Interview / Que vit Luce Molinier en course ? Sensations et peur...

La course à la voile, ce sont des performances, des palmarès, de la stratégie, de la technologie, bien sûr. Mais aussi de singulières sensations pour les skippers ! Luce Molinier se livre…

Originaire de Montpellier, Luce Molinier, diplômée en génie mécanique à l'Institut national des sciences appliquées (Insa) de Lyon a une vie riche d'expériences. Passant de l'escrime à voile suite à un drame familial, elle a posé ses valises à Lorient il y a 15 ans. De cette attirance pour la voile et la course, elle en fait un livre, « L'océan dans les yeux – Carnet d'une navigatrice en solitaire ». En 2019, à 39 ans, elle est arrivée 5e en double mixte à la Fastnet Race.

La vue

En 2008, ceux qui ont couru la Transgascogne ont payé très cher ! Dans le golfe, il y a eu une remontée des fonds, un vent de 45 à 50 nœuds, des vagues de travers déferlantes avec des creux de trois ou quatre mètres qui couchaient nos 6,50… Et ça a duré quatre ou cinq heures. Le ciel, certes un peu gris, était étonnamment plutôt dégagé. Il y avait même des rayons de soleil qui l'illuminait et lui donnait, à l'horizon, une teinte jaune-orangée en cette fin de journée. La mer, elle, était bien grise, argentée parfois quand le soleil l'atteignait, et blanchie aussi, çà et là, par les crêtes des vagues. Il y avait un contraste impressionnant entre les cieux et les eaux… Ça m'a fait penser à la Méditerranée, d'où je viens : là-bas, on estime qu'avec un tel ciel, beau temps et vent sont assurés pour le lendemain ! À cause de ce que j'avais vécu à l'aller, j'ai bien failli ne pas prendre le départ de l'étape du retour de Gijon à Talmont Saint-Hilaire. J'appréhendais vraiment. À tel point que j'ai douté que la voile soit faite pour moi à ce moment-là… Et puis comme en classe mini, on est encadré lors des courses, je suis repartie, un peu comme une cavalière qui a chuté et qui doit remonter sur son cheval tout de suite ! Bref, au retour, on a eu la même ambiance du point de vue des couleurs et de la lumière. Mais avec des conditions météo, bien plus clémentes, qui n'avaient rien à voir avec l'aller ! Pourtant, comme j'avais été marqué par la première étape, je vous l'avoue, ça m'a stressé… Et d'ailleurs, depuis cette Transgascogne, ces couleurs-là, même si elles sont magnifiques, je m'en méfie toujours.

J'ai un autre souvenir quant à la vue. C'était lors de la ...

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