Sébastien Rogues s'apprête à prendre le départ de la Transat Jacques Vabre sur un bateau fraîchement mis à l'eau. Nous l'avons interrogé sur sa nouvelle monture et ses ambitions pour cette course en double.
Ton bateau est le dernier de la classe Ocean Fifty à avoir été mis à l'eau. Comment s'est déroulée la mise au point ?
La mise à l'eau a eu lieu le 17 aout. Tout s'est bien passé techniquement. Le chantier Multiplast a réalisé les pièces essentielles du bord, et il restait à notre charge environ 30% de la construction. Nous avons installé l'ensemble des systèmes du bord, et on fiabilise l'ensemble.
Le principal avantage de cette organisation est qu'on a mis à l'eau un bateau qu'on connait parfaitement. Le bateau est encore un peu jeune, mais ce n'est pas rédhibitoire. 99 % du bateau est au point, mais la course au large se joue sur les détails.
Après ton class 40, c'est ton 2e bateau neuf. Quel est la différence dans la façon de mener le chantier d'un monocoque de 40 pieds et d'un multi de 50 pieds?
J'ai effectivement eu la chance d'avoir déjà skippé un bateau neuf, en l'occurrence un Class40 de 2013 sur plan Manuard. Mais le suivi de ces deux projets a été radicalement différent. La construction d'un Ocean Fifty s'est avérée plus contraignante. J'étais chef d'orchestre de cette aventure, et ca n'a pas été facile. Heureusement, on ne partait pas d'une feuille blanche. On a utilisé les moules d'Arkema 4 pour les formes de carènes et de structure. J'ai ajouté mon expérience et ma vision sur les aspects ergonomiques et de protection de l'équipage.
Est-ce que ce nouveau venu va faire de l'ombre aux bateaux les plus anciens de la classe Ocean Fifty ?
Notre règlement technique ne rend pas obsolète les anciens bateaux. Preuve en est la dernière édition, que j'ai remportée sur un multicoque lancé en 2009. Nos règles de jauge sont vraiment écrites pour limiter les coûts et maintenir un niveau de compétitivité à toute la flotte. Par exemple, la seule différence entre mon trimaran en configuration "transat" ou "régate inshore" est la casquette de protection du cockpit.
On est super fiers d'avoir 6 bateaux de la même classe, dans laquelle l'ambiance est vraiment excellente. Néanmoins, ce n'est pas parce qu'on est copains avec nos concurrents qu'on va leur faire des cadeaux. On se présente en outsider sur cette édition de la Jacques Vabre, mais si nos concurrents ne nous ouvrent pas la porte, on va la défoncer.
Quelles sont les différences entre ton ancien et ton nouveau bateau ?
La principale différence avec l'ancien Primonial réside dans le fait que la cellule de vie est sur le pont, et pas dans la coque centrale. On ne descend plus à la "cave".
Second point, Primonial 2 est un trimaran qui est conçu avec un profil beaucoup plus aéro que son prédécesseur.
Combien de temps va prendre cette traversée ?
On devrait mettre entre 14 et 16 jours. On a subi un peu la pression des autres classes sur le choix du parcours, et on va descendre très au sud, et traverser deux fois le Pot au Noir.
Tu es le tenant du titre. Quel est le concurrent le plus sérieux de la classe Ocean Fifty?
Le niveau dans la classe est vraiment homogène. Les bateaux les plus anciens sont toujours dans le coup, et pourraient faire la différence s'il y a de l'air. J'ai un affect pour mon ancien bateau, qui sera mené par Luke Berry et Antoine Joubert. Dans les bateaux les plus récents, Thibaut Vauchel-Camus et Quentin Vlamynck font pour moi figure des "clients" les plus sérieux. Ils cumulent à deux le plus de milles, et le bateau présente un fort potentiel. Mais tout le monde aura une carte à jouer, tant le niveau est élevé. Il suffit d'un petit pépin technique ou d'un ralentissement en tête de course pour bouleverser le classement. Sur la Jacques Vabre, tout va très vite et un souci technique ne pardonne pas
Quelle est la suite du programme de courses pour Primonial Sailing Team?
On fera un gros debrief sur cette Jacques Vabre, qui va nous apporter de nouveaux appuis techniques. On enchainera ensuite sur le circuit du Pro Sailing Tour au printemps 2024. Et nous aimerions nous aligner sur des régates offshore en équipage comme la Middle Sea Race.
