Tetiaroa : une escale en Polynésie Française où le débarquement se mérite

Escale à Tetiaroa © Julie Leveugle

Quand on navigue en Polynésie Française, Tetiaroa est une escale réputée et attirante. Mais il n'y a là-bas aucune passe permettant de rallier la plage en annexe et il faut attendre la bonne vague pour pouvoir débarquer… Retour d'expérience avec quelques astuces et infos sur cette belle destination.

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Tetiaroa, seul atoll de l'archipel des Iles-du-Vent

A une trentaine de milles au nord de Tahiti, l'atoll de Tetiaroa est composé de 13 motus et mesure 6 km².
Il a été la propriété de Marlon Brando jusqu'en 2002. L'atoll accueille aujourd'hui 240 habitants, qui vivent et travaillent tous à "The Brando Resort", un hôtel autonome sur le plan énergétique. Tout se passe sur le motu d'Onetahi, seul motu habité, où se situe l'aérodrome permettant de faire le lien entre l'hôtel, Tahiti et Moorea en 15 minutes de vol.

Tetiaroa, au nord de Tahiti
Tetiaroa, au nord de Tahiti

L'île de Tetiaroa est connue des plaisanciers et visiteurs de la région pour les difficultés qu'elle présente pour débarquer.

Ici, il n'y a aucune passe qui permette d'entrer dans le lagon ou de rejoindre la plage. Aussi, pour débarquer, il faut se présenter en annexe devant une coupe dans le platier, attendre la bonne vague qui permettra de passer par-dessus le plateau rocheux, et naviguer ensuite en suivant un cheminement précis - par peu de profondeur - entre les différentes patates de corail jusqu'à la plage.

Une technique assez dépendante des conditions météo, de la houle et de la marée, pour laquelle il est bon d'avoir un peu d'entraînement ! Nombreux sont ceux qui ont échoué en annexe sur le corail. Il y a deux jours encore, nous rencontrions un navigateur qui nous racontait avoir coulé son annexe à cet endroit…

 L'atoll de Tetiaroa et les motus principaux
L'atoll de Tetiaroa et les motus principaux

Un accès à terre périlleux

Le passage risque d'être compliqué pour nous aussi. Notre annexe est en fin de vie. Elle est restée 3 ans sous le soleil polynésien, sur un chantier dans les îles Tuamotu, et se décolle régulièrement malgré toutes nos tentatives de réparation.

Nous sommes deux adultes et un enfant de 5 ans, nous n'allons pas pouvoir déjauger avec notre moteur hors-bord de 5 CV.

Nous espérons que la période de grands coefficients, que nous avons choisie pour venir, nous aidera à franchir le platier avec moins de difficulté.

Des corps-morts privés disponibles

La zone de mouillage se trouve au sud du motu Rimatu'u. Plusieurs catamarans amènent régulièrement des passagers découvrir Tetiaroa, sur la journée au départ de Papeete - Tahiti, et plusieurs corps-morts privés y ont été installés par les compagnies de charter. Il est possible d'utiliser ces bouées lorsqu'elles sont disponibles.

 La zone de mouillage au sud du motu Rimatu'u
La zone de mouillage au sud du motu Rimatu'u

A bord de notre Trisbal 36 Ta Mana, nous arrivons de l'île de Moorea en milieu d'après-midi, après une navigation de 33 milles.

En approchant de l'atoll et de la zone de mouillage, nous n'apercevons d'abord aucun coffre disponible. Il y a 40 à 50 mètres de fond et nous ne pouvons envisager de nous mettre à l'ancre !

Un catamaran est en train de mettre des pare-battage sur son tribord, et nous envisageons de nous mettre à couple. Mais il y a en fait encore deux bouées disponibles un peu plus loin, et nous prendrons l'une d'elles.

Une zone de mouillage saisissante

Ta Mana est confortablement installé sur coffre, à une centaine de mètres de la côte. Les vagues déferlent juste devant le bateau, cela fait beaucoup de bruit et c'est très impressionnant !

Notre voilier Ta Mana a une centaine de mètres de la côte
Notre voilier Ta Mana a une centaine de mètres de la côte

Il y a moins de monde que sur les zones de mouillage de Tahiti et Moorea et nous retrouvons l'ambiance des atolls que nous aimons tant : plusieurs motus plein de cocotiers, rien que de l'eau bleu turquoise et du sable blanc.

Une baignade s'impose. Nous plongeons autour du bateau et sommes rapidement rejoints par plein de petits requins pointes noires curieux mais inoffensifs. En fin de journée, je fais voler mon drone pour appréhender la zone et tenter de préparer notre descente à terre. Nous essayerons de débarquer à l'étale de pleine mer le lendemain. Pour l'heure, nous nous endormons bercés par le bruit des vagues qui viennent s'éclater sur le platier.

