Interview / Route du Rhum 2022, l'organisation de course, une préparation au long cours

Passage des écluses sur la Route du Rhum © Alexis Courcoux #RDR2018

Francis Le Goff est le nouveau directeur de course de la Route du Rhum destination Guadeloupe. Entré en fonction lors du Nautic 2019, il nous explique que 2 ans ne sont pas de trop pour préparer une transatlantique en solitaire réunissant plus de 120 participants. Détails des coulisses de la course avant le départ.

La Route du Rhum destination Guadeloupe est la deuxième course au large française la plus connue derrière le Vendée Globe. Organisée tous les 4 ans, elle réunit au minimum 120 skippers qui s'élancent de Saint-Malo en direction des Antilles, en solitaire, répartis à travers 6 classes de bateaux. En moyenne, en fonction de la performance des différentes unités, le temps de traversée varie d'une semaine à un mois. Une période durant laquelle l'organisation de course est opérationnelle 24 h/24 et 7 j/7. Pourtant, la Route du Rhum destination Guadeloupe se prépare bien en amont comme l'explique Francis le Goff.

Accueillir tous les bateaux de la course au sein du port © Alexis Courcoux #RDR2018
Accueillir tous les bateaux de la course au sein du port © Alexis Courcoux #RDR2018

Quel est le rôle d'un directeur de course, avant le départ de la Route du Rhum destination Guadeloupe ?

Il y a plusieurs missions, qui sont toutes très administratives au départ. Entre deux ans et un an avant le départ, on travaille sur les règlements, les admissibilités. On apporte des explications aux skippers qui veulent s'engager, notamment ceux qui n'ont pas encore d'idées précises. On les aide pour faire le moins de déçus possibles.

En avançant dans le temps vient la rédaction de l'avis de course. Il s'agit d'un contrat qui lie le coureur et l'organisation. On y communique le nombre de places, les lieux de départ et d'arrivée, l'organisation ou non d'une parade, le jour d'arrivée à Saint-Malo, les différents briefings obligatoires, les règles, les escales, les cas qui entrainent de rester au port…

Chaque skipper décide ensuite de s'engager ou non en fonction de toutes ces conditions. Ce document doit être publié avant l'été 2021 (NDLR : 16 mois avant le départ). C'est le gros travail du début d'année.

Il y a aussi pas mal de missions techniques. On rencontre nos partenaires locaux dans les villes de départ et d'arrivée pour organiser l'accueil des skippers et du public. À Saint-Malo, il y a de nombreux interlocuteurs dans la gestion du port – la chambre de commerce, la Région Bretagne… Il faut déplacer les plaisanciers, accueillir les loueurs de pontons, choisir les bons prestataires. On doit monter un port éphémère pour pouvoir accueillir tout le monde dans de bonnes conditions.

Organiser la sécurité sur le plan d'eau de la Route du Rhum © Christophe Breschi
Organiser la sécurité sur le plan d'eau de la Route du Rhum © Christophe Breschi

Pour cette édition, ils seront vraisemblablement entre 125 et 130 coureurs retenus. Il faudra donc suivre leur qualification et la valider, ce qui est plus facile en course. Hors course, on leur demande de s'équiper d'un tracker.

Il faut ensuite gérer les 60 semi-rigides qui assureront la sécurité lors du départ de la course, gérer la déclaration de manifestation nautique auprès de la préfecture maritime et organiser une réunion de coordination avec l'Etat. La gendarmerie maritime et la douane nous prêtent main forte pour sécuriser l'ensemble des zones lors du départ. Beaucoup le suivent depuis la terre, notamment depuis le Cap Fréhel, mais il y a aussi beaucoup de monde sur l'eau. Il y a beaucoup plus de bateaux de plaisanciers et d'unités professionnelles que de bateaux de courses sur l'eau. Dans la zone de course, s'ils sont 130 participants, au total, on trouve le double voire le triple de bateaux, car ils sont accompagnés par des semi-rigides pour la sécurité. Pour les Ultimes par exemple, qui sont très rapides, 3 semi-rigides assurent la sécurité. Pour les IMOCA, c'est un bateau. Ça fait énormément de monde et il faut l'anticiper. On travaille aussi en collaboration avec la SNSM.

En ce sens, on ne remplit jamais les vedettes à passagers entièrement. On conserve 10 % de place libre dans le cas où il y aurait besoin d'accueillir du monde à bord si ça se passe mal sur le plan d'eau.

Organiser les visites du public sur le village de la course © Alexis Courcous #RDR2018
Organiser les visites du public sur le village de la course © Alexis Courcous #RDR2018

Comment est organisée une direction de course ? Quels sont les différents rôles ?

Je ne suis heureusement pas seul pour gérer ça. J'ai plusieurs adjoints qui ont tous une grande mission.

Pierre Hays coordonne les zones de départ et d'arrivée. Il est en contact avec les différentes institutions et rédige la déclaration de manifestation nautique.

Yann Château se charge de l'admissibilité des inscriptions, du suivi météo, du parcours de qualification et des documents sportifs (avis de course, annexes, avenants…).

Guillaume Rottée et Guillaume Evrard gèrent toute l'organisation portuaire : aménagement de l'écluse pour les entrées et sorties des bateaux, la place nécessaire à l'accueil de tous les participants. Pour le départ, on s'arrange parfois avec la ville de Dinard pour accueillir des bateaux la veille ou l'avant-veille. Il faut être sûr que tous les bateaux puissent sortir avant la fermeture de l'écluse. Les Ultimes quittent le port dès le vendredi, d'autres samedi afin que tous les bateaux soient sortis le dimanche.

Amélie Juvien est en charge de la gestion des marins (inscriptions, dossier…), moi je gère les sollicitations techniques. Il faut également rajouter toutes les missions effectuées par OC Sport.

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