Après un départ le 1er janvier de Mindelo, Nicolas et Hateya mettent le cap vers l'ouest, direction la Martinique. Dans ce journal de bord très intimiste, il nous partage ces heures solitaires et ses états d'esprit.
Première nuit en solitaire
2 janvier 2024 : La première nuit a été hachée. À la tombée du jour, je me suis fait un repas : tomates, coriandre , betterave, lactofermentée avec de graines germées, tout en écoutant un podcast. J'ai fait un tour d'horizon, et ne vois qu'une lumière blanche au loin avant de me coucher. Avec cette forte gite, j'ai du mal à trouver une bonne position.
Mes rêves se sont mélangés aux sons du bateau, ce qui a créé des illusions sonores. Le bateau couine, grince, tape. J'entends un bruit sur le pont juste au-dessus de moi : clac, clac, clac. Ça frétille. C'est sûrement un poisson volant qui fera mon repas de demain.
3 h, au cœur de la nuit, les voiles claquent, le tangon vient de se décrocher de son attache au pied du mât. Il n'y a presque plus de vent. Je sors pour le raccrocher, reprendre le mou des écoutes pour que les voiles restent tendues et retourne se coucher.
Biiiiiiipppppp ! L'alarme de l'AIS s'est déclenchée. Un bateau ne doit pas être très loin. Et en effet à 30 m de moi, passe un voilier au moteur. Je ne vois personne à bord. On a eu chaud… Je m'interroge : depuis combien de temps l'AIS sonne ? Je l'avais réglé pour sonner une heure à l'avance… Je me recouche.
Je me réveille à 8 h 30 et fais mes exercices pour le dos. J'envoie un message à ma mère qui transmettra à son groupe d'amis : "Hello les amis ma première nuit s'est bien passée, pas de mal de mer, que du portant, un peu moins de vent entre 3h et 6h ce qui a fait que le bateau bougeait pas mal. Je n'ai croisé qu'un bateau. Ce matin, de l'eau à perte de vue ! Je ne me rends pas encore compte où je suis. Je suis bien. Cette nuit j'ai reçu mon premier poisson volant, je le laisse sécher et le mangerai ce soir. Nico et Hateya."

Pourquoi en solitaire ?
Ce matin à 9h, nous avons parcouru 70 Milles en 20h, soit une moyenne de 3,5 nœuds. C'est peu. À cette allure, j'arriverais dans 24 jours.
Mais pourquoi vouloir faire cette traversée seul ? Je voulais concrétiser ce projet dans son entièreté, que la réussite ou l'échec ne tienne que de moi. Je voulais me prouver que je pouvais finir un projet comme celui-là, que je peux être déterminé. J'aurais aussi pu prendre une personne avec moi au dernier moment sans que cela n'entrave rien. Mais je voulais aussi expérimenter la solitude complète pendant 3 semaines. Pour voir ce qui se passe, quelles transformations vont s'opérer en moi.
Il y a aussi une question d'égo. Comme d'habitude je ne veux pas faire les choses comme tout le monde et je veux vivre l'expérience au maximum. Il était hors de question d'être simplement un équipier sur un bateau confortable. Je voulais tout comprendre, tout maîtriser, sur un bateau minimaliste, low tech, avec peu de confort.
Un mal de mer tenace
3 janvier 2024 : Hier j'ai cuisiné, je me suis fait un pain aux olives au petit épeautre. J'ai aussi cuit la fin de ma courge. Ça bouge quand même pas mal par moment et je commence à avoir quelques bleus. Hélas, j'ai vomi ce matin... Pour le bon côté des choses, nous sommes toujours au portant. Je n'ai pas changé mes réglages, le vent est toujours dans la bonne ...

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