Une descente conditionnée par la puissance du moteur hors-bord

Vers 9h30 le lendemain, nous montons tous les trois dans l'annexe dans l'idée de débarquer. Nous sommes peu convaincus par la manœuvre. Il y a quelques bateaux de charter qui déposent leurs passagers sur la plage, et nous pensons leur demander d'embarquer l'un d'entre nous dans leur semi-rigide, pour que notre annexe puisse déposer les deux autres.

N'ayant pas envie de les embêter tout de suite, nous tentons tout de même de nous débrouiller seuls. Nous nous présentons tous les trois devant la coupe dans le platier, en attente de "la bonne vague". Le corail forme un véritable mur, dont le haut se couvre légèrement puis se découvre complètement à chaque vague. Il ne va pas falloir se louper !

Nous laissons passer quelques vagues, ne nous risquant pas trop, espérant que les conditions soient rapidement plus favorables pour nous permettre de découvrir cette jolie île.

Alors, un membre d'équipage d'un catamaran de charter vient nous trouver. Selon lui, "ça ne passera jamais avec 5 CV, surtout pour le trajet retour". Il nous propose gentiment de nous débarquer avec sa plus grosse annexe et sa motorisation 15 CV.

Il viendra chercher ses passagers à midi, cela nous laisse suffisamment de temps pour faire un tour !

A Tetiaroa, les motus de Rimatu'u et Tahuna Iti
A Tetiaroa, les motus de Rimatu'u et Tahuna Iti

Une faune et une flore particulièrement riches

Nous faisons le tour des deux motus de Rimatu'u et Tahuna Iti.

Le premier est celui que j'ai survolé en drone. La végétation y est dense avec beaucoup de cocotiers. Il y a un petit lac d'eau saumâtre et une plage de sable blanc qui ceinture le tout.

 Le lac d'eau saumâtre du motu Rimatu'u
Le lac d'eau saumâtre du motu Rimatu'u

Le second motu est aussi appelé "L'île aux Oiseaux". C'est une réserve ornithologique avec plusieurs espèces exotiques : aigrette de récif du Pacifique, chevalier errant, courlis d'Alaska, pluvier fauve, noddi brun, différents sternes et fous…

Les oiseaux sont clairement sur leur territoire et nous survolent avec insistance pour nous prier de nous éloigner un peu. Dans un souci de préservation du patrimoine naturel, des piquets en bois sont plantés dans le sable au large de la plage et nous ne devons pas aller au-delà.

Entre les deux motus, nous profitons d'une baignade dans le lagon peu profond. Le sable est très fin, l'eau bien chaude et cristalline, on aperçoit quelques requins juvéniles. Et sur la plage, tous les coquillages sont habités de crustacés !

La vue sur le lagon depuis le motu Rimatu'u
La vue sur le lagon depuis le motu Rimatu'u

20 minutes pour quitter l'île

Après près de deux heures à se dégourdir les pattes, c'est déjà la fin de notre visite.
Nous rejoignons les passagers des deux bateaux de charter qui attendent les équipages chargés de les récupérer.

Les trois annexes des deux catamarans de charter viennent récupérer leurs passagers deux par deux pour être sûrs de déjauger, faisant une vingtaine d'allers-retours et suivant tout le temps le même trajet (à fond) pour passer entre les patates de corail et par la coupe dans le platier.

Quelques fois, le pilote de l'annexe ralentit brusquement car la vague ne permet pas de passer par-dessus le mur de corail et qu'il faut attendre la suivante…

Notre pilote nous explique qu'ils disposent en fait de vingt minutes d'accalmie entre deux grosses séries de vagues pour transférer tous les passagers. Nous passerons grâce à lui sans problème !

Dans l'après-midi, les catamarans de charter repartent pour Tahiti. Nous profitons d'une dernière baignade autour de Ta Mana et d'un dernier coucher de soleil.

Nous passerons la nuit seuls au mouillage, conscients de la chance que nous avons eu de pouvoir découvrir cette magnifique destination et impatients pour la suite de notre voyage.

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Jl Hénot
Jl Hénot
Le mouilage est possible depuis le bout des ruines des rail du train qui amenait le cophra. Une ancre géante est a 25 m. On y descend une bouteille sur le dos .Top 30m du platier juste à côter de la faille qui permet en zod ou à la nage, d'entrer dans le lagon. Et là il n'y a aucun autre bateau, les charters de crétins bruyants soins loins. Beaucoup de lagoustes la nuit sur le platier, à la lampe frontale, crabes de cocotiers à terre mais bourré de moustiques. Ruines de l'ancienne plantation de cophra et tombes des anciens prprio anglais.
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