Spi Ouest-France : l'arrivée de régates handivalides, vue par Hervé Tourneux, médaillé handisport

Pour la 46e édition du Spi Ouest-France Banque Populaire Grand Ouest, un nouveau rond handivalide fait son apparition. Hervé Tourneux, champion de voile handisport, témoigne de son parcours et de ses attentes pour cette épreuve, ouverte pour la première fois aux marins en situation de handicap.

La 46e édition du Spi Ouest-France Banque Populaire Grand Ouest se tiendra du 28 mars au 1er avril à La Trinité-sur-Mer. Pour l'édition 2024, il faut s'attendre à une nouveauté avec l'ajout d'un rond spécialement dédié à la voile handivalide. Hervé Tourneux, figure de la voile handisport, nous livre ses impressions et ses préparatifs pour cette compétition.

Une diversité de compétiteurs attendue

Plus de 400 bateaux participeront aux 5 ronds prévus pour cette 46e édition du Spi-Ouest, parmi lesquels une grande nouveauté est annoncée : l'intégration d'une zone de course dédiée à la voile handivalide. Fruit d'un travail sur l'inclusion mené entre la SNT (Société Nautique de la Trinité-sur-Mer) et la Fédération Française de Voile, cet événement promet donc de réunir une diversité de concurrents sur des supports variés : aux monotypes, sportboats, Mini 6.50, multicoques, croiseurs habitables IRC, et Osiris qui participent traditionnellement, s'ajoute l'idée de ''permettre aux 3 supports handivalides, le Neo 495, le Hansa, et le Mini JI, d'être totalement intégrés", explique Hervé Tourveux, champion de paravoile handisport et multiple médaillé, qui participera au Spi Ouest en série Mini JI, réplique des célèbres class J de la coupe de l'America.

Des supports adaptés handivalides

Âgé de 62 ans, Hervé Tourneux est un jeune retraité breton avide de la navigation. Son parcours en tant que skipper en situation de handicap est un exemple de détermination dans le monde de la voile. Après avoir perdu son bras gauche dans un accident de moto en 1988, il découvre la voile et se lance dans la compétition dans les années 2000. Il souligne : ''Je me suis rapidement tourné vers ce quillard de sport, le Mini Ji, insubmersible et inchavirable, pour son concept particulièrement inclusif d'une pratique miexte entre personnes valides et handicapées. Pour moi, le Mini JI est idéal, contrairement à d'autres bateaux ce support est parfaitement adapté à la navigation avec un bras et sans déplacement. J'ai équipé mon bateau de manière ergonomique pour pouvoir gérer tous les réglages avec une seule main, tout en restant le buste droit et aligné. Pour le reste, je barre avec mes pieds à l'aide d'un palonnier." C'est ainsi qu'il remporte son premier championnat de France handivoile en 2003 avant d'intégrer, de 2006 à 2010, le Pôle France à l'école nationale de voile à St Pierre Quiberon. Depuis, il compte à son actif 17 titres de champion de France Paravoile et 2 titres de champion de France handivalide ; la participation à une épreuve mixte n'est donc pas une nouveauté pour ce féru de challenges nautiques.

En 2004, Hervé Tourneux se tourne vers la pratique du 2.4, un support emblématique de la voile paralympique en France, propulsé par la victoire de Damien Seguin aux Jeux d'Athènes en 2004. Réputé pour être l'un des supports handivalides les plus techniques, il offre des défis stimulants et exigeants aux compétiteurs de ce domaine. Ce n'est donc pas un hasard si Damien Séguin, double champion paralympique et skipper sur Imoca, parrainera ce rond handivalide du Spi Ouest 2024, mettant en lumière l'engagement de cette régate en faveur de l'accessibilité de la pratique de la voile.

Le Neo 495, quillard de sport en double, participera également à ce nouveau rond. Testé en 2023 par Hervé Tourneux lors de la Nations cup à la Ciotat, le bateau ne cesse depuis de l'intéresser, notamment pour sa pratique en double, son concept de navigation handivalide très abouti et ses grandes qualités marines. Pour lui, c'est ''l'ouverture à d'autres possibilités de communication qui entre en jeu''.

Des objectifs clairs et une préparation méthodique

''Naviguer en inter-série me motive énormément," déclare Hervé Tourneux "c'est une opportunité de progresser et de me mesurer à d'autres compétiteurs. De plus, cette régate est un excellent moyen de préparation pour le championnat de France handivalide solitaire et paravoile, prévu du 8 au 11 mai 2024 lors du Grand Prix de l'Ecole Navale de Brest." Avec une expérience de 23 années dans la voile, Hervé Tourneux a appris à structurer ses entraînements. Il navigue régulièrement au départ d'Arradon dans golfe du Morbihan avec ses amis Hervé Gautier, Patrick Dubs, et Fabrice Idier, tous licenciés à la Société des Régates de Vannes.

Ensemble, ils participeront au Spi-Ouest et ont créé, en 2015, l'association Défi Partagé HandiValides, où chacun apporte ses compétences : ''Fabrice en tant que maître voilier et leader incontesté de la série, Hervé en tant que préparateur tacticien de renom, et Patrick en tant que préparateur et expérimenté en équipage''. Cela leur permet de travailler méthodiquement pour progresser, en se concentrant notamment sur l'optimisation du matériel, l'ergonomie, la conception des voiles, et d'autres aspects techniques de la régate.

L'inclusion au cœur de l'événement

Le Spi Ouest-France, c'est aussi une véritable fête populaire à terre, animée par des concerts, des bars, des food-trucks et des stands de commerçants et de partenaires. L'objectif est clair : offrir un événement ouvert à tous tout au long de ces quelques jours. Un moment fort à ne pas manquer : la grande parade qui prendra son départ du port le 30 mars dès 9h15. En tête de cortège, l'Hydroptère.ch, le catamaran prototype à foils de 41 pieds, mis à l'eau en 2010 sur les rives du lac Léman, qui avait jadis établi tous les records de vitesse sur les lacs suisses !

© Loris Von Siebenthal, L'Hydroptere 2.0
© Loris Von Siebenthal, L'Hydroptere 2.0

En intégrant simultanément les compétiteurs valides et ceux en situation de handicap, le Spi Ouest-France s'inscrit dans une démarche résolument inclusive et ouvre de nouvelles perspectives pour l'avenir de ce sport. "C'est une très bonne chose," conclut Hervé Tourneux, "cela montre une ouverture d'esprit pour ces épreuves populaires. On ne parle plus d'un barreur handicapé ou valide, mais de régatiers avides d'en découdre sur les plans d'eau intérieur comme en mer''.

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