Alexander von Humboldt II : découvrir la navigation à bord de la ''dame verte'' 

© Alexander von Humboldt II

Alexander von Humboldt II est arrivé le 1er avril 2024 pour une escale au port de Saint-Malo, après 6 mois de voyage autour de l'Atlantique Nord. À son bord 48 étudiants participant à un programme de découverte de la navigation à la voile traditionnelle.

Après un périple de six mois de voyage et une transatlantique aller-retour, l'Alexander von Humboldt II a accosté le 1er avril 2024 bassin Vauban à Saint-Malo pour une escale. À son bord, 48 étudiants qui participent à un programme de découverte de la navigation à la voile traditionnelle. Une occasion donnée par ce voilier-école de préserver la tradition et les valeurs nautiques pour que matelotage traditionnel sur les grands voiliers continue d'avoir de l'avenir.

Qui était la dame verte ?

Prédécesseur du II, Alexander von Humboldt I était autrefois un bateau-phare transformé en barque à Bremerhaven, entre 1986 et 1988, selon les plans de l'architecte naval Zygmunt Choreń. La couleur vert bouteille du voilier et de ses voiles à joué un rôle important dans l'image publicitaire des années 1990 ; le bateau ayant été nommé ambassadeur de la bière à Brême. Le trois-mâts est devenu la Green Lady, l'un des bateaux les plus célèbres au monde à l'époque. Derrière cette palette de couleurs se cache un calcul marketing, à savoir celui de Josef Hattig, alors patron de la brasserie fournissant les voiles et plus tard sénateur de l'économie de Brême. Hattig était un grand fan de voiliers et il a fait de la bière aux bouteilles vertes une marque mondiale.

Alexander von Humboldt naviguant sous le Tower Bridge de Londres © Manfred Hövener
Alexander von Humboldt naviguant sous le Tower Bridge de Londres © Manfred Hövener

En 2011, Alexander von Humboldt I fut mis hors service en raison de son âge, après 25 ans de service, et remplacé par le nouveau bateau Alexander von Humboldt II, d'une longueur de 65,05 m hors-tout. Egalement vert, on le baptisa en 2011 dans son port d'attache de Bremerhaven, Allemagne. Alexander von Humboldt II fut construit avec un gréement de barque traditionnel. Le mât avant et le mât principal supportent ainsi des voiles carrées tandis que le mât d'artimon le plus arrière porte des voiles auriques. Le bateau est propulsé par 24 voiles totalisant une surface de voilure de 1.360 m2. Dans des conditions de vent favorables, il file jusqu'à 14 nœuds. Comme son prédécesseur, ce bateau porte une fois de plus fièrement le nom du grand naturaliste allemand et il poursuit également l'objectif de transmettre avec enthousiasme l'expérience du matelotage traditionnel.

Faire vivre la voile traditionnelle

La fondation allemande à but non lucratif Sail Training (DSST) exploite le Alexandre von Humboldt II sous pavillon allemand comme voilier-école. Son objectif est d'acquérir, de gérer et d'entretenir des bateaux et des bases terrestres adaptés afin de proposer la navigation hauturière dans le cadre du matelotage traditionnel, sous la direction d'experts, avec un accompagnement privilégié pour les jeunes. Le trois-mâts Alexandre von Humboldt II répond aux normes légales élevées d'aujourd'hui, en termes de sécurité et de protection de l'environnement, avec les installations nautiques et techniques les plus modernes.

Comment préserver la tradition et les valeurs nautiques ?

Béa, 17 ans, fait ses études à Montréal. Elle n'envisage pas de faire carrière dans le monde du nautisme, mais dans le cadre de son programme d'enseignement, elle a eu l'opportunité, il y a 6 mois, d'embarquer sur l'Alexander von Humboldt II pour vivre l'expérience de la navigation à bord d'un voilier traditionnel. Elle connaissait déjà un peu le monde de la voile mais ''pas besoin d'avoir d'expérience au préalable'', explique-t-elle, ''chacun fini par s'adapter et on apprend beaucoup chaque jour ; même si les débuts peuvent être impressionnants quand on voit tous ces cordages alignés ! Nous sommes 48 étudiants internationaux au total et nous opérons, en règle générale, avec un équipage expérimenté permanent de 20 personnes, plus 6 professeurs''.

