Essai / Essai du JPK 1030, un voilier dédié à la course au large en IRC


Le JPK 1030 est un bateau optimisé pour les courses en double en IRC, et il met toutes les chances de son côté. Bateaux.com a testé cette machine à podium dans les Courreaux de Groix. Nous avons découvert l'ergonomie, le touché de barre, la réactivité et les performances de ce bateau de régate de nouvelle génération.

Sur le ponton de Kernével à Larmor-Plage, nous retrouvons Jean-Pierre Kelbert qui nous accueille à bord de Léon, le JPK 1030 du chantier. Le patron nous laisse les clés de son voilier pour la journée et c'est en double que nous ferons l'essai. Nous allons donc découvrir le JPK sans mode d'emploi et sans skipper chantier, ce qui est rare. À bien y réfléchir, sachant qu'un bon bateau de régate amateur doit être facile à comprendre et à faire marcher, Jean-Pierre Kelbert doit avoir confiance dans son JPK 1030.

Le JPK 1030 respire la compétition

Au premier regard, on remarque que la carène est puissante avec des francs-bords élevés, la section avant est pleine et le bordé presque vertical ajoute de la raideur. Le roof qui s'élance loin vers l'étrave et les hublots frontaux donnent une allure agressive et très sportive au JPK 1030. L'attraction du carbone fait son effet et le regard se porte irrésistiblement vers le mât noir à deux étages de barres de flèche.

Le vaste cockpit propose une organisation fonctionnelle et efficace. Le barreur profite de tous les réglages de grand-voile et l'équipier dédié aux manœuvres dispose d'un piano ergonomique devant lui. Malgré la présence de nombreux bouts, la simplicité qui émane du JPK 1030 démontre une étude approfondie et la connaissance des besoins requis pour la navigation en double et au large.

On remarque la différence de franc-bord quasi vertical du JPK1030 (à droite) et le JPK1010 (à gauche) moins puissant. © Sophia Von Fernbach

On choisit les voiles et l'on part en mer

Après une rapide visite intérieure, Jean-Pierre nous aide à sélectionner les voiles à embarquer. Dans les Courreaux de Groix, le vent de sud-ouest souffle de 12 à 18 nœuds. Le temps est couvert, mais, en ce mois de janvier, nous avons la chance de n'avoir ni trop, ni trop peu de vent. Nous choisissons le J2 comme voile d'avant, quitte à être un peu sous-toilés au début. Nous embarquons aussi le spi max (A5) et un spi médium (A3) au cas où le vent serait plus fort que prévu.

© Sophia Von Fernbach

Nous installons les belles voiles sombres à membrane, le J2 monté sur un étai creux Tuff Luff et la grand-voile semi-lattée est gréée sur ralingue. Nous réglons la sous-barbe de manière à pouvoir sortir le bout-dehors au maximum, à savoir 1,40 m au-delà de l'étrave. Enfin, nous quittons le port de Kernével pour écouter ce que le JPK 1030 a à nous dire.

© Sophia Von Fernbach

Programme de nav' pour un essai course

C'est par la Passe Ouest que nous allons quitter la rade de Lorient. Aux abords de la citadelle de Port Louis, le courant rentrant est vraiment fort, face au vent nous devons enchaîner de très nombreux virements, parfait pour s'échauffer et se familiariser avec le JPK 1030.

Une fois sortit du long chenal, nous gagnerons, au près serré la pointe de Pen Men, à l'extrémité occidentale de l'île de Groix. D'ici, nous ferons un peu de reaching (vent de travers), afin de sentir la puissance de carène. Cette allure dite "bâtarde" est capitale pour performer durant les longues courses off-shore.

De retour à la pointe de l'île de Groix, nous tirerons un premier bord de spi tribord amures. Puis, nous empannerons afin de rejoindre la Passe Sud du chenal de Lorient, toujours sous spi, mais bâbord amure.

Au près, puissance et contrôle

Nous profitons des nombreux virements imposés par le chenal pour exploiter les bonnes capacités du JPK à faire du cap. Le vent très irrégulier exige de jouer des réglages de voile, le palan fin d'écoute de GV, le chariot de grand voile reviennent sur un petit pod aux pieds du barreur. Le pataras, lui aussi à portée de main, est suffisamment puissant pour cintrer le mât en carbone Axxon. Contrairement à certains de ses concurrents, JPK a choisi un pataras simple qui interdit l'usage d'une vraie grand-voile à corne.

Au près les sensations sont aux rendez vous, le bateau "parle" bien à son équipage et nous trouvons un VMG correct aux alentours de 6,5nds. Malgré le vent variable, sous J2 et GV haute, l'équilibre du bateau est très agréable, et dès que l'on tire un peu sur le manche, la vitesse passe très rapidement au-dessus de 7 nds.

