Les ouvrages techniques des voies d'eau, une histoire de canalisation pour se jouer du relief

Les écluses à sas ont permis une navigation en toute saison (Canal d'Ille et Rance) © Olivier Chauvin

Les voies d'eau intérieures sont parfois naturelles, mais elles ont le plus souvent été domestiquées, voire creusées par l'homme. Embarquons pour un tour d'horizon des solutions retenues par les ingénieurs de jadis, pour permettre à nos bateaux de franchir monts et vallées.

Depuis qu'il a compris que le flottage permettait de réduire ses efforts, l'homme a utilisé les fleuves et rivières pour le transport. Il lui fallait se plier aux caprices de ces cours d'eau naturels qui suivent une pente plus ou moins forte selon la géographie locale. S'ajoutaient à cela les aléas induits par les variations de niveau saisonnières : crues en hiver et basses eaux en été. La navigation n'était possible qu'à la mi-saison et ne se faisait souvent que dans un sens. Sur la Dordogne par exemple, les gabares étaient construites pour ne durer que le temps d'un voyage. Elles descendaient le courant, chargées de marchandises et étaient démantelées à leur arrivée et leur bois vendu comme matériau de construction. Les bateliers des temps anciens devaient également composer avec les meuniers qui barraient les cours d'eau afin de créer les chutes d'eau nécessaire à leur moulin. Pour laisser passer les bateaux, il fallait débarrer la rivière, ce qui allongeait d'autant le temps de trajet.

Les canaux, des voies d'eau artificielles pour parer aux aléas

L'écluse de Castets-en-Dorthe marque la jonction du canal latéral avec la Garonn
L'écluse de Castets-en-Dorthe marque la jonction du canal latéral avec la Garonn

Progressivement, fleuves et rivières ont été canalisés pour réguler leur débit, c'est-à-dire que l'on a formé des retenues successives, plus ou moins nombreuses selon la pente. Le passage des bateaux a été facilité par la généralisation de l'écluse à sas. Cette invention géniale n'a pas d'autre but que de permettre à un bateau de franchir une déclivité en faisant varier le niveau d'eau dans un bassin intermédiaire. Le bateau peut ainsi passer d'un bief à l'autre sans manutention ni rupture de charge. En parallèle, on a commencé à creuser des canaux. Les premiers tracés suivaient logiquement des rivières dans lesquelles on puisait l'eau nécessaire pour alimenter le canal. Pour éviter aux bateliers les dangers et aléas des grands fleuves, on a creusé des canaux qui les bordaient comme le Canal latéral à la Loire, ou à la Garonne. Ces canaux n'ont qu'une pente : toutes les écluses sont avalantes en direction de l'Océan.

Le partage des eaux, de part et d'autre du relief

Au seuil de Naurouze, la rigole alimente le bief de partage et une bonne partie du Canal du Midi
Au seuil de Naurouze, la rigole alimente le bief de partage et une bonne partie du Canal du Midi
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