Daniel Charles a couvert la Coupe de l'America aux côtés de Jean-François Fogel, dirigé le Conservatoire international de la plaisance et soutenu le premier doctorat français sur l'histoire du yachting. Entre réflexions sur l'innovation et amitié avec Éric Tabarly, son parcours est celui d'un passeur de savoirs, toujours en quête de nouvelles façons de raconter la mer et ses bateaux. Entretien avec cet historien qui, tel un archiviste de l'âme du nautisme, s'est forgé dans l'obstination et la curiosité.

En 1987, vous recevez le prix CFCA pour votre reportage sur la Coupe de l'America dans Libération, avec Jean-François Fogel. Quel regard portez-vous aujourd'hui sur cette aventure journalistique ? Avez-vous toujours écrit ''contre le vent'' ?
Non, j'ai toujours écrit. Même si il m'a fallu très longtemps pour accepter qu'au fond, de nature, j'étais davantage un écrivain qu'un journaliste. Il m'a fallu 70 ans. J'ai aussi longtemps jonglé avec la langue. L'anglais a été ma langue de travail et d'écriture pendant des années. Ce n'est que pour mes deux derniers ouvrages que je me suis véritablement remarié avec le français. Ça m'a permis d'accepter certaines choses.
Lors de la Coupe America, Jean-François Fogel, alors journaliste à Libération a demandé qui était le mieux renseigné sur cette course. À l'époque, j'avais monté un réseau informel de journalistes pour échanger des informations entre gens qui ne se parlaient pas nécessairement. J'étais le mieux renseigné. Il a installé son bureau face au mien et m'a embringué dans l'aventure de ''Libé''. Notre couverture a été un succès. Nous avons trouvé tous les scoops qu'il y avait à dénicher et raconté l'histoire avec suffisamment de dynamisme pour toucher un large public.
Les Américains étaient venus avec une peau artificielle ...