Exclusif / Retraites : Comment partir plus tôt en navigant plus ?

Face à la grogne qui montait sur les pontons et dans les associations de plaisanciers, le gouvernement a proposé la création d'une caisse de retraite nautisme, qui  ouvre des droits aux plaisanciers qui naviguent. Le mode de calcul de ce régime spécial pourrait pourtant laisser certains marins sans droits à la retraite. Pénibilité, égalité voile-moteur, navigation anticipée… Nous nous sommes procurés en exclusivité le mode de calcul des droits.

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Naviguer pour partir à la retraite plus tôt

Depuis qu'il a utilisé l'article Bâbord Amure pour passer en force au parlement, au mépris des règles de sécurité du RIPAM, le gouvernement cherche une porte de sortie pour éviter le mécontentement des plaisanciers. Il vient de faire une proposition concrète, avec la création d'une caisse de retraite nautisme. Celle-ci doit permettre aux vieux loups de mer de bénéficier d'une retraite anticipée.

En effet, chaque mille de navigation sur un  bateau de plaisance ouvre des droits à des trimestres, qui viennent en déduction de l'âge de départ légal. Le système s'appuiera sur un barème d'équivalence entre mille parcouru et trimestre de cotisation. La mesure doit aussi permettre de libérer des places dans les ports, en évitant les bateaux ventouses.

Une application et un compte personnalisé

Pour valider leurs milles parcourus, les plaisanciers devront s'inscrire sur l'application MaRetraiteEnMer, disponible dès le 1er avril sur iOS et Android. La géolocalisation permettra au gouvernement de s'assurer que le bateau navigue. Afin de valider votre présence à bord, des selfies ou autres stories devront être déposés sur l'appli, montrant votre implication dans la manœuvre du bateau. Des extraits du journal de bord seront aussi requis.

Des critères de pénibilité et d'égalité voile-moteur

La négociation va devoir s'ouvrir avec les partenaires nautiques, qui pourrait prendre la forme d'un Grenelle de la plaisance. Le gouvernement met dès maintenant sur la table les grands enjeux de la négociation pour prendre en compte les inégalités en mer. En effet, remonter au près sur un petit voilier de 6 mètres par 20 nœuds de vent est physiquement plus dur que de débouler à 40 nœuds sur un semi-rigide.

De même, l'engagement dépendra de la température de navigation, de l'équipement du bord avec des winches manuels ou électriques, de la présence d'une cabine ou non et d'un frigo.
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Nous avons pu obtenir en avant-première la formule envisagée.


T = MN * Cm * 1/equ * 1/α *A1/3 * δ * B

  • T  est le nombre de trimestres
  • MN le nombre de milles nautiques parcourus
  • Cm le coefficient moteur, valant 1 pour les puissances inférieures en chevaux à la moitié de la longueur, 0,5 au-delà, et 3 pour les voiliers
  • equ le nombre d'équipiers
  • α l'angle par rapport au vent dans le cas d'un voilier
  • A l'âge du capitaine
  • δ le coefficient d'équipement
  • B le nombre de beaufort

Des contestations dans les ports

Le projet de réforme ne fait pourtant pas l'unanimité et des voix s'élèvent dans la communauté maritime. Des blocages des ports de plaisance sont déjà annoncés par les associations de pêcheurs qui regrettent que le temps de dérive soit mal pris en compte. De même les associations de kayak, d'aviron de mer ou de kitesurf s'insurgent contre leur exclusion de la caisse de retraite de la plaisance. On craint aussi pour la confidentialité des spots de pêche après la géolocalisation par le gouvernement.

Le gouvernement craint l'infiltration par des boat-blocks et annonce la présence d'importants contingents de force de l'ordre sur l'eau. Dans ce contexte tendu, l'avis du Conseil Constitutionnel est attendu avec appréhension.

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Ida Renoir
Ida Renoir
Bonjour, Toujours de bons articles qui suivent l’actualité. Mais il faudrait compléter celui-ci par l’explication de l’article 23-01.04 qui étant ce dispositif à un équipier (voire deux pour les voiliers non automatisés de plus de 10m). Il y est aussi précisé que si l’équipier valide des trimestres entre 16 ans et 20 ans il pourrait bénéficier du dispositif carrière longue. Et dans l’article suivant cette activité de plaisance pour le (la) chef(fe)de bord de navigation pourrait entrer dans le cadre de prise en compte de la pénibilité au travail si les équipiers sont un(e) conjoint(e) ou un enfant. Cordialement Richard
Ida Renoir
Ida Renoir
« Qui étend »
Thierry Voisin
Thierry Voisin
Super le poisson d'avril, je me suis bien fais prendre et fais suivre à un copain qui navigue de plus en plus, je me demandais pourquoi...!!!!?
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