Un mini 6.50 à la jauge qui mesure 7,50 m !

Véritable laboratoire expérimental la jauge Mini a toujours participé à l'évolution de l'architecture navale. Thomas Tison, architecte lance un pavé dans la mare avec un Mini 6.50 largement plus long que 6,50 m…

Thomas Tison est un architecte naval qui n'hésite pas à sortir du cadre. Formé entre autres à la Coupe de l'America, il a cette faculté de lire les jauges et de chercher comment les interpréter au mieux. Et en lisant celle des Mini 6.50, il s'est rendu compte que celle-ci imposait une "longueur de coque de 6,50 m". Pourquoi ne pas alors lui ajouter une excroissance vers l'arrière, tout comme l'est le bout dehors sur l'avant ?

Un portique arrière de 1 m

Fort de cette idée, il a imaginé un portique arrière sur lequel est installé le safran, il se retrouve ainsi déporté d'un mètre de la coque. Ce projet fonctionne parce que ce voilier a pour volonté de voler sur des foils. Il ne serait pas vraiment performant pour un voilier qui reste archimédien. Celui-là volera sur 2 foils en V très marqués devant et un safran avec un plan porteur réglable. Et plus la distance entre les foils avant et arrière est grande, plus stable est le vol. D'où l'idée de reculer au maximum le plan porteur arrière.

Pour les conditions de mer très courtes ou bien quand le skipper dormira, les foils pourront se rétracter entièrement limitant la trainée. La carène en forme scow prendra alors le relais pour permettre de bonnes performances au bateau.

Mini 750
Mini 750

Une architecture bien réfléchie

Contacté au téléphone, Thomas Tison nous explique : "Plus le safran est éloigné de la quille et plus on peut diminuer sa surface. Ainsi installé au bout du portique, le safran - plus petit - a moins de trainée. Pour limiter l'impact du poids, le portique est fabriqué tout en carbone Nomex. Il ne pèse que 3,5 kg ! J'ai choisi une forme de coque scow car sur un petit bateau, le poids structurel développé de la coque n'influe pas beaucoup le poids total, si l'on compare avec le skipper qui pèse déjà presque 10% du poids du bateau."

Qu'en pense la jauge Mini ?

Reste à savoir comment vont réagir les jaugeurs ? "Quand la jauge a changé et que la largeur maxi autorisée a augmenté, j'avais contacté les responsables de la jauge pour leur soumettre un projet. Ils ont mis plus de 2 mois à me répondre que ce n'était pas accepté avant de modifier la jauge. Cette fois, je me lance en interprétant la jauge et sans leur laisser le temps de la modifier pour interdire mon projet ! La Mini a toujours été un laboratoire expérimental dans lequel on pousse à sortir du cadre. Il n'y a pas d'interdit. Et comme mon projet doit aboutir à un voilier qui n'est pas moins safe, mais qui est plus rapide et plus stable, je ne vois pourquoi la jauge l'interdirait ?"

Une idée que l'on peut encore pousser plus loin ?

Aujourd'hui le portique dépasse de 1 m derrière le bateau, mais pourquoi ne pas l'agrandir beaucoup plus ? "Je pense que le poids ajouté à l'arrière ne modifiera pas le comportement. Avec un mètre, je pense que nous sommes dans un bon compromis. Mais si ce prototype a du succès, sans doute que d'autres pousseront la recherche avec des tailles beaucoup plus grandes. Nous pourrions alors voir des bateaux beaucoup plus extrêmes par la suite…"

Ça navigue au printemps 2020

La coque de ce futur Mini est déjà construite ainsi que le portique arrière. Reste maintenant à assembler tous les éléments avant de voir naviguer le voilier au printemps 2020. "Il s'agit d'un projet européen qui reçoit des subventions pour tester des méthodes de construction composite. Nous allons donc faire une campagne d'essai avec des capteurs partout sur le bateau avant de confier le bateau à un skipper pour la prochaine Mini Transat 2021"

Plus d'articles sur le thème
Réagir à cet article
Ajouter un commentaire...