Maverick II en voyage autour du monde. Le capitaine, Jean-Benoît nous explique sa routine

A bord de Maverick II, un Patago 40, Jean-Benoît et Isabelle vont vivre sur le ur voilier autour du monde. Le capitaine nous explique son rôle et sa vie à bord.

C'est mouillé à Porto que nous retrouvons Maverick II et Jean-Benoît, son capitaine. Nous allons échanger, avec cet ancien sapeur pompier de Paris sur sa vision de la grande croisière.

Gestion de projet

Outillage
Outillage

Selon Jean-Benoît, le secret d'un tel projet réside dans la préparation, notamment la formation de chaque membre d'équipage. "J'ai suivi un cursus de formation avec l'escale de formation technique à Nantes : Electronique, électricité, mécanique, matelotage et météo. J'avais besoin d'acquérir de vraies bonnes compétences, pas uniquement basiques, mais applicables seul en mer. Et, aussi, de savoir constituer la caisse à outils de bord qui ne soit ni trop lourde ni trop peu remplie. Les magasins d'outillage sont très rares au beau milieu de l'Atlantique !" Il parle aussi de séminaires auxquels il a participé "Le séminaire Grand large yachting auquel j'ai participé au printemps 2018 a été un vrai déclic de plus. On peut le faire, d'autres le font, avec moins de moyens que nous, et ils y arrivent", nous explique le propriétaire.

Partir et le dire

La vraie difficulté du départ ? Jean-Benoît nous explique, "En fait, le plus compliqué est d'annoncer qu'on va partir, aux amis et aux proches. Parvenir à les faire évoluer de l'idée que nous avons un projet à celle que nous allons le faire. Nous avons été surpris de constater que peu de personnes soutenaient cette aventure. Crainte de plein de choses, par-dessus tout la peur de se sentir abandonnés. Et il est compliqué de lutter contre ce sentiment, de ne pas se retrouver du côté des méchants qui abandonnent. Nous faisions tout pour que chaque membre de notre entourage prenne une part active autant qu'il le souhaitait à la préparation, aux entraînements et aux essais de Maverick II."

"En cours de route aux escales", nous expliqueJean-Benoît, "on rencontre des personnes avec lesquelles on crée des relations et des amitiés. C'est toujours déchirant de se séparer de ces personnes, ne sachant pas même si nous nous nous reverrons un jour." Il relativise cependant : "cela fait partie de la beauté du voyage que de changer de lieu et de personnes chaque matin."

Partir ...
Partir ...


"Nous sommes des voyageurs dans l'âme, l'un comme l'autre. Nos vies professionnelles ne nous convenaient plus. Nos enfants ont grandi. Nous vivions sur Paris, avec des situations financières idéales", nous explique Jean-Benoît à propos de ses motivations à partir. "Pourquoi ne pas partir ? On se pose la question. Une fois, deux fois, cent fois. Puis l'idée mûrit. Est ce possible financièrement ?" Car, insiste le capitaine de Maverick II, l'argent est l'une des clé pour partir. Et le temps, aussi. "En tant que fonctionnaires l'un comme l'autre, nous avions la possibilité de partir en préretraite tôt."

L'argent, nerf de la guerre ?

A propos du budget, justement, Jean-Benoît est transparent "Le bateau, clés en main, prêt à partir, nous est revenu à 210.000 €. La vie à bord représente environ 3.000 € par mois. Évidemment", précise-t-il, "il faut pouvoir assumer cette vie à bord et la vie à terre. Nous avons un fils qui poursuit des études, que nous finançons...", prévient-il, avant d'ajouter : "Nous avons croisés des jeunes partis pour 3 mois sur un 7,20 m avec 3 000 € de budget en poches. A l'extrême inverse, des retraités partent avec plusieurs dizaines de milliers d'euros disponibles. Chacun aura la possibilité de réaliser son rêve à son échelle, l'argent est le moyen d'y parvenir, il ne fait pas le voyage en lui-même", conclue-t'il.


La vie à bord de Maverick II

La vie de bord
La vie de bord

La vie à bord de Maverick II s'appuie, d'abord, sur les compétences de l'un et de l'autre, l'objectif est d'arriver à la polyvalence. Jean-Benoît nous explique : "Isabelle s'investit dans la navigation et sa préparation. Elle adore préparer et organiser les voyages." Il poursuit, "Isabelle se charge naturellement du quotidien, mais les tâches courantes (cuisine, courses, linge …) se répartissent par appétence naturelle. C'est un fonctionnement identique à la terre, à la différence que chacun doit monter en compétences. Isabelle prend maintenant des responsabilités dans la navigation, ce qu'elle ne faisait pas auparavant, car nous avions toujours navigué en équipage, où les tâches sont disséminées entre les équipiers.

Vie de couple

"Naviguer en couple", nous explique Jean-Benoît, "c'est adapter la vie en mer à la connaissance qu'on a de l'autre. Prenons l'exemple des quarts. Nous n'avons pas voulu nous imposer de rythme de quart, aussi nous avons calqué nos cycles naturels normaux. Celui qui va dormir prendra son quart lorsqu'il se réveillera. Nous voulons respecter nos cycles circadiens naturels, sans réveil ni alarme. Si celui qui est de quart est trop fatigué, il va demander de l'aide à l'autre. Et pourra se reposer."

Des objectifs partagés

Parmi les objectifs absolus du propriétaire, Le Cap Horn et les canaux patagonien. "On veut le faire et c'est l'objectif ultime de cette aventure, mélange de ma passion pour la mer et de la passion d'Isabelle pour la montagne." Les choses sont claires, le projet est partagé dans le couple.

Manque de relations sociales

Ce qu'il manque à bord ? "Rien ne manque réellement, sauf la vie sociale. Se retrouver sans relation du jour au lendemain, plus de repas du dimanche ou de samedi soir chez les copains. On en parle aux gens depuis 2017. C'est volontairement que nous prenons notre temps sur l'Europe, pour prendre lentement les distances, d'une part, pouvoir revenir en Bretagne pour les fêtes de Noël d'autre part, histoire de rassurer tout le monde." Et couper, gentiment le cordon ombilical.

Communiquer vers la terre

A propos de conserver les terriens informés, Jean-Benoît nous explique que la partie communication du projet a été longuement réfléchie. "Il fallait parvenir à ne pas être ni intrusif ni exhibitionniste, ne pas frustrer les gens qui ne sont pas partis. Donner l'info là où les gens veulent l'avoir, Facebook, Instagram ou blog, sans les forcer à la recevoir ni à la prendre. Nous ne voulons pas saouler qui que ce soit, ce projet est le nôtre, pas le leur !", nous explique Jean-benoît.

Conseils ?

Et pour ceux qui voudraient, eux aussi partir ? Le propriétaire explique : "Bien se préparer, ne pas partir sur un coup de tête. Gérer son projet à deux dès le début, ne pas partir pour faire plaisir à l'autre. Envisager et prévoir un vrai changement de vie et de rythme. Un nouveau paradigme de vie et de relations à soi et à l'autre. Préparez-vous à faire des concessions au confort, aux finances pour l'après. Et quoi qu'il arrive, envisagez de ne rien regretter, vous l'aurez fait ou, au moins, vous aurez tenté."

Isabelle et Jean-Benoît sont bel et bien partis, ils ont passé le pas. Nous les retrouverons, très vite, pour partager avec eux leurs découvertes et leur vie de bord.

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Patago 39 La fiche technique
3.92 mLargeur - Bau
0.70 mTirant d'eau mini
15.00 mTirant d'air (hauteur maxi)
Voir la fiche technique du Patago 39
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