Après plusieurs mois passés à bord, Béa est désormais à l'aise avec tous les termes nautiques, l'utilisation des équipement électroniques de la cabine de pilotage et les manœuvres nécessaires pour faire naviguer ce gréement traditionnel en équipage.

Cela n'a pas toujours été simple et elle a eu de bonnes frayeur nous dit-elle, notamment en Baie de Biscayne située sur la côte atlantique du sud de la Floride, lorsque l'une des voiles s'est retrouvée prise sur le yard lors d'un ouragan de catégorie 3. Accompagnée d'un équipier, Béa a alors rassemblé son courage pour monter au mât : ''c'était un moment effrayant, mais à la fois très excitant. Je savais que ce que je m'apprêtais à faire était important pour l'équipage et le bateau''. D'autres fois, il y a eu aussi quelques petits bobos, mais rien de bien grave. ''C'est un bateau où l'on se sent globalement en sécurité ; par contre, on ne peux pas se permettre d'être en retard pour une manœuvre'', souligne-t-elle.

© Alexander von Humboldt II
© Alexander von Humboldt II

Ces jeunes, âgés de 16 à 20 ans, ont ainsi l'opportunité d'acquérir des expériences totalement nouvelles dans le cadre du matelotage traditionnel, de la connexion avec la nature, de la vie en communauté à bord et de la découverte de soi-même. Pour Béa, ''en plus de la voile, c'est l'apprentissage de la responsabilité, du travail d'équipe, de la tolérance et du respect qui entre en jeu''. Il semble que pour cela, l'Alexander von Humboldt II porte à juste titre le surnom de Windjammer for the Youth : ''Grand voilier pour la jeunesse''.

© Alexander von Humboldt II
© Alexander von Humboldt II

Un rêve de naviguer rendu possible

L'une des missions du DSST est de permettre aux personnes de tous âges de rêver d'une aventure à la voile. Devenir un membre de l'équipage et assumer des tâches obligatoires à bord, c'est l'idée du Class Afloat : un apprentissage orienté vers l'expérience. Cela suppose que le contenu est mieux compris lorsqu'il est vécu personnellement et pas seulement abordé intellectuellement en classe. Depuis sa création en 1984, les écoliers, les étudiants et les jeunes se voient offrir chaque semestre la possibilité d'élargir leurs horizons.

En raison des vents dominants, l'itinéraire suit toujours des schémas similaires : durant la saison hivernale 2023/2024, celui-ci à conduit les matelots du Alexander von Humboldt II à quitter l'Allemagne pour échapper au froid d'octobre en direction d'abord du sauvage golfe de Gascogne, avant de se diriger vers le sud le long de la côte portugaise et ainsi vers un temps de plus en plus chaud. ''Sur le chemin, il y a eu des arrêts dans différents ports'', détaille Béa, ''Porto, Casablanca et les îles du Cap-Vert ont été visités avant le grand saut à travers l'Atlantique ! Puis est venu le voyage de retour en Allemagne. Les escales ont inclus Cuba, les Bermudes et, après environ deux semaines sur l'Atlantique, les Açores étaient en vue''. Maintenant, l'arrivée n'est plus loin : un arrêt de quelques jours en France à Saint-Malo et les bateaux pourront débarquer à Bremerhaven, remplis de bagages, d'expériences et d'aventures.

En raison de la révision du plan de navigation, le bateau ne participera pas à la prochaine Tall Ships Race 2024. Nouvelle direction ? L'Islande !

© Max Mudie
© Max Mudie
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