de crispation dans les villes. L'emprise de l'homme sur l'environnement également. Il en est évidemment de même en mer. Quand bien même la mer est un espace de liberté plus grand et un bien commun, réussir à la partager sereinement entre ses divers usages est un défi. Des manifestations de pêcheurs contre les éoliennes en mer aux communiqués d'associations de plaisancier contre les restrictions dans les parcs nationaux, ces difficultés font souvent l'actualité.

Ne pas attendre les catastrophes

Pourtant, la mer est un milieu changeant, tout comme le reste de notre environnement. Il est donc impossible aujourd'hui de rester figés sur les acquis du plaisancier du milieu du 20ème siècle. On entendra toujours des gens arguer du fameux argument : "Mais j'ai toujours pêché ici" ou "Mes parents ont toujours mouillé librement devant cette plage". Les règles doivent s'adapter à la modification du climat et à une intensification de la navigation, mais aussi à un nouvel usage des ressources marines. Pour autant, pour être acceptées, elles doivent être décidées avec tout le monde. Du responsable du Parc National de Port Cros pour les mouillages à l'Etat pour les parcs éoliens en mer, tout le monde en convient et souhaite trouver des solutions partagées. Espérons seulement que l'on tire de l'expérience réussie de la régulation du trafic par les DST, après le naufrage de l'Amoco Cadiz, une leçon, et que l'on attende plus des catastrophes humaines ou écologiques pour se mettre d'accord...

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François Victor
François Victor
Merci pour ce résumé limpide de la situation. Quelle mer laisserons nous derrière nous ? C'est aujourd'hui et maintenant qu'il nous faut poser les bases du nautisme et des pratiques maritimes de demain. Ne laissons pas cette charge sur les épaules de "la génération future". Elle n'a encore ni bateau, ni piscine, ni SUV, ni parfois emploi ou idée de ce que l'avenir lui réserve mais bénéficie de certains encouragements du style : "la planète va mal, ça va vraiment être très dur pour vous, mais nous sommes trop vieux pour changer... ". Les navigateurs responsables ont déjà compris le changement de cap à effectuer, et ils sont nombreux. Certes les débats sont souvent rugueux, les postures rigides, voire menaçantes mais il n'en tient qu'à la communauté maritime toute entière, et en particulier les pratiquants d'aujourd'hui et de maintenant de s'entendre autour des nouvelles habitudes à prendre, toujours plus bleues, toujours plus durables et soutenables.
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