Souvenir Iodés d'un skipper avec Armel le Cléac'h

Armel le Cléac'h

Armel le Cléac'h qui fait son grand retour sur le circuit Figaro Bénéteau — avec l'arrivée du Figaro Bénéteau 3 — en attendant la construction de son nouvel Ultime a répondu à nos questions sur son métier de skipper et sa pratique de la plaisance.

Quel est ton premier souvenir en mer ?

Mes premières navigations de croisière en famille, sur le voilier de mon papa, un Melody. J'ai commencé à a peine un an. Nous naviguions dans la baie de Morlaix et souvent on traversait jusqu'au Scilly, qui était notre lieu de vacances l'été.

Quel déclic t'a donné envie de te lancer dans cette carrière ?

Ma victoire sur la sélection en 1999 du Challenge Espoir Crédit Agricole. C'était un vrai tournant pour moi. J'étais étudiant à l'INSA à Rennes en école d'ingénieur. Deux choix s'offraient à moi. En remportant, le challenge, je gagnais deux années sur le circuit Figaro, avec un bateau et un budget en intégrant le Pôle Finistère de Port-la-Forêt. À l'inverse, j'aurai continué mes études et exercé un métier à terre.

Cette victoire m'a permis de voir que c'était ce que je voulais faire et surtout, que j'avais la capacité de le faire.

Armel le Cléac'h à l'arrivée du Vendée Globe © DPPI / BPCE

Quel bateau t'a laissé le meilleur souvenir ?

Ça reste le Maxi Banque Populaire IX même si aujourd'hui il a disparu. Il a fait partie des Ultimes, qui atteignent des vitesses incroyables, permettent de traverser l'Atlantique en solitaire en moins d'une semaine… Ils sont difficiles à mener et demandent beaucoup de travail pour arriver à les rendre performants et fiables, mais ce sont des bateaux fabuleux.

As-tu eu un mentor ou un autre skipper qui t'a marqué ?

Mes entraineurs quand j'ai commencé en Optimist. Ils m'ont donné envie de poursuivre, et m'ont permis de progresser. J'ai fait pas mal de régates départementales, régionales puis nationales en Optimist. On est assez jeune et l'entraineur est très important, car il nous donne les moyens de progresser et d'arriver rapidement à faire de belles choses.

Mon entraineur m'a permis d'aimer au départ ce que je faisais et de ne pas être dégouté par la compétition. Il m'a appris l'exigence et la pédagogie nécessaire à un certain niveau sportif. Il rendait ça "agréable".

Mes premiers entraineurs en Optimist m'ont donné envie de continuer dans ce sport et de m'entrainer pour atteindre les plus hauts niveaux.

Quelle est ta plus belle réussite de marin ?

Ma victoire au Vendée Globe. C'est une victoire qui s'est construire presque sur 10 ans et qui a nécessité trois tours du monde. C'est quelque chose de très fort d'arriver à gagner cette course avec le travail et les gens engagés : l'équipe, le sponsor et la famille…

C'est la plus belle chose que j'ai réussie dans ce sport.

Au quotidien, quelle est ta pratique de la plaisance ?

Je la pratique en famille, avec mes deux enfants. J'ai une caravelle en bois avec laquelle on participe à des petites régates locales ou simplement pour s'amuser dans le sud du Finistère. Quand on a le temps, on part un peu plus loin en bateau pour croisière en famille. On coupe vraiment avec la terre ferme et on se retrouve tous les quatre.

Quelle est ta zone de navigation favorite et celle que tu redoutes ?

Il y en a plein. Il y celle de cœur qui est la baie de Morlaix. J'y ai grandi et j'y ai appris à naviguer. C'est un endroit magique pour ça.

Maintenant, je navigue plus entre Port La forêt et les Glénan. C'est un petit paradis toute l'année. Et dès qu'il fait beau, c'est toujours agréable d'aller profiter de ce coin-là. On peut y aller rapidement en bateau et c'est vraiment sympa.

En ce qui concerne les endroits que je redoute, je n'ai pas suffisamment navigué pour le savoir. J'ai fait plusieurs tours du monde, mais c'est souvent sur le même parcours. Je dirais que ce n'est pas l'endroit qui fait la difficulté ou qui rend le rend austère, mais c'est la météo. Même proche de la Bretagne, quand ça souffle très fort, on n'a pas forcément envie d'être en pleine mer. Je pense que c'est la météo qui va faire que l'endroit est très difficile.

Si tu n'avais pas été skipper, qu'aurais-tu fait ?

Je pense que j'aurai été dans le monde de la course au large, mais plutôt dans la partie ingénierie, bureau d'étude. Ça correspond à mes études et ça m'aurait passionné.

Aujourd'hui, j'ai la chance de le faire parce que j'ai construit des bateaux avec Banque Populaire ou mon ancien sponsor. Je côtoie aux quotidiens des architectes, des ingénieurs, des calculateurs. Je leur apporte mon savoir-faire et ma pratique d'utilisateur du bateau sur lequel je vais naviguer. Ma formation me permet d'échanger plus facilement et je comprends leur discours.

Portrait

Armel le Cléac'h a commencé sa carrière de skipper professionnel en intégrant le circuit Figaro Bénéteau et le Pôle Finistère de Course au large en 1999. ORMA, IMOCA, il s'essaye à différents supports et différentes courses avant d'intégrer le Team Voile Banque Populaire en 2011. D'abord en IMOCA — il remporte le Vendée Globe 2016-2017 — il fera ensuite parler la poudre en maxi trimaran. En attendant la construction de son nouveau bateau, il redécouvre ses premiers amours, le Figaro Bénéteau. Sauf qu'aujourd'hui, il s'agit du N° 3, un voilier à foils qui fait ses débuts en 2019. Il accompagnera ensuite Clarisse Crémer sur sa campagne de Vendée Globe 2020 avant de récupérer son nouvel Ultime, qui sera mis à l'eau à l'hiver de la même année.

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