Le Queen Anne's Revenge, de navire négrier à bateau pirate (1/3)

Le Queen Anne's Revenge n'est autre que le célèbre navire du tout aussi célèbre pirate anglais Barbe Noire. Capturé par le flibustier le 28 novembre 1717 au français René Montaudouin, qui l'utilise pour la traite négrière, il devint le vaisseau amiral du flibustier qui sillonne les Caraïbes à son bord pour dépouiller les bateaux qui croisent sa route.

Barbe Noire, une triste réputation

Barbe Noire est sans doute le plus célèbre voleur des mers. Avec d'autres pirates, il sévit dans les mers des Caraïbes et au large des côtes de l'Amérique du Nord, de 1716 à 1718, à l'époque de ce qu'on appelle "l'âge d'or de la piraterie". Il trouve la mort en 1718, lors d'une bataille contre des navires britanniques dans la baie de Pamlico en Caroline du Nord.

Parmi tous les vaisseaux de sa flotte, sa plus belle "capture" fut celle du Queen Anne's Revenge, un ancien navire négrier français, qu'il commandera pendant moins d'un an.

La frégate La Concorde

La Concorde est une frégate d'environ 110 pieds et de 300 tonneaux construite en 1710 dans le chantier naval de Rochefort. Avec ses 40 canons, ce navire de la marine marchande embarquait jusqu'à 350 hommes. Il effectuait la traite négrière pour le compte de l'armateur nantais René Montaudouin, membre d'une importante famille de négociants du 18e siècle, ayant bâti sa fortune sur le commerce d'esclave.

Après une navigation privé en 1710, le navire devient marchand d'esclaves au printemps 1713 avec la reprise des relations commerciales maritimes à la fin de la guerre de succession d'Espagne. Il effectue son premier voyage de Nantes au Bénin, avant de rejoindre La Martinique en décembre de la même année pour y vendre 465 esclaves.

La Concorde entreprendra une 2e campagne au printemps 1715 entre Nantes, la côte ouest de l'Afrique, le Gabon et Haïti avant son retour en France à l'été 1716.

La rencontre avec Barbe Noire

Le 24 mars 1717, le navire quitte Nantes pour son troisième et dernier voyage sous le commandement de René Mountaudouin. À son bord, 16 canons et 75 membres d'équipage. Le bateau rejoint le port de Judas, au Bénin (anciennement Whydah), le 8 juillet 1717 et repars à destination de la Martinique en septembre, avec une cargaison de 516 captifs. Les officiers profitent également du voyage pour ramener une vingtaine de kilos de poussière d'or.

Le 28 novembre 1717, La Concorde croise la route de la flotte de Barbe Noire, alors qu'il navigue à 100 milles de La Martinique. Le navire français a mis près de 8 semaines pour traverser l'Atlantique et s'est englué dans le tristement célèbre Pot au Noir. À bord, le scorbut et la dysenterie ont mis à mal l'équipage : 61 esclaves et 16 marins ont péri et 36 autres équipiers sont gravement malades.

Face à l'équipage réduit, les pirates sont en force. Ils naviguent à bord de deux sloops — 120 hommes et 12 canons pour l'un et 30 hommes et 8 canons pour l'autre. Ils réussissent à saisir La Concorde après seulement deux salves de canons.

Les historiens supposent que le rôle de frégate corsaire (à la solde du roi) de La Concorde durant la Guerre de Succession d'Espagne a motivé sa capture par Barbe Noire. En effet, ce dernier avait combattu au sein des rangs anglais pendant la guerre et avait sans doute eu affaire à des navires de la trempe de La Concorde : des bateaux solides, rapides et facilement manœuvrables. Bref un bateau pirate idéal !

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