Interview / Cédric Faron "Pour mes cordages, j'ai un dress code !"

Sur les pontons de La Rochelle, la veille du départ de la Mini-Transat, nous avons rencontré Cédric Faron sur son Ofcet 6.50 numéro 899.

Comment es-tu arrivé à te lancer sur le circuit des Mini 6.50 ?

Je viens du milieu de la voile en équipage. Je voulais progresser dans la voile et je me suis dit que c'était le meilleur moyen, sans que ça ne me coute trop cher, d'avoir un super bateau, un bateau de course au large et de faire du solitaire à haut niveau. Il y a quand même un excellent niveau dans la Mini. Il faut donc que je passe par là si je veux aller plus loin.

Aujourd'hui, tes objectifs ont-ils évolué par rapport à tes débuts ?

Ca a évolué parce que je ne pensais pas me lancer sur la Mini-transat 2017, à l'époque je voulais faire la 2019. Je m'étais dit : j'achète un bateau performant, je me donne 4 ans pour progresser et je ferai ça à plein temps en 2018-2019 parce que jusque-là j'avais encore mon métier. Finalement voyant les frais que ça engendrait et le niveau que j'avais atteint en 2 ans, j'ai préféré la faire maintenant et accélérer mon parcours dans le nautisme pour faire du Figaro en 2019.

Cédric Faron sur la Mini-Transat
Cédric Faron sur la Mini-Transat

Donc tu n'envisages pas de continuer en Mini à la fin de cette transat ?

Si je vais continuer un peu en Mini, parce que c'est une période charnière sur le circuit Figaro et je n'ai pas envie de me lancer l'année prochaine en Figaro 2. Je ne veux pas non plus d'abandonner mon bateau que je n'ai que depuis 2 ans. Donc j'ai proposé de le louer à quelqu'un. En échange de mon expérience et mon expertise pour maintenir le bateau en état, j'aurai la possibilité de faire des courses. Je pense faire les Sables-Les Açores l'année prochaine. L'idée serait de finir le Mini avec cette course. C'est une course au large mais à moindre cout. Pour un ministe c'est vraiment intéressant parce que c'est beaucoup moins cher qu'une Mini-Transat, mais c'est déjà très long et on va loin.

Tu as dû mettre ton boulot de côté pour te lancer dans ce projet ?

Je n'ai pas abandonné mon boulot, mais j'ai mis tout mon temps libre, mes vacances et mes weekends pour faire avancer le projet. De maintenant à décembre, j'ai la chance d'être en disponibilité pour faire ça à plein temps [Cédric est sous-marinier dans la Marine Nationale NDLR]. Ça c'est top.

Cette aventure a-t-elle répondu à ce que tu attendais ?

Je n'ai eu que des bonnes surprises. C'est vraiment ce que je recherchais. Le Mini c'est vraiment l'école de la course au large, apprendre à manager un projet, à naviguer tout seul, à être plus rapide. Pour tout ça, l'objectif est rempli. Financièrement je m'attendais à ça. Je m'étais bien renseigné. Ça demande énormément de sacrifice. Je partais dans l'idée de le faire le plus à fond possible.

Cédric Faron sur la Mini-Transat
Cédric Faron sur la Mini-Transat

Qu'est-ce qui t'a le plus plu dans ce circuit ?

Ma qualif' ! Ça a été génial. C'était le plus long moment que j'ai vécu en mer sur le Mini et on prend un rythme qui est différent de celui des petites courses d'avant saison de 2-3 jours. C'est vraiment ça qui m'a plu et ça ne peut qu'être bon pour la transat.

À l'inverse as-tu eu des coups durs ?

Oui j'ai eu un coup très dur qui est arrivé sur ma première course. On a mis le bateau à l'eau début mars 2016. J'ai travaillé énormément dessus. C'était un bateau neuf qu'il fallait préparer pour ma première course : la Lorient BSM en avril 2016. J'ai vraiment été la tête dans le guidon pendant un mois. Je me suis mis beaucoup de pressions pour être à l'heure. Au départ de la course, je me suis fait rentrer dedans par un concurrent qui m'a refusé la priorité. Je n'ai pas pu prendre le départ et nerveusement j'ai complètement craqué. Mais le chantier Ofcet a tout de suite repris mon bateau parce que si je ne faisais pas la course Pornichet Select 6.50 3 semaines après, je ne pouvais plus faire la Mini en Mai et mes chances d'être qualifié, d'avoir assez de milles, pour la transat 2017 auraient été quasiment néant. Mais le chantier a travaillé énormément, j'ai vu qu'ils étaient à fond avec moi. Ça m'a redonné espoir. Ils ont remis le bateau à l'eau. J'ai réussi à participer à la course. C'était un deuxième départ.

Quelles sont les personnalisations que tu as faites sur ton bateau ?

Globalement, je suis très pointilleux sur les finitions de matelotage. J'ai pas mal fait évoluer tout mon matelotage. Sur l'Ofcet il y avait le rail de génois qui ne me plaisait pas. On ne pouvait pas sortir son génois au reaching et installer une short-sheet à l'extérieur de la filière. Donc j'ai fait un semblant de réglage 3D qui me permet vraiment d'écarter mon génois. Maintenant j'ai toute l'amplitude de la largeur du bateau pour régler mon génois.

À part ça j'ai aussi fait chier le chantier pour avoir un bout-dehors et des hublots noirs. Pour mes cordages j'ai un dress code. Il fallait que ce soit blanc, noir ou jaune fluo. C'est pour ça que j'ai des drisses qui sont un peu toutes de la même couleur. Ça m'horripile d'avoir des bateaux de toutes les couleurs avec des cordages qui ne ressemblent à rien.

Sinon ça reste un Ofcet bien préparé, mais un Ofcet quand même.

 

Cédric Faron sur la Mini-Transat
Cédric Faron sur la Mini-Transat

Comment va s'organiser ta vie à bord ?

J'essaye de barrer le moins possible. On a la chance d'avoir des bateaux qui marchent très bien sous pilote. Même quand il y a pas mal de vent ou à des allures proches du travers, le bateau est très facile à mener. Ça me permet de passer plus de temps sur la nav', la tactique, d'étendre ma carte. Je fais beaucoup de point sur ma carte. Je regarde beaucoup mes concurrents sur l'AIS pour savoir si je suis à la bonne vitesse. Je suis tout le temps à essayer d'aller le plus vite possible en réglant en permanence. Si je vois quelqu'un qui est à 0.2 nœuds de plus de que moi je me dis que ce n'est pas normal et qu'il y a un truc qui ne va pas.

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