Interview / Ian Lipinski : "On peut espérer finir sur le podium de cette Transat Jacques Vabre 2019"

Le Class40 Crédit Mutuel de Ian Lipinski © Chloé Torterat

Après trois belles saisons — et de nombreuses victoires — en Classe Mini, Ian Lipinski évolue désormais en Class40, à bord du très novateur Crédit Mutuel, un plan David Raison avec une étonnante étrave scow. Avec une prise en main récente, le skipper qui s'entraine à Lorient espère terminer sur le podium, mais compte surtout valider son bateau.

La classe Mini pour découvrir la course au large

C'est par le biais de croisières en famille et de monitorat dans la célèbre école de voile des Glénans que Ian découvre la voile. Il découvre la compétition en 2012 en participant à son premier circuit Mini à bord d'un bateau de série, un Pogo 2.

Lire "Souvenirs Iodés d'un skipper avec Ian Lipinski"

Malheureusement, pour sa première Mini Transat, il chavire au large du Portugal. Il est obligé d'abandonner son bateau avant d'être secouru par un cargo. En 2014, il fait construire un Ofcet 6,50 et remporte la Transgascogne, mais aussi la Mini Transat dans la catégorie des bateaux de série.

Il décide finalement de passer en proto et acquiert le numéro 865, un prototype dessiné par David Raison en 2014. Au départ de sa 3e Mini Transat, il est invaincu depuis 15 courses. C'est donc tout naturellement qu'il remporte la course et remporte sa 2e Mini Transat d'affilée.

"J'ai fait 3 projets Mini. En 2013, j'ai chaviré, en 2015, j'ai gagné en série et en 2017 j'ai gagné en proto."

Se lancer en Class40 avec un bateau novateur

Depuis un an, il a pu monter un projet de Class40 avec le Crédit Mutuel, qui s'est engagé sur un programme de 4 ans avec la construction d'un bateau neuf.

"Je suis au début d'un super projet grâce au Crédit Mutuel qui me fait confiance. Ils se sont engagés sur un long projet. C'est génial. J'espère être à la hauteur de cette confiance qu'ils ont placée en moi."

Son nouveau bateau est un Class40 — 12,19 m de long — dessiné par le même architecte que son Mini Proto. "Nous avons lancé la construction d'un bateau neuf sur de nouveaux plans de David Raison." C'est un concept de scow avec une étrave très large.

"Puisque ça marchait très fort en Mini, on a décidé de reproduire le même concept en sachant qu'il y avait une limite de jauge." En effet, la jauge des voiliers Class40 limite le volume d'étrave à une largeur maximum de 4,50 m.

On avait déjà pu voir apparaitre sur Crosscall Chamonix Mont-Blanc (ex-Carac) ou Beijaflore (ex-Veddol), deux plans Lombard construits par le chantier Gepeto composite - V1D2 en 2018, ces étraves plus élargies.

"C'est un bateau très différent des autres. Ça suit la tendance, mais on a poussé le concept encore plus loin. C'est un bateau très puissant à l'avant, mais avec une étrave encore plus large et un brion qui sort plus de l'eau. La longueur à la flottaison est courte. L'étrave part en pente douce vers l'arrière du bateau et ne tombe pas directement dans l'eau."

La longueur à la flottaison peut sembler raccourcie, car la carène possède beaucoup de rocker. En effet, elle est très bananée.

Un bateau sain, polyvalent et confortable

Malgré sa récente mise à l'eau — mardi 13 août 2019 — Ian et son équipe ont déjà pu valider le bon comportement marin du bateau. "Le bateau est très sain et très marin. Il marche très fort avec beaucoup de vent et beaucoup de mer. Il se débrouille aussi dans le petit temps. Dans le vent médium, il n'a pas de points forts, mais il n'a pas non plus de points faibles."

Le skipper Crédit Mutuel navigue le plus possible pour préparer et optimiser son bateau avant la Transat Jacques Vabre 2019, qui sera le coup d'envoi d'une grande campagne ayant comme point d'orgue la Route du Rhum 2022.

"On alterne entre la préparation et la navigation. On travaille sur les voiles, le système de relevage des safrans, l'énergie, l'ergonomie et la vie à bord, mais aussi le matelotage, ou l'informatique."

Un bateau conçu pour le gros temps

Quand on interroge Ian sur les points forts de son bateau par rapport aux autres voiliers de la Class40, il répond sans hésitation "Quand il y a beaucoup de vent ! Au-dessus de 20 nœuds on est à l'aise à peu près à toutes les allures. Plus il y a du vent et de la mer, plus on est content."

Le skipper ne tarit pas d'éloge sur le confort de son bateau, qui grâce au concept de scow mouille beaucoup moins. Une caractéristique qu'il appréciait déjà sur son Mini.

"On a réussi à reproduire cette caractéristique empruntée du Mini Scow sur un bateau plus grand, qui normalement devrait mouiller plus. C'est un bateau très vivable et bien pensé avec une ergonomie travaillé. Résultat, il tape peu et mouille peu."

Un excellent marin en tant que coskipper

Sur la Transat Jacques Vabre 2019, Ian naviguera avec Adrien Hardy, dont il était le préparateur lorsqu'il a commencé la course au large. "J'ai travaillé 3 ans pour lui. On est devenus amis et je m'entends très bien avec. C'est un très bon régatier, qui a fait largement fait ses preuves sur le circuit Figaro et avant ça, sur le circuit Mini. C'est un excellent marin, débrouillard, qui sait bricoler. Il a un profil très complet."

Ce profil exhaustif rassure Ian qui vient de prendre en main son bateau. "Ce n'est pas qu'un régatier et c'est un plus sur un bateau neuf où tout est à faire. On sera fort si l'on doit affronter d'éventuels problèmes."

D'autant plus qu'Adrien est aux côtés de Ian, à Lorient, depuis la mise à l'eau pour préparer le bateau. "Il travaille à plein temps avec nous pour se préparer au mieux."

Un plateau avec un haut niveau

S'il se sait en bonne compagnie pour relever le défi de cette Transat Jacques Vabre 2019, Ian sait aussi qu'il aura de sérieux concurrents. "Mes concurrents principaux seront les Mach 3 (NDLR plan Manuard Leyton, Lamotte Module Création ou encore Aïna Enfance et Avenir") et les Lift (NDLR : Plan Lombard Beijaflore et Crosscall Chamonix-Mont Blanc). Se pose aussi l'inconnu du Mach 4 (NDLR : Banque du Léman), mis à l'eau après le nôtre, qui suit un peu la même tendance que le nôtre et que personne n'a encore vu naviguer."

Même si Ian et Adrien ont navigué le plus possible — notamment un parcours de 1 000 milles qualificatif —, les deux skippers comptabilisent moins de milles que les autres participants. Ian se veut néanmoins rassurant sur la capacité du trio — skippers plus bateau. "De ce que l'on a vu aux entrainements, on a de bonnes cartes à jouer à l'avant de la flotte."

Valider le bateau et pourquoi pas finir sur un podium

"Si on arrive à faire un podium, ça sera génial ! Il n'y a pas de raisons. On peut espérer jouer pour être sur le podium. Mais avant tout, l'objectif, c'est de valider le bateau, d'apprendre à le connaitre, de voir les pistes à améliorer pour la saison prochaine."

Malgré une préparation rapide pour préparer la Transat Jacques Vabre, le skipper du Class40 Crédit Mutuel est vraiment "satisfait du résultat compte tenu du temps que l'on a eu. C'est un bateau qui prétendre à arriver sur le podium."

Réagir à cet article
Ajouter un commentaire...