© Sophia Von Fernbach

© Sophia Von Fernbach

© Sophia Von Fernbach

Réglage du solent : le décroché de roof et le système 3D permettent de rentrer le point de tire de la voile d'avant. © Sophia Von Fernbach

À la barre, ça va vite et c'est précis

Lors des premiers virements de bord, nous sommes assez surpris de la rapidité de rotation. Nous l'attribuons en partie au brion qui sort nettement de l'eau et à une bonne répartition des masses. Cette manœuvrabilité sera très appréciée durant les phases de pré-départ. N'empêche que pour border le solent dans les temps, nous devons ralentir un peu la rotation faute de quoi, on ressort trop bas sur l'autre amure.

Les doubles safrans offrent au barreur douceur et précision avec juste le retour d'information nécessaire. La barre franche est assez avancée dans le cockpit. Lors des virements, le barreur passe instinctivement au-dessus d'elle sans quitter l'étrave des yeux. Dans les fonds, de grands cale-pieds en composite permettent au duo de s'installer côte à côte durant de longues heures.

Au portant, ça glisse !

A hauteur de la pointe de Pen Men, le moment tant attendu d'envoyer le spi est enfin arrivé et nous avons de la chance, il souffle à 18nds. Au portant, le JPK 1030 révèle un caractère joueur, pourvu qu'on lofe pour le pousser à accélérer. Grâce à sa carène relativement raide et aux doubles safrans, on contrôle facilement la puissance du spi asymétrique amuré au bout dehors de 1,40 m.

Au largue serré, le vent qui souffle maintenant à 22 nds nous offre de belles envolées sous spi. Nous attrapons les petites vagues et restons dessus. À la proue, nous voyons apparaitre l'écume de la vague qui fume et s'éloigne de l'étrave à mesure que nous accélérons. La précision de barre nous permet de plonger dans les petits creux le temps d'un surf. En allant chercher les limites, on réalise que cette carène IRC est tout de même bien plus puissante que la plupart de ses consœurs. Le JPK est relativement léger et aidé d'une rafale, nous avons dépassé les 14 nds, ce qui est plus qu'honorable pour un 33 pieds.

Nous empannons facilement dans 20 nds de vent. Grâce au long bout-dehors qui déporte le spi loin de l'étai, on passe le spi sur l'autre amure sans effort particulier. Une fois en ciseaux, à la prochaine petite vague ce sera le moment de faire passer la grand-voile.

Même à haute vitesse, le JPK1030 est parfaitement contrôlable.

À 130° du vent réel, risée à 23nds, vitesse stable à 13nds. © Sophia Von Fernbach

Le JPK 1030 sera certainement redoutable au largue dans la brise. © Sophia Von Fernbach

Code 0, la voile magique

En se rapprochant de la côte, le vent est tombé à moins de 8nds. Nous finissons la journée en déroulant le code zéro IRC. Cette voile sur le guindant libre, qui se grée à l'extrémité du bout dehors, permet d'augmenter nettement la surface du triangle avant dans les petits airs.

Pour répondre aux contraintes de la jauge IRC, cette voile a une coupe un peu particulière, car à 50 % de la hauteur elle doit faire 75 % de la largeur max. Néanmoins, c'est une surface supplémentaire bien appréciable pour continuer à filer sur la mer rendue lisse par l'absence de brise. Le jour se couche sur la rade lorientaise et il est temps de regagner le port.

© Sophia Von Fernbach

Des ballasts pour monter en puissance

Au près, le vent encore faible et les virements s'enchaînant dans le chenal n'ont pas nécessité l'utilisation des ballasts. Il s'agit tout de même de 300l de liquide à déplacer d'un bord sur l'autre et le JPK 1030 n'est pas si toilé que ça.

Le système de ballast est relativement simple. Il y a une prise d'eau centrale qui pompe l'eau de mer vers le réservoir sélectionné. Des tuyaux de grand diamètre vont d'un réservoir à l'autre pour déplacer le lest liquide. En fond de cockpit, deux tiges télescopiques permettent d'actionner les vannes. Le remplissage, si le bateau est à plat, prendra deux minutes, plus en fonction de gîte. Lors d'un virement de bord, le transfert de lest se fait en une trentaine de secondes.

Sur ce bateau, le rôle du ballast est essentiel  près, mais il diminue vite en abattant. D'après Jean-Pierre Kelbert au largue serré, son JPK 1030 serait plus rapide en naviguant sur la tranche et sans ballast, que plus à plat, mais alourdi de 300 kg de lest liquide.

1 & 2. Vanne de contrôle de transfert des ballasts accessible en fond de cockpit
3. La vanne sofoscope logée dans la première marche de la descente pour puiser l'eau de mer
4. Ballast tribord dans la cabine arrière avec son tuyau de transfert

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3.32 mLargeur - Bau
3 500 kgDéplacement lège
Jacques ValerArchitecte
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