Dans la prise en main du bateau : il y a toutes les premières fois

S'installer sur son premier bateau, quand, de plus est, il s'agit aussi de sa maison, cela demande un moment d'adaptation, de prise en main, pas seulement technique mais également d'espace et d'organisation. C'est aussi durant cette première étape qu'ont lieu toutes les premières fois, plus ou mois agréables, bien représentatives de la prise en main d'un bateau. Témoignage.

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Après l'avoir rêvé, il est temps de prendre mes marques à bord de La Ceci, un Dufour 31, mon nouveau bateau et ma nouvelle maison.

L'apprivoisement

On est un jour d'octobre 2019. Je me réveille pour la première fois à bord de La Ceci, mon beau voilier.

Je ne me sens pas encore vraiment chez moi… on se regarde, on s'appréhende. J'avais été sur des bateaux, j'ai l'habitude de bouger sur un bateau… mais là, je me cogne et me re-cogne.

Je prépare mon café du matin.

Je cherche les choses entre ce que l'ancien propriétaire a laissé et ce que j'ai amené.

Le café passe. Je regarde autour de moi. Je n'en crois pas mes yeux. C'est La Ceci. Je suis sur mon voilier.

Je me sers mon café. Je vais m'assoir dans le cockpit. Je regarde autour de moi. Je suis dans la baie, donc il y a de la distance entre les bateaux. Ça ne change pas grand-chose car ils sont vides, mais j'aime cette sensation d'être seule, sur l'eau. Je regarde autour de moi et je n'en crois pas mes yeux. Non, toujours pas. Il m'aura fallu quelques semaines d'ailleurs, voire quelques mois, pour assimiler que j'avais réalisé mon rêve.

Beaucoup de personnes m'ont demandé si je n'allais pas avoir peur, là, seule au milieu de l'eau. Cela ne m'était même pas passé par la tête.

Je commence à vider mon sac, à m'installer, à réfléchir à comment organiser le bateau. Comment organiser mes affaires. Comment rendre le bateau habitable tout en étant « Prêt à partir ». Une chose était en effet sûre pour moi : je ne voulais pas d'une résidence flottante. Je ne voulais pas qu' aller naviguer me prenne 1 heure de rangement et de calage « de tout ce qui pourrait tomber » ; je voulais pouvoir appareiller en 20 minutes max.

Je réfléchis à tout ça. Je me rends compte comme, là aussi, il a fallu pas mal de temps pour que chaque chose trouve sa place. Je suppose que c'est normal. Ces espaces réduits navigables sont un peu comme des casse-têtes où tout doit trouver sa place.

Petit à petit, je prends mes repères. Les jours passent, je me cogne moins, je cherche moins, tout trouve sa place. Et moi aussi.

Première tempête
Première tempête

La vie sur l'eau, toute une expérience

Pour aller à terre, à Hendaye, en étant adhérente au club, il y a une navette. Celle-ci a lieu suivant un certain horaire. En automne, ils sont assez réduits. Il faut donc compter sur une annexe pour faire les aller-retours à terre. Au début, je n'en ai pas encore, donc je suis dépendante de la navette ou je dois bouger avec La Ceci au ponton. Cela demande donc une certaine organisation.

Étant sur l'eau, je n'ai pas d'accès ni à l'eau potable, ni à l'électricité. Toute une prise de conscience de ma consommation opère : je fais – encore - plus attention à ce que je consomme. Je ne charge mes éléments électroniques, ordinateur et téléphone, qu'en journée à l'aide de mon petit panneau solaire. Pour l'eau, je me rapproche au port ou transporte des bidons : ouvrir le robinet prend toute une autre ampleur. Non, l'eau ne coule pas à flot.

La météo devient un des points centraux de mon quotidien, même si je ne suis pas à l'ancre mais à un mouillage ayant été vérifié et étant sûr. Ma relation à la nature, à l'élément habité, s'intensifie. Il est fondamental pour moi d'avoir cette information de manière régulière, et de voir comment mon bateau et moi réagissons selon les conditions.

Arrive la première tempête

Ma filleule était en visite. Cela faisait deux semaines que j'habitais sur La Ceci, quand la première tempête arrive. 8 Beauforts étaient annoncés. Même en étant dans la baie, nous allions être secouées. Mes parents vivant à Hendaye, je décide d'aller passer la nuit chez eux pour être mieux. Je sais que le bateau ne risque pas grand-chose. Il est sécurisé.

Cette nuit loin de la Ceci fût atroce. J'entendais le vent, la pluie et je me disais qu'elle était là-bas, en bas, dans la baie, seule.

C'est bizarre mais à ces moments-là, on y pense comme si c'était une personne. C'est une partie de soi qui tremble.

Le lendemain, la tempête atténuée mais encore bien là, la navette du club vers les bateaux ne fonctionne pas. C'est donc de loin, que je vais vérifier si tout va bien. Je vais aussi vérifier les bateaux des copains, les jumelles à la main.

Tous les bateaux vont bien, tout le monde va bien.

Première montée au mât
Première montée au mât

Arrivent toutes les premières

Le premier remplissage d'eau au port, la première visite en bateau de bateaux copains, le premier repas avec les amis, la première prise de bouée pendant la nuit, la première tasse qui tombe à l'eau, la première montée au mât, les premières réunions de travail où les personnes te demandent où tu te trouves parce qu'ils ne savent pas si c'est toi qui bouge ou le cadre pendu derrière toi (j'étais 100 % en télétravail), les premières nav' avec les amis et amies, les premières sensations de liberté totale…

Il y a aussi les premiers travaux. Et oui, il faut que je gagne plus d'autonomie en énergie…

Mais ça, c'est une autre histoire….

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