J'ai testé... / J'ai barré un trimaran Ocean Fifty à 25 noeuds !

© Pierrick Contin

J'ai pris part au convoyage de l'Ocean Fifty Défi Voile Solidaires En Peloton , le trimaran skippé par Thibaut Vauchel Camus. Récit d'une navigation avec des pointes à 30 noeuds devant les calanques méditerranéennes pour rejoindre Toulon, où sera donné le dernier acte du Pro Sailing Tour.

Un convoyage méditerranéen

Après une étape ventée à Gran Canaria, la flotte des Ocean Fifty va s'offrir un dernier run entre Toulon et Brest. Cette navigation hauturière devrait définir le grand vainqueur du Pro Sailing Tour, le championnat des multicoques de 50 pieds. Après avoir fait escale à Marseille durant quelques jours, le trimaran bleu doit rallier Toulon pour rejoindre les autres concurrents sur le lieu de l'épreuve. C'est donc pour ce convoyage d'une cinquantaine de milles que l'équipe de Défi Voile Solidaires En Peloton m'a accueilli à son bord.

Le skipper Thibaut Vauchel-Camus
Le skipper Thibaut Vauchel-Camus

Le skipper, Thibaut Vauchel Camus, est à la barre depuis 2018. Après avoir fait ses armes en catamaran de sport, Thibaut a enchainé les podiums en Class 40 et en Ocean Fifty.

Après avoir envoyé la GV devant le Mucem, point d'entré du vieux port, nous déroulons le gennaker pour nous extirper de la rade marseillaise. Un faible flux d'ouest de 4-5 nœuds nous permet de nous déhaler vers la rade sud, où nous devrions toucher de l'air frais. Après un petit empannage devant le Frioul, je profite de ces instants de calme pour faire le tour de la bête.

Un engin et une équipe incroyables dédiés à une noble cause

Défi Voile Solidaires En Peloton est un trimaran de 15.24 m de long, soit 50 pieds. Il appartient à la classe des Ocean Fifty, qui compte aujourd'hui 7 adhérents. Tous les bateaux de la classe dont des prototypes, mais certains éléments (les foils notamment) sont monotypes, afin de limiter les coûts de fonctionnement.

Ce plan VPLP, qui a été lancé en 2008, possède un grand cockpit ouvert où trônent deux colonnes de moulins à café. Le petit roof abrite l'électronique dédiée à la nav et la minuscule descente, qui permet d'accéder à la coque centrale. L'intérieur est très succinct. Pas de peinture ni d'emmenagements pour économiser du poids.

Les flotteurs sont uniquement accessibles pour des interventions techniques ou des checks de contrôle.

Basé à Saint Malo, l'Ocean Fifty défend une noble cause en portant le nom de la Fondation ARSEP (Aide à la Recherche sur la Sclérose en Plaques), qui cherche à sensibiliser le plus grand nombre à la sclérose en plaques, une maladie auto-immune et incurable.

Exclusivement financée par le Mécénat, l'association bénéficie du formidable travail de Thibaut et son équipe pour récolter des fonds et faire naviguer des patients. Le numéro de voile (100 000 lors de son lancement en 2018), symbolise le nombre de cas diagnostiqués chaque année. Malheureusement, en 2021, le trimaran arbore le numéro 120 000… Preuve que la maladie progresse et que le combat doit continuer !

Un grand coup de pied au derrière !

Avec un déplacement de 3.8 t pour une surface au portant de 270 m2, il en faut peu pour faire avancer ce bel engin. Le flux d'ouest annoncé commence à se faire sentir. Dans une ambiance typiquement méditerranéenne, l'anémo passe de 5 à 15-20 nœuds en quelques minutes. Le trimaran réagit instantanément et décolle pour atteindre les 25 nœuds.

Comme si un grand coup de pied aux fesses faisait partir le multi. Peu habitué à naviguer sur des voiliers aussi nerveux, je m'accroche. La sensation de vitesse est grisante. A bien observer la réaction de l'équipage, je comprends que cette vitesse incroyable n'a rien de dangereux. Le trimaran, bien calé sur son foil et sur cette mer plate, a un comportement hyper sain.

Thibaut prend la barre. Il relance et franchit facilement les 31 nœuds, sans forcer. Le foil sous le vent commence à siffler, les écoutes se mettent en tension, la plateforme s'éveille tout en gardant une grande souplesse pour mieux encaisser les variations de vitesse. Dire que ces formidables engins sont capables d'évoluer à plus de 40 nœuds…

Thibaut me propose de barrer. Bien calé dans le siège bacquet, je savoure. La barre est hyper précise, je m'applique au mieux dans les relances sous gennak. On enchaîne les empannages le long de la côte varoise. Les distances sont plus courtes avec un tel engin.

Le port de Toulon arrive vite. J'aurai bien fait le tour de Porquerolles pour rallonger un peu la distance, juste histoire de profiter un peu plus de ce formidable engin. Nous repartons au près pour entrer dans la rade de Toulon. Thibaut slalome entre les nombreux plaisanciers qui évoluent en cette belle journée d'été avant de venir s'amarer dans la vieille darse de Toulon.

Un retour sur Brest en course

Défi Voile Solidaires En Peloton est le premier trimaran de la classe à arriver à Toulon. Toute la flotte va repartir en course en direction de Brest, puis le trimaran rentrera en chantier sur sa base de Saint Malo, avant de s'aligner au départ de la transat Jacques Vabre en novembre.

Thibaut sera alors secondé par Frédéric Duthil, avec qui il s'était classé 2e de la dernière édition. Autant dire qu'on peut compter sur les deux compères pour occuper les avants postes !

Plus d'articles sur le thème
Réagir à cet article
Ajouter un commentaire...