Où finissent les eaux noires des plaisanciers ?

Mouillage de la Pie – Bananec – Les Glénan

L'été approche, le printemps aussi d'ailleurs et on se prend à rêver des petits mouillages paradisiaques en fond de baie devant une plage magnifique. Avant d'y mouiller l'ancre, il faut se poser une question : que deviennent nos eaux usées quand elles ne sont pas « conservées » à bord ?

La réglementation est claire

La loi sur l'eau prévoit que tous les navires de plaisance construits à partir de 2008 et équipés de toilettes, doivent être équipés soit de bac de rétention (cuve à eaux noires), soit de système de traitement des eaux usées.
Les rejets d'eaux noires, grises ou de fond de cale sont strictement interdits dans les ports et dans la zone des 3 milles nautiques.

Le rejet des eaux noires est possible au-delà des 3 milles à condition que le bateau soit équipé d'un système de broyage et désinfection. Le rejet doit s'opérer à une vitesse d'au moins 4 nœuds.

Mais de plus en plus de port ou zones de mouillages ne sont accessibles que si le navire dispose d'un système de rétention des eaux usées. En contrepartie chaque port doit disposer d'installations de réception des déchets et des eaux usées des navires.

En clair la qualité du mouillage et de la baignade dépendent de notre comportement. Si la plupart d'entre nous prennent la peine de vidanger très au large, un petit nombre rejette tout à la mer sur le lieu même de l'escale…

Marina du Moulin Blanc- Brest. Janvier 2021
Marina du Moulin Blanc- Brest. Janvier 2021

De plus en plus, les ports de plaisance sont équipés et proposent gratuitement l'accès à leurs installations, contribuant ainsi à la qualité des eaux et plus largement à une logique environnementale de plus en plus partagée.

Malgré cet effort des infrastructures portuaires, force est de constater que les installations sont sous-utilisées !

Interrogés les directeurs des ports de Concarneau, Port La Forêt et Brest-Moulin Blanc sont unanimes. Les installations existent, elles sont gratuites, faciles d'accès 7j/7 et malheureusement peu utilisées.

À Brest, Jonathan Goguer nous explique que sur une capacité de 1400 places et 150 places visiteurs, pour l'année 2020 le compteur a enregistré 30 heures d'utilisation de la station de récupération des eaux. Cela semble peu pour autant de bateaux.

Station eaux usées. Marina du Moulin Blanc – Brest
Station eaux usées. Marina du Moulin Blanc – Brest

À Port La Forêt, Frédéric Boccou, comptabilise 6 utilisations de la station de traitement des eaux usées pour l'année 2020. La station qui est judicieusement placée à côté des pompes à carburant est d'accès facile et le plaisancier bénéficie de l'aide d'un opérateur du port pour simplifier et garantir la manœuvre.

Port la Forêt
Port la Forêt

D'après Frédéric la moyenne d'âge des bateaux est un facteur important. En effet de son point de vue, seulement 1% des bateaux seraient équipés de réservoirs à eaux usées. Il va donc falloir attendre un renouvellement de la flottille. Pour mémoire seuls les bateaux construits après 2008 sont obligatoirement équipés de réservoirs à eaux usées. Aujourd'hui l'âge moyen d'un bateau de plaisance est de 23 ans et 80 % des bateaux ont été construits avant 2000 (source ODIT France- le marché de la plaisance)

À Concarneau, Arnaud Ricard prévoit de modifier totalement ses installations pour les rendre encore plus simples d'usage. En effet, bien que ce soient des opérateurs du port qui s'occupent de tout en lieu et place des plaisanciers l'usage reste faible.

Port de Concarneau depuis la Ville Close
Port de Concarneau depuis la Ville Close

Il envisage également de renforcer la communication sur cet aspect de préservation des fonds marins, peut-être bien avec la Station Biologique du Muséum national d'histoire naturelle toute proche.

Pour les trois responsables de ports contactés : l'information, la connaissance du milieu marin et de l'impact des eaux usées doivent pouvoir faire évoluer le comportement de chaque plaisancier.

Nos voiliers et vedettes ne sont-ils pas en partie responsables de la détérioration de la qualité des eaux côtières ?

Nos belles zones de mouillage et nos petits coins de paradis sont-ils des spots de pollutions ?

Allons faisons encore des efforts pour continuer à naviguer et faire escale dans des eaux limpides où il fait bon se baigner.

La chambre – Les Glénan – au fond le fort Cigogne
La chambre – Les Glénan – au fond le fort Cigogne
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Jacques Seaume
Jacques Seaume
J'ai un Chassiron CF de 1962 à coque en bois. Dès son acquisition, en 1994, j'ai supprimé les wc qui étaient à bord. Je les ai remplacés par un bon et solide seau de maçon! Au large, la grosse commission disparaît en 2 à 3 minutes gobée par des poissons venant de je ne sais où. Au port, il y a des toilettes. Pour la vaisselle, un filet solide dans lequel je mets ce qu'il y a à laver et je laisse traîner à l'arrière. Un petit rinçage à l'eau douce et la vaisselle est nickel! Pour le papier toilette, je me muni de papier bio-dégradable. Tout le reste , maintenant, n'est, à mon avis, que confort ( très côuteux) et fait reculer l'esprit marin au profit de celui de citadins "hygiénistes". Un petit
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