Interview / Choisir sa carène, le point de vue de l'architecte naval

Smartboat avec une carène en V © smartboat

Pierre Delion est architecte naval chez Archi-delion et dessine aussi bien des bateaux à moteur que des voiliers, des bateaux de plaisance que des bateaux de travail. Nous lui avons donc demandé comment choisir sa carène de bateau.

Définition d'une carène

La carène est la partie immergée de la coque d'un bateau, ce qui est sous l'eau. On l'appelle aussi "œuvres vives" à contrario de la partie émergée coque, qui se trouve sur l'eau et qu'on peut appeler "œuvres mortes".

Il existe trois grandes familles de carènes :

Même si chacune a des avantages et des inconvénients, il n'y a pas de bonnes ou de mauvaises carènes. Pour choisir sa carène, il est important de définir son programme de navigation à travers un cahier des charges, comme l'explique l'architecte naval Pierre Delion, du cabinet d'architecture navale Archi-delion. Mais d'autres paramètres rentrent en compte.

Comment choisir sa carène ?

"C'est bien de choisir sa carène en fonction de son programme de navigation. Il faut donc définir son cahier des charges au moment de la conception. Mais une bonne carène dépend aussi du centre de gravité du bateau. Le dessin de la forme de coque est dicté par le centre de carène de la coque qui dépend du centre de gravité du bateau. La répartition du volume du dessin de coque est fonction du centre de gravité du bateau. Enfin, l'habitabilité rentre aussi en ligne de compte, car les chantiers cherchent aujourd'hui à gagner un maximum d'espace intérieur. Par exemple sur les carènes planantes, la forme progressive du V est souvent dictée par l'habitabilité.

Chaque chantier a aussi sa propre philosophie en ce qui concerne les carènes. Open, timonier ou cabine. Ces programmes font varier un peu la forme de coque, pour qu'elle soit bien adaptée."

Quelle est la meilleure carène ?

Finalement, il n'y pas de vérité sur quelle est la meilleure carène. On trouve seulement des arguments en fonction des besoins de chacun. Les cabinets d'achitecture navale ont des bases de données sur chaque carène, avec des vitesses, des avantages, des inconvénients… mais ce sont des paramètres plus ou moins importants.

La propulsion fait beaucoup aussi. Aujourd'hui, on fait plus attention à l'efficience des carènes, car le carburant coûte cher. À l'époque, pour combler quelques défauts de carène, on rajoutait quelques chevaux en plus. Maintenant, on fait plus attention à l'équilibre et nous sommes aidés par des logiciels de plus en plus pointus. C'est vraiment caractéristique dans le milieu professionnel, à la pêche comme au commerce... où la qualité de la carène permet de faire des économies d'énergie.

Mais par exemple, pour naviguer sur un lac, pas besoin d'avoir une carène en V. De la même manière, une carène planante n'a pas beaucoup de sens avec un moteur électrique. A l'architecte donc d'adapter la carène au programme...

Verra-t-on d'autres formes de carènes ?

Les carènes peuvent toujours évoluer, on trouve des astuces, des détails. On cherche toujours d'autres pistes avec nos logiciels. On teste, on modifie. Il n'y a pas de formes idéales, car il existe une multitude de programmes de navigation. Personne n'a les mêmes déplacements, les mêmes usages.

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