"Je n'ai pas abandonné mon bateau" Paul Hignard répond à la polémique

Depuis plusieurs jours, Paul Hignard, le plus jeune concurrent de la Route du Rhum, fait face à une polémique sur l'abandon de son bateau en Guadeloupe. Aujourd'hui, il explique pourquoi son bateau n'a toujours pas été rendu au propriétaire.

Tout a commencé en fin de semaine dernière avec un communiqué de presse diffusé sur Facebook par Denis Van Weynbergh, le propriétaire du bateau. Celui-ci accuse le jeune homme de 19 ans – dont l'arrivée à Pointe-à-Pitre s'est déroulée sous gréement de fortune après avoir démâté – d'avoir laissé son bateau à l'abandon en Guadeloupe. Il écrit "Le Class40 numéro 104, DAISY TEMPLE, loué pour l'occasion par la société SEA MEDIA Eurl à la société WINDRUNNER et devant être restitué contractuellement à la Trinité au plus tard le 1er février 2015, est laissé à l'abandon avec de nombreuses avaries dans la Marina de Bas-du-Fort à Point-à-Pitre." Il ajoute également "Depuis son arrivée à Point-à-Pitre, nous sommes sans la moindre information".

Fermement décidé à récupérer son bateau, "dans l'état initialement prévu au contrat", Denis Van Weynbergh a décidé d'exprimer dans les médias son mécontentement et sa déception.

Contacté par la rédaction, le navigateur répond à ses détracteurs.

Tout d'abord, le jeune marin revient sur sa participation à la Route du Rhum et son résultat. Il explique ensuite son projet et les raisons de son échec : manque de préparation, équipe majoritairement composée d'amateurs...

"En ce qui concerne mon projet Route du Rhum, je ne suis, bien évidemment pas fier de tout ce qui se dit et écrit. J'ai bien conscience de la problématique de ce lourd projet. J'ai pris à la légère certains chapitres et je ne m'étais pas préparé à de telles conséquences. Mon équipe et moi-même étions trop nouveaux et inexpérimentés dans ce projet pour affronter cette tempête liée à mon démâtage.

Mon message va surtout à mon sponsor principal, à tous mes sponsors, mon médecin, ma nutritionniste, mon coach sportif et mon bioénergétiste, ma famille, mes amis, aux Malouins et fans qui m'ont soutenu et suivi. Je sais que je les déçois par mon comportement et mon silence. Ce n'est pas un acte volontaire plutôt de la réflexion et pour la partie négative le manque de solutions pour résoudre ce qui m'arrive.

Au retour de la Route du Rhum, ma petite équipe de copains étudiants et amateurs bien solidaires jusqu'à l'arrivée s'est réduite et certains se sont peu à peu éloignés de moi, pris par la reprise de leurs cours pour certains et par leur travail pour d'autres. Je les remercie de tout ce qu'ils ont pu m'apporter bénévolement par leur aide précieuse pour mener à bien la préparation de mon bateau, mais voilà pour un projet de cette envergure, j'ai bien compris que cela ne suffit pas.

Avec du recul, j'ai constaté qu'une équipe de professionnels pour la gestion du projet m'a manqué. Il est un peu tard pour pleurer, c'est certain."

Il explique ensuite ne pas avoir eu un budget suffisant pour pallier aux avaries, causé par un démâtage, mais avoir néanmoins réuni la caution de 20 000 € demandé par le propriétaire. Dans une situation financière compliquée, il recherche des solutions pour dédommager le propriétaire et récupérer ce bateau auquel il est attaché.

"Je comprends évidemment la réaction du propriétaire tout à fait légitime qui bien sûr aurait souhaité retrouver son bateau dans le même état qu'à la livraison. Je n'ai pas abandonné mon bateau. J'ai agi en bon marin en essayant de préserver au maximum le class40 qui avait démâté en mettant toute mon énergie à fabriquer le gréement de fortune qui m'a permis de le ramener à bon port (Pointe à Pitre). Malheureusement n'ayant pas prévu le retour par cargo je n'ai pas anticipé le financement nécessaire pour le rapatriement en France. Je l'ai amarré à la Marina de Pointe à Pître en laissant mes affaires à bord. Dès lors mon bateau était sous la surveillance d'amis guadeloupéens à qui je demandais régulièrement des nouvelles. Je suis attaché à ce bateau, c'est lui qui m'a permis de réaliser mon rêve.

En ce qui concerne les faits contractualisés, le propriétaire a estimé la caution à 20 000 euros, caution à sa disposition comme prévue. Pour exposer, mon budget, obtenu grâce aux sponsors et soutiens (crowfounding compris) qui ont bien voulu me faire confiance, aurait suffi à faire face à cette Route du Rhum, si je n'avais pas subi ce genre d'avarie catastrophique qu'est un démâtage. La seule assurance qui m'a permis de prendre le départ de la Route du Rhum m'a été proposé hors gréements, hors mât et hors bôme, avec des franchises importantes pour chaque avarie. Je n'ai pas eu le choix, car sans assurance pas d'inscription et pas de participation à la Route du Rhum.

Je suis en mode réflexion et suis désolé de ma si tardive réactivité. Je souhaite faire face à mes responsabilités. Actuellement, je cherche des solutions financières afin de dédommager le propriétaire. J'ai besoin d'aide c'est certain, c'est aussi pour cela que je vous écris ce message."

 Crédit : Pen Duick

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 Patrick labarriere
Patrick labarriere
Bon courage Paul
 Alexandre jacquinot
Alexandre jacquinot
On parle peu des anonymes lors des grandes courses au large et la réalité est parfois cruelle, le prix à payer très (trop) élevé et le sponsoring risqué.la course au large est un challenge sportif stressant qu'un jeune marin peut assumer mais laisse imaginer la lourdeur des démarches pour évoluer parmi l'élite. http://ned.bzh/
 Jean cornut
Jean cornut
Je réside en Guadeloupe et je peux peut être lui apporter mon aide. Merci de prendre contact avec moi sur mon mail: jean.cornut@hotmail.com
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