Restauration de Tio Pekeu, une barque Beneteau des années 60

Laissée à l'abandon dans un jardin du Finistère, cette petite barque a été amoureusement restaurée par sa famille de propriétaires. Aujourd'hui, Tio Pekeu , qui signifie « Petit pêcheur » en patois nordiste, navigue de nouveau au milieu des rochers de la côte des légendes.

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Une des premières barques en polyester du chantier Beneteau

Le Tio Pekeu dans les années 90
Le Tio Pekeu dans les années 90

Sorti du chantier vendéen en 1967, le Tio Pekeu est une version du Gobie, qui a été produit à plusieurs centaines d'exemplaires. D'une longueur de 3m90, cette barque est d'une très grande simplicité. Deux caissons étanches à l'avant et à l'arrière servent à la fois de réserve de flottabilité et d'assise. Un banc en bois en position centrale est réservé au rameur de cette petite barque, qui est homologuée pour un équipage de 3 adultes. Fabriquée en polyester, elle déplace environ 250 kg.

Un bateau utilisé par des marins du dimanche

Basé à Kerlouan dans le Finistère Nord, Tio Pekeu a fait le bonheur de ses propriétaires pendant plusieurs décennies. Dédié à la balade et à la pêche, il est amarré sur le corps mort familial plusieurs semaines par an à la belle saison.

A l'été 2015, le Tio Pekeu commence à présenter des signes de faiblesse. Des fissures apparaissent à la jonction entre la muraille et le tableau arrière, qui fait preuve d'une certaine souplesse. Un échouage nocturne en raison d'un amarrage mal effectué met un terme prématuré à ses navigations estivales.

Mal en point, il est remisé au fond du jardin en attendant des jours meilleurs. Se détériorant davantage à chaque hiver breton, la décision est prise de le refaire naviguer au printemps 2022.

Une longue liste de travaux

Le tableau arrière est composé d'un contreplaqué de 14mm, qui est pris en sandwich par deux couches de stratification, et renforcé par une deuxième feuille de contreplaqué sur la partie arrière.

Un tableau arrière mal en point
Un tableau arrière mal en point

Les deux contreplaqués sont complètement pourris par les infiltrations, et doivent être entièrement remplacés. Le liston a été brisé sur le tiers avant bâbord, les supports de plancher se décollent du fond de la coque, le plancher en contreplaqué est enfoncé à plusieurs endroits et la semelle de quille a disparu suite à l'échouage.

Et Tio Pekeu a mauvaise mine. Ses couleurs sont fades, rongées par les intempéries et le lichen qui pousse sur ses courbes. Il ne s'en rend pas compte, mais il est passé à deux doigts de la découpe.

Un chantier avec vue mer

Ne disposant pas d'un garage ni du budget pour louer un hangar, le chantier est entamé en plein air.

Il faut tout d'abord retirer le CP imbibé d'eau du tableau arrière. La découpe d'une partie de la stratification intérieure qui est fissurée, et le grattage de partie détériorée, laissent apparaitre une coque plutôt saine.

Une nouvelle pièce de CP est insérée, puis plusieurs épaisseurs de tissus sont restratées à l'époxy. Puis la finition est maladroitement assurée par un Gel Coat blanc.

Une deuxième feuille de CP de 10 mm est ajoutée sur la partie extérieure du tableau arrière, comme à l'origine. Une nouvelle plaque de protection est installée au niveau des presse du moteur.

Les supports de planchers assurent aussi une certaine rigidité à la coque. Ils sont restratés à l'époxy. Le plancher, mal en point, est également remplacé par des plaques neuves.

Le corps mort étant dans une zone à échouage, une nouvelle semelle de quille en acier est découpée puis installée.

Une nouvelle peinture et un liseré dans ses couleurs d'origine lui redonnent un nouvel éclat

Un budget réduit

Côté budget, la restauration de Tio Pekeu est revenue à environ 700€. Le prix d'une barque similaire sur le marché de l'occasion est d'environ 1000€. Au vu des heures passées, l'opération n'est pas forcément rentable, mais a permis de conserver un navire plein de souvenirs et adapté au programme local, tout en lui évitant une triste fin sous la pelle du déconstructeur.

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