Du rôle sous-estimé de Gustave Caillebotte dans l'architecture navale à l'évolution de la vulgarisation nautique, Daniel Charles a toujours cherché à raconter la mer autrement. Plutôt que de suivre les schémas traditionnels, il propose une lecture où la technique s'inscrit dans une perspective culturelle et où la passion donne du relief à l'histoire. Dans cet entretien, il revient sur ses découvertes, ses réflexions sur la transmission et son regard sur l'avenir de la plaisance.
Vous avez publié une biographie de Gustave Caillebotte, révélant son rôle d'architecte naval. Pourquoi cet angle, et comment son travail vous a-t-il influencé ?
Le Bonhomme est intéressant, même passionnant. Il ne faut pas voir ce bouquin avec les yeux de maintenant. À l'époque, on ne sait rien de Caillebotte. Caillebotte, c'était un tableau, les Raboteurs de parquet, et un legs. Il était beaucoup plus connu pour son testament que pour sa peinture. Aujourd'hui, il est considéré comme l'un des impressionnistes majeurs. Ce n'était pas le cas il y a 30 ans, et ce n'était pas le cas non plus de son vivant.


Quand j'ai commencé à faire cette recherche, il y avait des zones d'ombres invraisemblables. Ma chère Marie Béraud, qui avait fait le catalogue raisonné de Gustave Caillebotte, est tombée de sa chaise quand elle a découvert que Caillebotte était architecte naval. Elle l'ignorait totalement alors qu'elle avait passé sa vie à travailler sur Caillebotte. Par ailleurs, quand je rendais visite à Daniel Beach, qui était le conservateur des collections nationales de timbres en Grande-Bretagne, il me parlait souvent de la collection des frères Caillebotte. Celle-ci se trouve au British Museum, intégrée à la collection de l'homme qui a acquis la collection de timbres des Caillebotte. Depuis 48 ans, les frères Caillebotte figurent parmi les fondateurs de la philatélie. Pourtant, la London Philatelic Society, tout comme le British Museum, ignorait totalement que Gustave Caillebotte était également peintre. Chacun regarde donc dans son petit jardin et n'a pas une vision totale du paysage.
On a fait grosse exposition ''Impressionists on the Water'' qui s'est tenue à San Francisco et au Peabody Essex Museum à Salem, on a quand même eu 250 000 visiteurs. C'était basé sur toute une recherche que j'avais faite, et j'ai beaucoup publié là-dessus. Le rôle que Caillebotte a joué avec le bateau est extrêmement mal ...

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