Jean-Jacques Herbulot, architecte naval précurseur du contreplaqué qui démocratisa la plaisance

Jean-Jacques Herbulot et son célèbre vaurien

Jean-Jacques Herbulot fait partie de ces grands architectes navals qui ont démocratisé la plaisance dans les années 50. Grâce à l'utilisation du contreplaqué, il dessine et fabrique de nombreux voiliers légers et économiques qui ont marqué le monde de la voile.

Un architecte passionné de voile

Né en 1909, Jean-Jacques Herbulot est le père de plus de 68 dessins de voilier, dont certains ont fait les grandes heures de la plaisance : l'Argonaute, le Vaurien, la Caravelle, le Corsaire ou encore le Mousquetaire. Il est d'ailleurs l'une des grandes figures de la démocratisation de la plaisance en France.

Ce fin régatier – sacré plusieurs fois champion de France – participe à de nombreuses reprises aux Jeux Olympiques en Star, en Firely ou encore en 5,50 m JI, de 1932 à 1952. C'est en vacances en Normandie qu'il découvre la navigation et il devient rapidement l'un des meilleurs compétiteurs français. Il intègre d'ailleurs le Cercle de la Voile de Paris, pour qui il construit le premier Sharpie 9 m2, monotype retenu par le CVP.

Diplômé d'architecture de l'École des Beaux-Arts, il devient architecte DPLG en 1930. Tout en participant à de nombreuses régates, il construit ses premiers voiliers, notamment pendant la Seconde Guerre mondiale, où il conçoit avec les moyens du bord son premier bateau, le Dinghy Herbulot 4,50 m, un dériveur inspiré des dinghys anglais de 14 pieds. Il dessine également l'Argonaute, un petit voilier à quille d'initiation utilisé dans les centres de voile.

Le Vaurien
Le Vaurien

La naissance de l'architecte naval

Devenu en 1946 architecte de la ville de Paris, il fait la rencontre de Philippe Vianney, célèbre résistant et fondateur de l'école de voile des Glénans. Ce dernier a récupéré plusieurs exemplaires de l'Argonaute et séduit par l'embarcation, il contacte l'architecte pour lui confier une nouvelle mission : construire un bateau plus grand, simple à utiliser par les débutants et économique à produire et à acheter.

Le Vaurien, premier dériveur à bouchain en contreplaqué (au lieu du bois massif) voit le jour en 1951. Sa longueur fixée à 4,08 m est déterminée par la longueur des feuilles de contreplaqué utilisé pour sa fabrication. Ce dériveur monotype, léger et économique révolutionna la plaisance, pour preuve, il a été construit à plus de 36 000 exemplaires partout dans le monde.

Son 2e grand succès d'après la Libération fut La Caravelle, d'une longueur de 4,60 m, caractérisée par sa marotte (étrave coupée). Conçu initialement comme une prame de servitude pour les pêcheurs, elle est d'abord utilisée aux Glénans comme bateau accompagnateur. Mais ses qualités marines en font un très bon bateau-école, et c'est doté d'un gréement qu'elle deviendra une des stars des écoles de voile des années 1960 à 1990.

La Caravelle
La Caravelle

De l'open à l'habitable

Mais l'architecte naval ne s'arrête pas. En 1953, il dessine son premier voilier habitable, le Corsaire. Ce dériveur d'initiation à la croisière est fin à la barre, performant et étonnamment marin dans la grosse brise. Il est d'ailleurs produit à plus de 3 000 exemplaires. L'architecte a encore une fois fait le choix du contreplaqué pour concevoir son bateau, dont il est le précurseur en France.

Ces trois voiliers seront suivis par de nombreux modèles : le Cap Corse en 1956, la Corvette en 1957, le Maraudeur en 1958, le Cap Vert et le Cap Camarat en 1957, ou encore la série des As en 1962 et 1963 (As de Trèfle, As de Cœur, As de Pique), le Mousquetaire en 1968…

Le Corsaire
Le Corsaire

Architecte, mais aussi maitre voilier

Jean-Jacques Herbulot a plusieurs cordes à son arc. Si son métier consiste à construire des bâtiments, sa passion le pousse à construire des bateaux. Et ce n'est pas sa seule "occupation" nautique puisqu'avant la guerre, l'architecte fabrique ses voiles lui-même, aidé de son épouse Hélène. Il développe également en 1950 un spi à laizes en diagonales qui équipera presque tous les 5,50 M JI des Jeux de Melbourne en 1956, mais aussi le 12 M JI Sceptre, qui participe à la Coupe de l'Amercia de 1958 sous les couleurs anglaises. Une immense voile qu'il fabriquera dans la salle de bal de la marie du 13e arrondissement de Paris aidé par de nombreuses couturières d'ateliers de mode parisien.

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Serge Martinez
Serge Martinez
Merci JEAN! je possède un Vaurien Besnard 12801, pour le moment il tient encore le force 4.
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